Le brief d’une conférence de presse décisive
Au centre de presse de Brazzaville, le 5 septembre, le ministre de la Communication et des Médias, Thierry Lézin Moungoulla, a lancé un appel clair : soutenir la candidature du diplomate Firmin Edouard Matoko au poste de directeur général de l’Unesco. Il a rappelé la responsabilité sociale de la presse congolaise.
Selon lui, Matoko incarne l’expertise « maison » après trente-cinq ans de service à l’organisation. « Votre voix compte pour porter son projet », a-t-il insisté, exposant le calendrier et les atouts du dossier. Les caméras ont capté un appel à l’unité plutôt qu’à la simple promotion.
Firmin Edouard Matoko, trois décennies à l’Unesco
Né à Brazzaville, ancien élève du Lycée Savorgnan de Brazza puis diplômé de relations internationales, Matoko entre à l’Unesco en 1989. Il y gravit les échelons jusqu’au poste d’assistant du directeur général adjoint pour la culture, gérant programmes patrimoniaux et dialogue interculturel.
Ses pairs le décrivent comme négociateur patient, polyglotte et proche des États membres africains. Cette connaissance intime du fonctionnement administratif, budgétaire et politique de l’agence onusienne est présentée comme l’argument massue d’une candidature « prête dès le premier jour », selon le ministre.
Un enjeu diplomatique pour le Congo et l’Afrique
Derrière le profil personnel, le Congo cherche à projeter un leadership continental sur les questions d’éducation, de science et de patrimoine. Une victoire placerait Brazzaville au centre des débats mondiaux sur la fracture numérique, la protection des langues et l’apprentissage tout au long de la vie.
Le gouvernement souligne également l’alignement de la candidature avec l’Agenda 2063 de l’Union africaine et les Objectifs de développement durable. « C’est un projet pour l’avenir de l’Unesco, plus proche des peuples, plus audacieuse », résume M. Moungoulla, prudent mais confiant dans l’issue finale.
Mobilisation des médias nationaux
Pour atteindre cet objectif, la presse nationale est appelée à jouer un rôle d’amplificateur, en relayant articles de fond, entretiens et reportages sur le parcours de Matoko. Les rédactions sont invitées à produire du contenu multiformat, du podcast au direct Facebook, adapté aux audiences jeunes.
Le ministre a rappelé que cette mobilisation demeure compatible avec l’éthique journalistique : « Informer ne signifie pas faire de la propagande, mais exposer des faits, des idées et une vision ». Il a demandé aux rédactions d’éviter la surenchère et de privilégier l’analyse, afin de convaincre les indécis.
Tournée internationale et signaux positifs
Depuis janvier, Firmin Matoko a parcouru plus de quinze capitales, accompagné tour à tour par des émissaires spéciaux et des ambassadeurs africains. Lagos, Djibouti, Libreville, Abidjan ou Pretoria ont réservé, selon Brazzaville, « un accueil chaleureux » et des engagements verbaux de soutien.
Les rencontres bilatérales ont mis l’accent sur la diversification des programmes Unesco en Afrique, notamment le fonds pour l’éducation des filles et la préservation des sites naturels. Les signaux sont positifs, même si le camp congolais reste discret sur le décompte précis des voix déjà acquises.
Dans les couloirs diplomatiques, les devants se gagnent par une visibilité constante. Délégations culturelles, expositions photographiques et conférences universitaires sont intégrées à la tournée pour illustrer concrètement la vision du candidat. « Chaque étape doit laisser une trace tangible », confie un proche conseiller.
Calendrier et règles du scrutin du 6 octobre
L’élection se tiendra le 6 octobre au Conseil exécutif, composé de 58 États membres. Pour l’emporter, un candidat doit recueillir la majorité absolue à bulletin secret. En cas de second tour, les alliances régionales prennent souvent le dessus sur les affinités idéologiques.
La procédure exige un dépôt de programme, des auditions publiques puis des échanges bilatéraux. Matoko insiste sur une gouvernance inclusive, une gestion budgétaire rigoureuse et le renforcement des bureaux de l’Unesco sur le terrain, trois thèmes qu’il a déjà détaillés dans son dossier soumis en avril.
Défis géopolitiques autour de l’Unesco
La compétition intervient dans un contexte de tensions géopolitiques où les organismes multilatéraux sont questionnés sur leur capacité à répondre aux crises éducatives post-COVID et aux conflits culturels. Le diplomate congolais espère fédérer autour d’un multilatéralisme « de proximité », centré sur les besoins des communautés.
Selon des analystes, l’expérience de négociation de Matoko durant la réforme 2017 de l’Unesco constitue un atout, tout comme sa réputation de pragmatisme. Ses partisans affirment qu’il pourrait servir de trait d’union entre grands bailleurs et pays à revenu intermédiaire, souvent sous-représentés.
Optimisme mesuré à Brazzaville
À Brazzaville, l’atmosphère reste confiante mais lucide. « Nous avons la conviction que sa candidature prolongera les idéaux de l’institution », conclut Thierry Lézin Moungoulla. Les rédactions congolaises ont désormais un mois pour transformer cette conviction en dynamique médiatique et, peut-être, en succès historique.
Au-delà du scrutin, Brazzaville envisage déjà un plan d’héritage fondé sur la formation de jeunes experts, afin de créer un vivier national capable d’appuyer l’éventuel directeur général et de faire rayonner les savoirs congolais au sein des agences onusiennes.