Campagne nationale de sécurité routière
La Direction générale des transports terrestres vient de franchir un cap décisif en réunissant, du 24 au 25 septembre 2025 à Brazzaville, policiers, gendarmes et cadres techniques autour d’une initiation intensive aux radars mobiles, ces appareils appelés à réduire sensiblement la mortalité routière nationale.
Le programme, soutenu par le ministère en charge des Transports, s’inscrit dans une stratégie gouvernementale plus large visant à moderniser les outils de contrôle et à instaurer, sur l’ensemble du territoire, une culture durable de respect du code de la route et de responsabilité collective.
Enjeux de la modernisation du contrôle
Pour lancer la session, le directeur général Atali Mopaya a rappelé que deux premiers radars mobiles, fraîchement acquis, seront affectés aux Forces de sécurité intérieure dès la fin de la formation, ouvrant ainsi la voie à un déploiement progressif dans les principales agglomérations.
L’entreprise allemande Jenoptik, mondialement connue pour ses dispositifs de détection, a dépêché trois ingénieurs francophones chargés d’expliquer le fonctionnement, l’entretien et la calibration des équipements, mais aussi d’échanger sur les meilleures pratiques observées en Europe en matière de contrôle de la vitesse automobile.
Une montée en compétences stratégique
Les stagiaires ont alterné cours théoriques en salle et exercices pratiques sur la voie publique, notamment sur la route nationale 1, afin de maîtriser le réglage des flashes haute intensité et l’interprétation des mesures radar, même dans un trafic dense ou par météo capricieuse.
Selon Atali Mopaya, cette montée en compétences constitue la première étape d’un cycle « qui s’étendra à d’autres capitales départementales dès que le parc d’appareils grandira », a-t-il affirmé, appelant les partenaires publics et privés à soutenir l’effort financier engagé par l’État.
Partenariats publics-privés renforcés
Le directeur général adjoint de La Congolaise des frets, Paul Eric Sahly, a souligné de son côté que le partenariat logistique noué avec Jenoptik « permet de sécuriser toute la chaîne d’approvisionnement, depuis la commande des radars jusqu’à leur livraison sur le terrain ».
Dans la cour de l’École nationale de police, les démonstrations ont retenu l’attention du capitaine Jean-Bernard Sandé, commandant de l’Unité territoriale de circulation routière, convaincu que « le voyant rouge du radar aura un effet pédagogique immédiat sur les conducteurs les plus pressés ».
Impact sur la discipline et la prévention
Cette dimension éducative est centrale : en affichant en temps réel la vitesse captée, l’appareil rappelle au conducteur la limite autorisée et, le cas échéant, fournit la preuve irréfutable d’un excès, facilitant ainsi la verbalisation électronique désormais pratiquée par la gendarmerie.
Les responsables de la DGTT espèrent également que ces radars décourageront la corruption liée à la circulation, en instaurant un mode de contrôle automatisé où la marge d’interprétation humaine est réduite, et où chaque infraction est horodatée, photographiée et immédiatement transmise à la base.
Données clés sur les accidents au Congo
D’un point de vue statistique, le Congo enregistre chaque année environ mille accidents corporels, dont un quart est imputé à la vitesse excessive, selon les données consolidées par l’Observatoire national de la sécurité routière ; la modernisation du contrôle est donc perçue comme un levier majeur.
Au-delà de la réduction attendue des sinistres, l’introduction des radars mobiles pourrait générer des recettes additionnelles grâce aux amendes, fonds que le ministère envisage de réaffecter à l’entretien des infrastructures et à de nouvelles campagnes de sensibilisation ciblant les mototaxis et les véhicules de transport collectif.
Bénéfices économiques et écologiques
L’impact écologique n’est pas négligé : en freinant les pointes de vitesse, les autorités espèrent réduire la consommation de carburant et, par ricochet, les émissions de CO₂, un argument supplémentaire mis en avant lors de la récente Semaine congolaise du développement durable.
Les membres de la société civile, notamment l’Association des victimes d’accidents de la route, saluent l’initiative mais insistent sur l’importance de la maintenance régulière des radars, pour éviter les dérives de calibrage susceptibles de décrédibiliser les poursuites judiciaires.
Garanties techniques et déploiement ciblé
Interrogé sur ce point, l’ingénieur chef de Jenoptik assure qu’un programme annuel de vérification est inclus dans le contrat, avec transfert de compétences vers les techniciens locaux ; une clause qui, selon lui, garantit l’autonomie du Congo dans la gestion future de son parc.
À court terme, deux axes sont ciblés : l’avenue de l’Aérodrome à Brazzaville et la route nationale reliant Pointe-Noire à Loango, où la densité du trafic combinée à la vitesse moyenne élevée justifie la présence d’un dispositif mobile d’alerte et de sanction.
Vers une extension progressive
Si les indicateurs d’accidents évoluent favorablement, une nouvelle commande d’au moins huit radars est annoncée pour 2026, consolidant ainsi la volonté du gouvernement de faire de la sécurité routière un pilier de la modernisation des transports et de la qualité de vie urbaine.
Le pari est lancé : radars en main, la route congolaise se veut plus sûre.