Dialogue Sénat-OMS pour la santé universelle
Le 1er octobre, le président du Sénat, Pierre Ngolo, a reçu en audience le représentant de l’Organisation mondiale de la santé au Congo, le Dr Vincent Dossou Sodjinou. Les deux responsables ont partagé une même ambition : inscrire durablement le principe de santé pour tous dans les politiques publiques nationales.
Selon des témoins présents, l’atmosphère a été à la fois studieuse et constructive. « Nous voulons que chaque Congolais ressente les effets concrets des investissements réalisés », aurait résumé Pierre Ngolo, saluant l’expertise technique de l’OMS et le volontarisme des institutions congolaises.
Une audience axée sur la prévention des épidémies
Au menu des discussions figurait la situation épidémiologique actuelle. Le pays surveille de près le choléra, la variole de singe et le mpox, tout en gardant un œil vigilant sur l’éventualité d’une importation du virus Ebola depuis la RDC voisine, zone de circulation régulière de la maladie.
Le Dr Dossou Sodjinou a souligné l’importance des stratégies de terrain, des alertes communautaires et des couloirs sanitaires frontaliers pour anticiper toute flambée. Il a jugé « encourageants » les dispositifs mis en place par le ministère de la Santé, appuyés par l’OMS, afin de détecter et d’isoler rapidement les cas suspects.
Le budget, levier d’une couverture sanitaire équitable
Très attendu, le volet financier de la coopération a été longuement abordé. Le représentant de l’OMS a sollicité l’appui du Sénat, détenteur du pouvoir de validation budgétaire, pour que la notion de « santé dans toutes les politiques » irrigue l’ensemble des ministères sectoriels.
Concrètement, il s’agit d’intégrer des lignes budgétaires dédiées à la santé dans l’agriculture, l’éducation, l’urbanisme ou les transports, de façon à traiter les déterminants sociaux des maladies. « Une route correctement entretenue facilite l’évacuation d’un patient vers l’hôpital le plus proche », a-t-il illustré.
Les sénateurs, garants du contrôle de l’action gouvernementale, ont affiché leur disponibilité. La démarche s’inscrit dans l’Agenda 2030 des Nations unies, qui préconise une couverture sanitaire universelle reposant sur un financement soutenable et transparent.
Consolider les soins de santé primaires
Le Dr Dossou Sodjinou a salué les progrès réalisés par le Congo dans la construction d’hôpitaux régionaux modernes. Il estime toutefois que la vraie bataille se joue à la base de la pyramide sanitaire : les centres de santé intégrés, maillage de proximité indispensable pour agir vite et bien.
L’objectif est clair : rapprocher les services essentiels des communautés. Cela suppose des CSI dotés de personnels qualifiés, d’équipements diagnostiques fiables et de stocks suffisants de médicaments. « Un cas de diarrhée sévère ne devrait pas parcourir des dizaines de kilomètres avant de recevoir une réhydratation », a-t-il rappelé.
Interconnexion des structures sanitaires
Outre les ressources humaines, les infrastructures routières et numériques demeurent cruciales. Les deux parties plaident pour un réseau de référence et de contre-référence fluide entre CSI, hôpitaux de district et centres universitaires, afin de réduire la mortalité évitable.
Des ambulances adaptées, des routes praticables en saison des pluies et un système d’information sanitaire en temps réel figurent parmi les actions prioritaires évoquées. Cette interconnexion, soutenue par le gouvernement, doit permettre un transfert sécurisé des patients et des données cliniques.
Un représentant de l’OMS déjà à pied d’œuvre
Nommé officiellement le 27 juin, le Dr Vincent Dossou Sodjinou assure la continuité de la coopération entamée sous son intérim. Épidémiologiste de formation, il a déjà accompagné plusieurs campagnes de vaccination et organisé des formations sur la gestion des urgences sanitaires.
Son installation coïncide avec l’accélération des réformes sanitaires au Congo, notamment la modernisation des plateaux techniques hospitaliers et la digitalisation des registres. L’OMS reste, selon ses mots, « prête à fournir une assistance technique sur mesure » afin de consolider les acquis.
Prochaines étapes et attentes citoyennes
Le calendrier d’action prévoit l’actualisation du Plan national de développement sanitaire, assortie d’indicateurs mesurables. Des missions conjointes OMS-Sénat visiteront les CSI pilotes pour évaluer leur fonctionnalité et identifier les besoins supplémentaires en matériel ou en formation.
Dans les quartiers de Brazzaville comme dans les villages du Niari, la population attend une prise en charge plus rapide et moins coûteuse. Les échanges du 1er octobre dessinent une feuille de route réaliste, misant sur une gouvernance inclusive et le renforcement progressif des services de première ligne.