Un signal fort pour la présidentielle 2026
Sous les manguiers bordant la place de Tié-Tié, le préfet Pierre Cebert Ibocko Onangha a donné, le 1er septembre, le coup d’envoi officiel de la révision des listes électorales, étape incontournable avant la présidentielle programmée entre le 17 et le 22 mars 2026.
Derrière la formalité protocolaire, l’opération s’étend en réalité à l’ensemble du territoire national et court jusqu’au 30 octobre, conformément à la décision ministérielle du 8 août. Le ministère de l’Intérieur souhaite créer « un fichier électoral plus fiable et inclusif », selon un proche du dossier.
Calendrier officiel et cadres légaux
La Constitution de 2015 impose que les listes soient actualisées avant chaque scrutin présidentiel. Le décret signé en août précise les délais, l’affichage des centres et les recours possibles. Les commissions locales, mixtes et paritaires, disposent ainsi de soixante jours pour enregistrer, corriger ou radier.
À Pointe-Noire, les autorités rappellent que l’inscription reste gratuite. Toute personne âgée d’au moins dix-huit ans le jour du scrutin peut présenter sa carte nationale d’identité ou son acte de naissance pour s’enrôler, y compris les militaires et étudiants résidents.
Organisation sur le terrain à Pointe-Noire
Dans le troisième arrondissement, quarante agents recenseurs ont été déployés, équipés de tablettes, imprimantes thermiques et groupes électrogènes de secours. « La connexion 4G est essentielle pour synchroniser les données vers le serveur central », explique un technicien, test à l’appui devant la presse locale.
Le préfet et sa délégation ont ensuite inspecté la mairie de Mvou-Mvou afin de s’assurer que les registres papier concordent avec les listes numériques. Le double support doit prévenir les litiges si une panne survient, rappellent les responsables informatiques.
À Tié-Tié, l’affluence s’est accrue dès l’aube. Des bancs ont été disposés sous un auvent pour abriter les seniors. « Nous traitons d’abord les personnes vulnérables », souligne la coordinatrice du centre, convaincue que ce détail logistique fluidifie la file.
Mobilisation citoyenne et discours des autorités
Face aux caméras, Pierre Cebert Ibocko Onangha a insisté sur la « responsabilité partagée » entre administration et électeurs. Il a invité chaque habitant à vérifier son nom, corriger une éventuelle erreur d’orthographe et signaler tout changement d’adresse pour garantir « un vote sans contestation ».
La maire de Pointe-Noire, Evelyne Tchichelle, a repris le même message, rappelant que l’implication populaire conditionne le succès du scrutin. « Voter commence ici, dans les centres d’enrôlement », a-t-elle déclaré devant des étudiantes venues s’inscrire après leurs cours.
Dans plusieurs quartiers, des bénévoles de la société civile distribuent des dépliants sur les procédures. Mireille, infirmière, confie qu’elle profite de ses repos pour « orienter les primo-votants, souvent perdus entre certificat de résidence et justificatif d’identité ». Cette pédagogie apaise les tensions.
Rôle des partis politiques
Les formations politiques ont reçu des accréditations pour suivre chaque étape. Le Parti congolais du travail, l’Union panafricaine pour la démocratie sociale ou encore des listes indépendantes délèguent des observateurs, censés signaler immédiatement toute irrégularité et sensibiliser leurs militants à la vérification des noms.
À ce stade, aucun incident majeur n’a été relaté. Les représentants locaux parlent d’un climat « calme et constructif ». L’administration, de son côté, rappelle que toute contestation doit passer par la commission de recours, ouverte jusqu’à trois jours après la clôture.
Enjeux logistiques et innovations
Le gouvernement expérimente cette année un système de géolocalisation des bureaux grâce aux coordonnées GPS. Les équipes, munies de smartphones sécurisés, pointent la position exacte pour éviter les doublons et faciliter l’orientation des électeurs. La cartographie sera publiée sur le portail officiel avant fin septembre.
Parallèlement, un centre d’appels gratuit, accessible en lingala, kituba et français, renseigne sur les horaires et documents requis. Les opérateurs reçoivent déjà près de deux cents appels quotidiens, signe, selon eux, d’un intérêt croissant pour le processus électoral numérique.
Ce que révèle l’affluence des électeurs
Les premiers chiffres, encore provisoires, indiquent une légère hausse des réinscriptions des jeunes de dix-huit à vingt-cinq ans. Les universitaires interrogés évoquent « l’importance de se faire entendre » dans le contexte économique post-pandémie et des perspectives d’emploi toujours incertaines.
À l’inverse, certains retraités redoutent la procédure numérique et se montrent hésitants. Les chefs de quartier organisent donc des sessions de démonstration avec projection d’écran. « Personne ne doit rester en marge à cause de la technologie », répète un animateur communautaire applaudi par la foule.
Cap sur mars 2026
Le calendrier électoral prévoit désormais la publication de la liste provisoire en novembre, puis de la liste définitive en janvier 2025, après arbitrage éventuel de la Cour constitutionnelle. Les candidats disposeront alors d’un an pour affiner leurs programmes et parcourir le pays.
D’ici là, Préfecture, mairie et société civile promettent de poursuivre la sensibilisation. L’objectif, résume le préfet, est « qu’aucun citoyen éligible ne soit exclu le jour du vote ». Un défi logistique et démocratique que Pointe-Noire veut relever sans heurts.
Regards d’experts sur la participation
Pour le politologue Armand Mabiala, la révision des listes « constitue le thermomètre de la confiance institutionnelle ». Selon lui, un taux d’inscription élevé facilitera « un débat présidentiel axé sur les programmes plutôt que sur la légitimité ».