Un entretien stratégique à Beijing
À Beijing, le 2 septembre, le président Denis Sassou Nguesso a reçu le Président directeur général de Wing Wah, Xiao Lianping. La rencontre, organisée en marge de la visite officielle du chef de l’État congolais en Chine, s’est déroulée dans une atmosphère qualifiée de «fructueuse» par les deux délégations.
Selon l’homme d’affaires chinois, cette audience a offert l’occasion d’évaluer les progrès d’une collaboration entamée depuis plusieurs années et d’esquisser de nouvelles pistes d’investissements. Les discussions ont porté sur l’énergie, la logistique, ainsi que sur des projets de diversification industrielle liés aux besoins exprimés par Brazzaville.
Côté congolais, on souligne l’importance de ce dialogue direct avec un acteur privé déjà implanté dans le pays. «Les retombées mutuelles demeurent notre boussole», confie un membre de la délégation présidentielle, insistant sur l’objectif de croissance inclusive fixé par le Plan national de développement.
Un climat des affaires jugé attractif
Xiao Lianping a déclaré que la République du Congo offre «un bon environnement d’affaires», grâce à la stabilité politique, à l’engagement des autorités et à l’accueil de la population. Le dirigeant affirme que ces facteurs réduisent les risques et accélèrent les procédures pour les investisseurs internationaux (ACI).
Plusieurs réformes récentes, dont la digitalisation des guichets uniques et la modernisation du code des investissements, sont souvent citées par les chambres consulaires pour expliquer la progression des dossiers approuvés. Les données de l’Agence pour la promotion des investissements étrangers montrent une hausse sensible des intentions en 2022.
L’analyste économique Calixte Massoukou rappelle toutefois que le pays reste vigilant sur les critères de durabilité. «Il ne s’agit pas d’attirer tout type de capitaux, mais ceux qui respectent les normes environnementales et sociales fixées par nos lois», souligne-t-il, saluant la posture d’ouverture encadrée.
Des investissements pétroliers en croissance
Wing Wah opère dans l’exploration et la production d’hydrocarbures à travers sa filiale Wing Wah Corporation. Installée sur le littoral en 2018, l’entreprise extrait aujourd’hui environ 6 500 barils par jour, soit près de deux pour cent de la production nationale, selon les chiffres officiels.
L’objectif annoncé est d’augmenter sensiblement cette capacité, grâce à un programme de forages supplémentaires et à l’optimisation des gisements matures. La société étudie également l’intégration de technologies de récupération assistée pour améliorer le taux d’extraction et prolonger la durée économique des champs déjà développés.
Le ministère des Hydrocarbures voit dans ces perspectives un atout pour maintenir la part du pétrole dans les recettes publiques tout en soutenant le financement de la diversification. «Chaque baril gagné représente des ressources additionnelles pour la santé, l’éducation et les infrastructures», rappelle un conseiller technique.
Pour sécuriser cette montée en puissance, Wing Wah collabore étroitement avec la Société nationale des pétroles du Congo. Des dispositifs de partage d’informations géologiques et de gestion commune de la sécurité industrielle ont été signés en mai dernier, renforçant la confiance entre opérateur privé et secteur public.
Responsabilité sociétale et projets concrets
Au-delà du pétrole, Wing Wah met en avant des actions qualifiées de «responsabilité sociétale». À Brazzaville, la compagnie a participé au financement du siège de la Radiotélévision du Bassin du Congo, inauguré en 2021, symbole d’un partenariat culturel et médiatique salué par les autorités congolaises.
La même logique prévaut dans le domaine des infrastructures routières. Dans le département de Pointe-Noire, l’entreprise a apporté un appui technique aux services de l’équipement pour la réhabilitation de plusieurs axes urbains, facilitant la circulation des marchandises entre le port et les zones industrielles intérieures.
Les dirigeants de Wing Wah affirment vouloir associer les communautés riveraines à la sélection des prochains projets sociaux, misant sur des consultations publiques et des partenariats avec les ONG locales. Objectif déclaré : maximiser l’impact et assurer l’appropriation des réalisations par les bénéficiaires directs.
Perspectives de production ambitieuses
À court terme, la firme chinoise prévoit l’arrivée d’une plate-forme offshore additionnelle, actuellement en construction sur le chantier naval de Zhoushan. Sa mise en service, annoncée pour la fin de l’année prochaine, devrait porter la production quotidienne au-delà de 10 000 barils, selon l’entreprise.
Le gouvernement congolais y voit une illustration concrète de la stratégie d’intensification pétrolière, inscrite dans le Plan d’action pour l’accélération de la croissance. Les autorités assurent qu’un suivi rigoureux des normes HSE sera maintenu pour concilier performance économique et préservation de l’écosystème marin.
Pour les observateurs, la relation entre Wing Wah et Brazzaville symbolise la nouvelle génération de partenariats sino-africains : orientés résultats, adossés à un cadre juridique clarifié et attentifs aux attentes sociales. Le climat des affaires congolais poursuit ainsi son chemin, soutenu par des acteurs convaincus de son potentiel.
Les experts du cabinet AfriCapital insistent néanmoins sur la nécessité de poursuivre les efforts de transparence. Ils recommandent que chaque nouvel accord fasse l’objet d’une publication détaillée, afin d’informer les citoyens sur les retombées fiscales et sociales. Ce suivi, affirment-ils, renforcera encore la confiance des investisseurs internationaux.