Une campagne d’assainissement ambitieuse
Brazzaville a vécu, le quatre octobre, une matinée placée sous le signe du balai et de la pelle. Guidé par le ministre de l’Assainissement urbain, Juste Désiré Mondélé, un convoi gouvernemental a sillonné plusieurs écoles pour lancer la nouvelle offensive nationale en faveur d’enceintes scolaires propres.
L’opération, prévue cinq jours seulement après la rentrée 2025-2026, est menée main dans la main avec Jean-Luc Mouthou, ministre de l’Enseignement général, et Ghislain Thierry Maguessa Ebomé, en charge de l’Enseignement technique. Les trois hommes entendent inscrire durablement la propreté dans l’ADN des écoles congolaises.
Trois établissements pilotes
La première étape a conduit la délégation au lycée Général de la Révolution, véritable institution située au cœur de Moungali. Couloirs nettoyés, herbes coupées, bornes de collecte repeintes : les images fortes diffusées sur les réseaux sociaux ont donné le ton et déclenché une dynamique participative.
Au lycée technique 5 Février 1979 de Mpila puis à l’école primaire 5 Février de Djiri, la même méthode a été appliquée : ramassage des déchets, tri sélectif pilote et sensibilisation éclair dans les classes. Partout les élèves, en uniforme, ont joint le geste à la parole ministérielle.
Responsabiliser élèves et parents
Face aux jeunes, Juste Désiré Mondélé a rappelé que la propreté d’un bâtiment commence par ses occupants. « Bâtir sans entretenir n’a pas de sens », a-t-il lancé, invitant chaque classe à organiser son planning de balayage et à signaler immédiatement toute dégradation des sanitaires ou des murs.
Le message s’adresse aussi aux parents d’élèves, régulièrement conviés aux tontines de propreté instaurées le premier samedi de chaque mois. Selon le ministère, ces rencontres communautaires renforcent le lien école-famille et allègent la charge financière des établissements tout en consolidant les bons réflexes environnementaux à la maison.
Retour aux gestes citoyens du samedi
Revisitant les pratiques d’antan, le ministre a proposé de réhabiliter les séances hebdomadaires de nettoyage autrefois intégrées au programme civique. Balayer la cour, arroser les fleurs et repeindre les bancs serviraient, selon lui, « à former des citoyens responsables, écologiques et fiers de leur patrimoine scolaire ».
Sur le terrain, plusieurs enseignants se disent prêts. « Les élèves apprennent mieux avec des classes propres ; c’est aussi une leçon de vie », confie un professeur de sciences naturelles. Certains syndicats voient même dans cette approche un moyen de renforcer le sentiment d’appartenance et de réduire le vandalisme.
Le soutien des autorités locales
À Djiri, le chef du quartier 901, Marcel Ngneliboulou, s’est joint à l’équipe ministérielle. Il a rappelé qu’une opération similaire se tient déjà chaque premier samedi, mobilisant parents, associations et petits commerçants. « La saleté chasse la maladie », a-t-il résumé, saluant un accompagnement gouvernemental désormais plus visible.
Présent lui aussi, le conseiller municipal Stevy Ekeli a profité de la tribune pour souligner le besoin croissant d’infrastructures scolaires à Djiri, désormais la circonscription la plus peuplée du pays avec près de 500 000 habitants. Il estime que l’élan d’assainissement accélérera également la construction de nouvelles salles de classe.
Une dynamique durable pour la santé publique
Au-delà de l’apparence, les autorités insistent sur l’impact sanitaire. Selon la Direction départementale de la santé, près de 30 % des maladies infantiles recensées à Brazzaville sont liées à un environnement insalubre. Réduire les déchets et améliorer l’accès à l’eau potable devraient donc s’avérer économiquement profitables.
Le ministère de l’Assainissement prévoit d’élargir la campagne à l’ensemble des 12 départements d’ici fin 2026. Un budget spécifique, inscrit dans le programme national de développement, financera latrines écologiques, bacs de tri et sessions de formation des éco-brigades scolaires en collaboration avec des ONG partenaires.
Pour suivre les progrès, une application mobile baptisée « École Propre » sera déployée en phase pilote. Chaque directeur pourra y renseigner photos avant-après et volumes de déchets collectés. Les données agrégées permettront de dresser une cartographie en temps réel des établissements exemplaires et de ceux nécessitant un accompagnement.
Vers une mobilisation nationale continue
Les partenaires du secteur privé, actifs dans le recyclage et la gestion des déchets, sont invités à proposer des solutions innovantes. Des entreprises de télécoms envisagent, par exemple, de parrainer des points Wi-Fi verts afin d’encourager la recherche académique tout en finançant l’entretien des espaces verts des lycées.
Pour Juste Désiré Mondélé, l’engagement de tous est la clé. Prochain objectif : placer un kit de tri dans chaque salle de classe. « Si nos enfants grandissent dans la propreté, ils défendront naturellement des villes propres », affirme-t-il, convaincu que la pédagogie environnementale commence avec un simple balai.
À l’issue de la tournée, une plaque rappelant l’interdiction de jeter des ordures dans l’enceinte de l’école 5 Février a été dévoilée sous les applaudissements. Symbole modeste, mais attendu, d’une volonté collective : faire des établissements congolais des oasis de santé et de citoyenneté pour la jeunesse.
Le calendrier prévoit une évaluation semestrielle, assortie d’un trophée « École la plus propre » remis par le ministère. Ce concours, espèrent les encadreurs, stimulera une saine émulation entre établissements publics et privés sur tout le territoire.
