Un appel au calme salué
Au cours de la clôture de la sixième session ordinaire, le président du Sénat Pierre Ngolo a exhorté, le 13 août, l’ensemble des institutions à préserver la stabilité politique à l’approche de la présidentielle de 2026, évoquant « le droit inaliénable du peuple à l’arbitrage final ».
Le message, relayé sur les radios communautaires, a trouvé un écho positif chez plusieurs organisations citoyennes qui craignent que les réseaux sociaux attisent les tensions. « Les mots du Sénat rappellent que la rue n’est pas un tribunal », souligne Huguette Mombo, juriste au Centre d’études politiques.
Transparence électorale au cœur des débats
Dans l’hémicycle, la question de la transparence électorale a dominé les échanges. Les sénateurs plaident pour une révision anticipée des listes, un encadrement rigoureux du financement des partis et une formation accrue des agents de bureaux de vote afin de « conforter la confiance du citoyen ».
Plusieurs élus envisagent de proposer l’usage expérimental du vote électronique dans certaines communes urbaines, à condition que l’audit des systèmes soit certifié par des experts congolais et étrangers. L’idée, encore en discussion, vise à réduire les litiges tout en modernisant l’image du processus démocratique.
Le gouvernement, de son côté, réaffirme son engagement à garantir le financement de la Commission électorale indépendante. Selon une source au ministère de l’Intérieur, un budget prévisionnel serait déjà inscrit dans la loi de finances rectificative afin d’acquérir du matériel sécurisé et d’intensifier la sensibilisation.
Diplomatie parlementaire renforcée
La session a également mis en lumière la diplomatie parlementaire. En juillet, une délégation sénatoriale a défilé à Paris lors de la Fête nationale française, consolidant une relation historique et offrant au Congo une tribune internationale pour rappeler son attachement au multilatéralisme et au dialogue francophone.
Pierre Ngolo a salué les « passerelles créées avec les institutions sœurs » lors de la 50ᵉ Assemblée parlementaire de la Francophonie. Pour le politologue Alain Mabiala, ces échanges permettent d’anticiper les crises régionales tout en nourrissant la réflexion sur la réforme des institutions nationales.
Réformes économiques adoptées
Au total, vingt-quatre affaires ont été approuvées durant la session, dont plusieurs contrats de partage de production pétrolière. Les sénateurs estiment que ces accords ouvriront la voie à de nouveaux investissements alors que la production connaît une légère érosion depuis deux ans.
Parmi les textes phares figure la création de l’Agence congolaise pour la transformation de l’économie informelle. L’institution devra accompagner les petits commerces vers la bancarisation et la formalisation, étape jugée cruciale pour élargir l’assiette fiscale et améliorer la traçabilité des flux.
Deux nouveaux hôpitaux généraux à Ouesso et Sibiti ont également reçu le feu vert du Sénat. Les travaux, financés en partie par des partenaires asiatiques, devraient commencer début 2024 et renforcer une offre de soins encore inégale entre le littoral et l’hinterland.
Budget 2026 : cap sur la rigueur
Les sénateurs ont débattu du cadre budgétaire à moyen terme avant la présidentielle. Parmi les recommandations figure l’interdiction des exonérations fiscales abusives, considérées comme un manque à gagner significatif. « Chaque franc épargné servira à financer un service public essentiel », martèle le rapporteur général.
La Chambre haute a par ailleurs insisté sur l’amélioration de la collecte douanière via la digitalisation complète des procédures portuaires. Selon le ministère des Finances, près de 30 milliards de francs CFA pourraient être mobilisés annuellement si les pertes dues à la fraude étaient réduites de moitié.
En filigrane, l’objectif est de crédibiliser la trajectoire budgétaire présentée au Fonds monétaire international. La discipline prônée, associée aux réformes structurelles déjà votées, pourrait conforter la note souveraine du pays et ainsi abaisser le coût de ses futurs emprunts.
Regards des jeunes électeurs
Dans les campus brazzavillois, les étudiants suivent de près ces annonces. Pour Grâce Opango, 22 ans, la stabilité politique « permettra d’abord aux entreprises de recruter ». Elle espère surtout que les nouvelles agences publiques réserveront des stages rémunérés susceptibles d’offrir des perspectives dans le pays.
Plusieurs associations de jeunesse envisagent déjà des ateliers d’éducation civique pour encourager une participation apaisée aux scrutins. « La violence verbale en ligne doit cesser », plaide Désiré Bongho, coordinateur d’une ONG locale, qui réclame un code de bonne conduite pour les influenceurs politiques.
Mobilisation des institutions de contrôle
La Cour des comptes et la Haute autorité de lutte contre la corruption ont été invitées à accroître leurs audits avant 2026. Les sénateurs souhaitent des rapports trimestriels publiés en ligne, afin que chaque citoyen puisse suivre l’exécution des projets et l’affectation des fonds publics.
Selon une source proche de ces organes, un dispositif de signalement en ligne devrait être opérationnel d’ici fin 2024. Cette plateforme anonyme répondrait à la montée des attentes sociales en matière d’intégrité, tout en renforçant la crédibilité des institutions à l’intérieur comme à l’étranger.
Les partenaires techniques, dont la Banque mondiale, ont proposé un appui logistique pour documenter ces efforts de transparence et en mesurer l’impact à travers des indicateurs accessibles au public.