Une déclaration publiée à Brazzaville
Vendredi 5 septembre 2025, les présidents des six partis réunis au sein du Rassemblement des forces du changement ont publié à Brazzaville une déclaration très attendue au sujet de la présidentielle de mars 2026, largement partagée quelques minutes plus tard sur les réseaux sociaux.
Le mouvement, qui se définit comme « opposition au pouvoir », conditionne sa participation au scrutin à la refonte totale du fichier électoral et à l’introduction de la biométrie, mesures qu’il juge indispensables pour « garantir transparence et crédibilité ».
Des leaders unis autour de la biométrie
La déclaration, lue par Marcel Guitoukoulou, président du Congrès du peuple, critique la gouvernance électorale actuelle mais affirme vouloir œuvrer « dans un cadre pacifique » afin que « chaque voix soit comptée » en mars prochain.
Les signataires, Clément Miérassa, Jean-Jacques Serge Yhomby-Opango, Jean-Pierre Ognangoye, Christian Cyr Rodrigue Mayanda et Jean-Paul Ebenga, appellent leurs militants à rester mobilisés tout en privilégiant la voie institutionnelle pour obtenir les réformes sollicitées.
Selon le R.f.c, la biométrie permettrait d’éviter les doublons, de sécuriser la délivrance des cartes d’électeur et de rassurer la communauté nationale sur l’intégrité des résultats.
La plateforme politique propose également un recensement administratif spécial, mené de manière consensuelle, afin de constituer un corps électoral « fiable et non sujet à caution ».
Treize conditions pour une présidentielle apaisée
Outre l’aspect technique, le communiqué insiste sur la nécessité d’un dialogue inclusif réunissant pouvoir, opposition, société civile et confessions religieuses pour « décrisper le climat politique » avant l’ouverture officielle de la campagne.
Les dirigeants du R.f.c estiment qu’un « compromis historique » reste possible si chaque acteur accepte d’écouter l’autre et de rechercher un terrain d’entente autour des règles du jeu électoral.
Au total, treize propositions structurent la plateforme, allant de la publication anticipée du calendrier électoral à la présence d’observateurs nationaux et internationaux, en passant par la sécurisation du matériel de vote.
Chaque point, soulignent les signataires, a pour objectif d’aboutir à « une élection libre, transparente, démocratique, crédible et apaisée », condition préalable selon eux pour tourner la page des contestations post-électorales.
Appel à la paix et vigilance citoyenne
« Nous sommes prêts à nous engager résolument dans un processus démocratique pacifique et transparent », déclare Marcel Guitoukoulou, avant d’ajouter que son regroupement « ne cautionnera jamais un simulacre d’élection organisé dans l’opacité et l’exclusion ».
Aucun communiqué officiel n’a, pour l’heure, été rendu public à ce sujet, laissant ouverte la possibilité de prochains échanges entre les différentes parties prenantes.
L’opinion, très active sur les plateformes numériques, a rapidement relayé les treize points, certains internautes saluant une démarche jugée « responsable », d’autres s’interrogeant sur la faisabilité technique de la biométrie dans un délai aussi court.
Le R.f.c affirme, pour sa part, qu’une expertise internationale existe et qu’un déploiement progressif, département par département, reste envisageable d’ici à la fin de l’année 2025.
Perspectives institutionnelles
Les partis membres soulignent enfin que la paix civile constitue leur « priorité absolue » et qu’ils récuseront toute forme de violence, insistant sur le rôle central des institutions républicaines dans le règlement des différends électoraux.
Si les discussions aboutissent, l’élection de mars 2026 pourrait devenir, selon eux, « un tournant décisif » offrant la possibilité d’une alternance démocratique, mais aussi d’un renforcement durable de la cohésion nationale.
Dans l’immédiat, les regards restent tournés vers la Commission électorale et les ministères concernés, à qui reviendra la tâche délicate d’examiner les propositions de la plateforme au regard des échéances déjà annoncées.
Tandis que l’année préélectorale s’installe, l’opposition assure qu’elle poursuivra ses consultations internes, tandis que la société civile scrute la moindre évolution, consciente que la qualité du processus électoral façonnera durablement la confiance collective.
Arguments complémentaires du R.f.c
Les porte-parole du R.f.c affirment que la question de la biométrie avait déjà émergé lors de consultations antérieures, sans être adoptée, et qu’il serait « opportun », disent-ils, de franchir enfin le pas « pour aligner le pays sur les standards modernes ».
Le mémorandum invite en outre les autorités à mobiliser les ressources jugées nécessaires, estimant qu’« un investissement préventif coûtera toujours moins cher qu’une crise post-électorale ».
Pour éviter toute tension inutile, les six présidents appellent leurs sympathisants à s’abstenir de toute provocation et à s’en remettre « aux mécanismes constitutionnels », rappelant les heures sombres que le pays a traversées par le passé.
Les responsables politiques affirment que la réussite du dialogue passe par l’implication de « toutes les forces vives de la Nation », expression qui englobe, selon eux, les jeunes, les femmes, les diasporas et les acteurs économiques souvent tenus à l’écart des discussions institutionnelles.
« Il ne suffit pas de voter, il faut comprendre le processus », insiste Clément Miérassa, évoquant la nécessité d’un programme d’éducation civique concomitant à la refonte, afin de « réduire les suspicions et garantir la participation de tous les citoyens ».