Départ de Denis Sassou N’Guesso vers Pékin
Dans la lumière matinale du 31 août, l’Airbus présidentiel s’est élevé du tarmac de Maya-Maya, direction Pékin. Au pied de la passerelle, corps constitués et membres du gouvernement ont salué Denis Sassou Nguesso, entamant une mission diplomatique très attendue.
Le chef de l’État répond ainsi à l’invitation officielle de Xi Jinping, formulée pour le 80ᵉ anniversaire de la victoire chinoise contre l’agression japonaise, événement destiné à souligner la contribution asiatique à la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Parmi la vingtaine de dirigeants conviés, le président congolais est l’un des rares représentants africains, un détail que l’entourage qualifie de « signe de confiance » dans la solidité du dialogue politique entre Brazzaville et Pékin.
Défilé du 03 septembre sur la place Tian’anmen
Le 3 septembre, la place Tian’anmen résonnera aux roulements de tambours et aux hymnes militaires. Pékin promet un défilé centré sur les équipements déjà opérationnels, gage de transparence sur la doctrine défensive affichée par le ministère chinois de la Défense.
Missiles Dong Feng-31, avions furtifs J-20, drones et robots quadrupèdes composeront la parade. Les analystes guetteront également une éventuelle entrée en service du porte-avions Fujian, symbole du renouveau naval chinois après deux années d’essais intensifs.
Pour les invités étrangers, cette démonstration se veut autant un hommage mémoriel qu’une vitrine technologique. Le président Sassou Nguesso assistera à la cérémonie depuis la tribune officielle, aux côtés de ses homologues asiatiques, européens et latino-américains.
Selon des historiens chinois, l’anniversaire rappelle également l’apport des forces alliées, dont l’Afrique, au dénouement du conflit mondial. Présence de dirigeants comme Denis Sassou Nguesso renforce cette dimension universelle voulue par le président Xi Jinping.
61 ans de coopération sino-congolaise
Au-delà du protocole, le séjour conforte une relation qui dure depuis soixante-et-un ans. Dès 1964, Brazzaville et Pékin ont établi des échanges marqués par une assistance technique, culturelle et sanitaire, décrite par les deux capitales comme « mutuellement bénéfique ».
Au fil des décennies, la Chine a accompagné la réalisation de projets qualifiés de structurants en République du Congo, tandis que les autorités congolaises expriment régulièrement leur soutien au principe d’une seule Chine sur la scène internationale.
Ce partenariat ancien alimente aujourd’hui de nombreux chantiers d’infrastructures, allant du transport à l’énergie, sans être limité aux seuls volets économiques, affirment des diplomates interrogés à Brazzaville.
Les officiels congolais estiment qu’un dialogue régulier avec Pékin contribue à sécuriser les financements nécessaires à la transformation économique, tout en préservant la souveraineté nationale, argument réitéré lors de chaque session de la commission mixte bilatérale.
Partenariat stratégique global depuis 2016
En 2016, les deux États ont élevé leur coopération au rang de partenariat stratégique global. Derrière cette formule, se dessine une coordination plus étroite sur les questions régionales, la sécurité et la formation, autant d’axes explicitement mentionnés dans les communiqués conjoints.
Pour le ministère congolais des Affaires étrangères, cette étape a renforcé la visibilité du Congo sur la carte des investisseurs asiatiques. « Nous constatons une montée en gamme des projets proposés », souligne un conseiller, évoquant une approche désormais orientée vers la valeur ajoutée locale.
À Pékin, la diplomatie chinoise présente le Congo comme un « partenaire tout temps » en Afrique centrale, une catégorie réservée à un nombre limité d’États avec lesquels la confiance politique est jugée exemplaire.
Un agenda de consultations politiques annuelles est également en discussion, portant sur la gouvernance numérique, la santé publique et la transition énergétique.
Coprésidence congolaise du FOCAC
Sur la scène multilatérale, Brazzaville assume depuis 2021 la coprésidence du Forum sur la Coopération sino-africaine, pour un mandat de trois ans. Ce siège confère à la République du Congo la responsabilité de faciliter le dialogue entre Pékin et l’ensemble du continent.
Le président Sassou Nguesso devrait donc, selon ses proches, profiter de sa présence en Chine pour évaluer l’avancement des engagements pris lors du dernier sommet du FOCAC, notamment en matière de financement du développement durable.
Des sources diplomatiques indiquent que plusieurs séances de travail seraient prévues avec des responsables du ministère chinois du Commerce, afin d’ajuster le suivi des projets régionaux portés par la plateforme Afrique centrale.
Impacts attendus pour le PND 2022-2026
Au-delà des commémorations, le déplacement présidentiel vise à soutenir la mise en œuvre du Plan national de développement 2022-2026. Celui-ci accorde une place centrale aux partenariats public-privé, champ où les conglomérats chinois disposent d’une expérience jugée bénéfique.
Les équipes congolaises espèrent ainsi accélérer la finalisation de certains dossiers déjà inscrits dans la feuille de route, qu’il s’agisse d’extensions portuaires, de réseaux numériques ou de zones industrielles pilotes, autant de projets considérés prioritaires par le gouvernement.
Interrogé avant le décollage, un membre de la délégation confie : « Il s’agit de maintenir la dynamique. Le président souhaite que chaque déplacement à Pékin débouche sur des accords concrets, utiles pour la jeunesse et pour la diversification de l’économie ».