Le calendrier électoral interne du P.a.r
Dévoilé à la fin d’un congrès extraordinaire tenu fin juin 2025, le calendrier des primaires du Parti pour l’Action de la République (P.a.r) marque une étape cruciale avant la présidentielle de mars 2026. Les militants s’y préparent avec un mélange d’enthousiasme et de prudence stratégique.
Le parti, fondé et dirigé par l’opposant Anguios Nganguia Engambé, doit désigner son champion lors d’un scrutin interne prévu le 25 novembre 2025. Pour l’état-major, cette procédure illustre une culture démocratique interne tournée vers la transparence et la légitimité de la future candidature.
En fixant dès maintenant un cadre précis, le Secrétariat général souhaite également mobiliser les sections départementales et la diaspora. «Nous voulons un processus irréprochable, respectueux du droit national», souligne la secrétaire générale Jessica Prismelle Ognangué, jointe par téléphone depuis son bureau de la capitale.
Candidatures et exigences administratives
Les aspirants ont jusqu’au 5 novembre 2025 pour déposer leurs dossiers au siège national, situé au 117 Bis, boulevard Denis Sassou-Nguesso. Les pièces requises incluent un programme succinct, un curriculum vitae politique, ainsi qu’un engagement de respect de la discipline partisane pendant et après la primaire.
La section en charge de l’arbitrage examinera l’éligibilité de chaque document. Une caution non remboursable, fixée symboliquement à cent mille francs CFA, entend filtrer les candidatures fantaisistes sans créer d’obstacle majeur, explique un membre du comité, préférant l’anonymat pour évoquer des discussions internes encore sensibles.
Pour les cadres vivant à l’étranger, un canal numérique sécurisé a été ouvert. Les dossiers scannés seront authentifiés par le consulat le plus proche avant d’être transmis à Brazzaville. Cette innovation, saluée par plusieurs universitaires, témoigne d’une volonté d’inclure pleinement la diaspora politique congolaise.
Un parti d’opposition structuré et ambitieux
Depuis sa création en 2014, le P.a.r s’est forgé une réputation de parti méthodique, préférant l’organisation aux effets d’annonce. Ses statuts prévoient l’élection primaire dès que la présidentielle est convoquée, afin de présenter un visage uni et programmatique auprès des électeurs urbains et ruraux.
Le président-fondateur, Anguios Nganguia Engambé, a réaffirmé qu’il respectera l’issue du vote interne, qu’il soit candidat ou simple soutien. «Seule l’adhésion populaire décidera», a-t-il déclaré lors d’un point de presse, rappelant son engagement à une alternance pacifique, conforme aux institutions de la République.
Le parti revendique aujourd’hui environ cent mille adhérents, répartis dans les douze départements. Bien que les chiffres soient difficiles à vérifier de manière indépendante, des observateurs notent une progression sensible des implantations locales, notamment à Impfondo et Pointe-Noire, grâce à des cellules jeunes devenues très actives.
Impacts sur l’échiquier politique national
Au-delà de la compétition interne, cette primaire pourrait influencer la dynamique politique nationale. Le paysage électoral congolais est marqué par une pluralité de formations, mais seules celles disposant d’une base structurée parviennent généralement à cristalliser un vote identifiable lors du premier tour de la présidentielle.
Selon le politologue Jean-Baptiste Okana, cette démarche «met la pression sur toutes les organisations qui se contentent souvent d’accords de sommet». Il estime que la transparence interne peut renforcer la crédibilité d’une candidature et pousser d’autres partis à moderniser leurs procédures de sélection.
De son côté, la Commission nationale électorale indépendante prendra acte, en temps voulu, du vainqueur de la primaire. Des sources au sein de l’institution rappellent que les délais officiels pour le dépôt des candidatures présidentielles seront publiés après concertation avec le gouvernement, conformément au chronogramme constitutionnel.
Les partisans du P.a.r espèrent capitaliser sur un électorat jeune, habitué aux réseaux sociaux. Des campagnes numériques ciblées seront lancées dès décembre, assure le responsable communication. Objectif affiché: relier les préoccupations quotidiennes, comme l’emploi et l’accès à l’eau, à des propositions budgétaires chiffrées.
Regards d’experts et prochaines échéances
Pour l’économiste Clémence Louzolo, une primaire structurée offre aussi un observatoire inédit de la gouvernance interne des partis. «Les électeurs veulent des programmes, mais ils veulent d’abord voir comment on les élabore», analyse-t-elle, pointant la corrélation entre processus participatif et confiance citoyenne.
À ce stade, aucune alliance formelle n’est annoncée avec d’autres formations politiques. Toutefois, des rencontres informelles ont déjà eu lieu, notamment avec le Mouvement républicain des citoyens, en vue d’explorer des convergences programmatique autour du développement agricole et de la formation professionnelle.
Avant le 25 novembre, le parti prévoit une série de débats publics retransmis en direct. Ils permettront aux prétendants de confronter leurs visions, tandis que la direction promet un modérateur indépendant. Les analystes observeront la capacité du P.a.r à maintenir l’unité malgré une compétition annoncée serrée.
Logistiquement, une application mobile interne est en phase de test pour permettre le vote des délégués éloignés. Ce système, couplé à une base de données cryptée, a été développé par une start-up locale. Il doit être audité par deux experts indépendants avant validation officielle.
La direction espère ainsi démontrer qu’un vote numérique fiable est possible, réduisant coûts logistiques et risques d’irrégularités.