Un suspense inédit autour de la FECOHAND
Brazzaville retient son souffle. Samedi 16 août 2025, la Fédération congolaise de handball devait renouveler son bureau directeur lors d’un congrès électif attendu par les clubs depuis deux ans. À la veille du scrutin, une requête en suspension pourrait tout bouleverser.
Le dossier, déposé par l’avocat Me Éric Ibouanga au nom du candidat éliminé Avicenne Nzikou, sera examiné par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport, juridiction interne au Comité national olympique et sportif congolais. Son audience matinale décidera du maintien ou non de l’assemblée.
Cette possibilité de report alimente depuis plusieurs jours les conversations des supporteurs, des entraîneurs et des dirigeants, conscients qu’un vide juridique prolongé pèserait sur la préparation des compétitions continentales de 2026. Ils redoutent une scission entre partisans de la continuité et défenseurs d’un coup d’arrêt.
Chronologie d’une bataille procédurale
Tout commence par la sentence rendue le 13 octobre 2024. Ce jour-là, la CCAS avait annulé un premier calendrier électoral, estimant qu’il ne garantissait pas l’égalité de traitement entre candidats. Elle enjoignait au Comité olympique de superviser une nouvelle Commission électorale indépendante, ou CEI.
Le 14 août dernier, la CEI a invalidé la liste conduite par Avicenne Nzikou, invoquant l’absence de certaines pièces administratives. Saisi en référé, le juge sportif a considéré la plainte trop imprécise et a invité le requérant à mieux se pourvoir, sans toutefois clore définitivement le débat.
Dès le lendemain, Me Ibouanga a reformulé sa requête, ciblant cette fois la légalité même de la CEI. Selon lui, l’instance aurait été constituée sans respecter la sentence d’octobre et sans consultation complète des clubs. Il sollicite donc la suspension de l’assemblée jusqu’à décision sur le fond.
Les enjeux sportifs et institutionnels
Au-delà du litige, les experts interrogés rappellent que le handball congolais sort d’une période contrastée. L’équipe nationale masculine a brillé lors des derniers Jeux africains, tandis que les clubs féminins peinent à franchir le cap des quarts de finale continentaux. La gouvernance fédérale apparaît donc déterminante.
« Un bureau fort et légitime assure la continuité des programmes de détection et de formation », insiste l’entraîneur national adjoint François Malonga. Selon lui, un report prolongé retarderait la relance des championnats domestiques, indispensable pour retenir les jeunes talents convoités par les universités étrangères.
De son côté, la direction sortante menée par Sidonie Ngatsé met en avant son bilan. Elle cite la multiplication des stages régionaux, l’obtention d’un partenariat matériel avec un équipementier européen et la rénovation partielle du Palais des sports. « Nous voulons consolider ces acquis dans la stabilité », plaide-t-elle.
Chez les clubs, l’inquiétude porte aussi sur les subventions. Le budget annuel voté par l’Assemblée générale devait être réparti dès septembre afin de financer les déplacements des équipes sur un territoire vaste. Un blocage institutionnel gèlerait ces fonds, avec un impact immédiat sur les formations provinciales.
Point de vue des acteurs du handball congolais
Vendredi soir, la plupart des candidats ont tenu des points presse séparés. Sans attaquer frontalement la procédure, ils ont exhorté la CCAS à « garantir la paix sportive ». Pour Prosper Pinda, ancien pivot des Diables rouges, « une décision claire avant midi rassurerait tout le monde ».
Au sein de la communauté des arbitres, on s’attache surtout à préserver la neutralité des officiels. « Nous attendrons la notification finale avant de sceller les convocations », confie un responsable technique sous couvert d’anonymat. Il rappelle que tout match disputé hors cadre statutaire resterait sans valeur.
Sur les réseaux sociaux, les supporteurs se divisent. Certains jugent la démarche de Me Ibouanga légitime au nom de la transparence. D’autres estiment qu’elle servirait seulement à retarder l’échéance, voire à négocier des postes. Les groupes de supporters envisagent une marche symbolique si l’assemblée est encore reportée.
Scénarios possibles pour le 16 août
Trois scénarios dominent les discussions. Première hypothèse, la CCAS rejette la requête et le congrès se tient dans la foulée. Deuxième option, elle accorde la suspension, obligeant la CEI à revoir sa copie. Enfin, une décision partielle pourrait maintenir la date tout en rouvrant certaines candidatures.
Quelle que soit l’issue, le juge dispose d’une base légale solide pour statuer rapidement. La procédure d’urgence dite « d’heure à heure » lui offre une large latitude quant au lieu et au moment de la décision. Une fois l’ordonnance rendue, aucun recours suspensif n’est prévu.
En attendant, les clubs ont confirmé la présence de leurs délégués, prêts à voter dès que le feu vert sera donné. Le public, lui, scrutera les portes du palais des sports dès l’aube, entre espoir de renouveau et crainte d’un nouveau report. Le résultat fixera le tempo.
Si le vote a lieu, les bulletins seront dépouillés manuellement sous la surveillance d’observateurs indépendants, un dispositif apprécié par les clubs de l’intérieur du pays qui redoutent la fraude électronique.