Un démarrage observé de près
Dès sept heures, le Lycée technique 1er Mai, dans l’arrondissement Bacongo, a accueilli la délégation conjointe de Jean-Luc Mouthou et Ghislain Thierry Maguessa-Ebomé. Dans les ateliers de mécanique, le tintement des outils contrastait avec l’atmosphère encore calme des salles de classe.
Les deux membres du gouvernement, accompagnés de Louis Bakabadio, conseiller spécial chargé de l’éducation à la Présidence, ont insisté sur la symbolique de leur présence. « Nous voulons montrer que l’année commence tout de suite, pas dans une semaine », a glissé le ministre de l’enseignement technique lors d’un bref échange avec les élèves.
Après Bacongo, la délégation s’est rendue au Lycée de la Révolution, à Ouenzé. Ici, les couloirs peints aux couleurs nationales arboraient déjà les affiches des clubs scientifiques ; signe, selon le proviseur, de « l’envie de se remettre au travail sans tarder ».
Présence encore timide des élèves
Malgré l’enthousiasme officiel, les salles n’affichaient pas toutes leur effectif complet. À Ouenzé, seules dix-sept des trente-deux classes visitées comptaient plus de la moitié des inscrits. Les enseignants ont improvisé des révisions pour occuper ceux déjà présents.
Plusieurs parents, rencontrés devant le portail, expliquent attendre le lundi 6 octobre pour envoyer leurs enfants. « Les listes définitives ne sont pas encore sorties, et nous finissons d’acheter les manuels », confie une mère, tenancière de boutique au marché du Plateau.
Pour Jean-Luc Mouthou, ce léger décalage ne remet pas en cause la dynamique. « Traditionnellement, la première semaine sert d’ajustement. L’important est que les tableaux, les craies et l’énergie des professeurs soient au rendez-vous », assure-t-il.
Objectif : résultats remarquables
Dans chaque salle, le ministre de l’enseignement général a répété le même mot d’ordre : discipline. S’adressant aux élèves, il a martelé que « les meilleurs succès naissent d’un effort quotidien, pas de la veille des examens ».
Le calendrier officiel prévoit neuf mois de cours effectifs, jalonnés de trois périodes d’évaluation intermédiaire. Les directions académiques ambitionnent de porter le taux de réussite au baccalauréat général à 42 %, contre 39 % en 2024.
Un engagement partagé par les partenaires syndicaux. Prosper Miabonzi, délégué d’un syndicat d’enseignants présent lors de la visite, estime que « la communication précoce sur les objectifs évite les malentendus et renforce la cohésion autour du programme ».
Le défi du matériel scolaire
Dans plusieurs établissements, l’équipement reste un sujet central. Au Lycée technique 1er Mai, la section électronique fonctionne avec des oscilloscope datés de près de vingt ans. Le ministre Maguessa-Ebomé a promis l’arrivée d’un lot de matériels rénovés avant décembre.
Les fournitures de base, elles, demeurent à la charge des familles. Pour un élève de terminale scientifique, le panier de rentrée est estimé à 38 000 francs CFA, selon une association de parents. Une dépense qui, pour certains ménages, nécessite de fractionner les achats.
Le gouvernement mise sur le partenariat public-privé. Une société de télécommunication a déjà annoncé le don de 5 000 kits scolaires, tandis qu’une banque locale parrainera la réfection de dix salles informatiques dans la capitale.
Partenariats et financements
Au-delà des dons ponctuels, la stratégie financière repose aussi sur l’appui des bailleurs internationaux. La Banque mondiale soutient un programme d’amélioration des compétences numériques, doté de 40 millions de dollars, dont le déploiement commencera cette année dans douze lycées pilotes.
Le ministre Mouthou salue cet appui tout en rappelant la place stratégique des collectivités. Les conseils départementaux sont invités à réserver 15 % de leur budget d’investissement aux infrastructures scolaires, notamment pour la construction de latrines séparées et de clôtures de sécurité.
Pour garantir la transparence, un tableau de bord en ligne, administré par le ministère, publiera chaque trimestre l’état d’avancement des chantiers et l’usage des crédits. « Nous voulons que chaque citoyen voie où va le franc public », souligne Louis Bakabadio.
Perspectives pour l’année 2025-2026
Avec environ 1,4 million d’élèves répartis dans près de 4 000 établissements, le système éducatif congolais aborde un tournant. Les réformes curriculaires entamées en 2023 arrivent à leur dernière phase, notamment l’introduction des modules sur l’économie verte en cycle secondaire.
La formation continue des enseignants reste un axe prioritaire. Dès novembre, un millier de professeurs suivront une session hybride consacrée aux pédagogies actives. Les cours, assurés en partenariat avec l’Université Marien-Ngouabi, seront diffusés en direct sur une plateforme dédiée.
En clôturant sa visite, Jean-Luc Mouthou a esquissé l’ambition globale : « Faire de nos écoles des espaces d’excellence et d’épanouissement, afin que chaque élève, où qu’il se trouve, puisse rêver grand et bâtir l’avenir du Congo. »