Cinéma congolais en pleine renaissance
Le cinéma congolais revient sur le devant de la scène après des années de silence. Dans les quartiers de Brazzaville comme de Pointe-Noire, une génération de réalisateurs, d’acteurs et de producteurs explore des récits ancrés dans la vie quotidienne, réconciliant public local et grand écran.
Ce dynamisme s’explique par la persévérance des pionniers, l’essor des écoles audiovisuelles et l’arrivée d’outils numériques moins coûteux. Résultat : des tournages plus fréquents, des festivals plus ambitieux et une curiosité accrue du public pour des histoires reflétant ses réalités et ses aspirations.
Une journée immersive à l’IFC Brazzaville
C’est dans ce contexte que s’inscrit la Journée portes ouvertes du cinéma, programmée le 18 octobre dans la salle Savorgnan de l’Institut français du Congo. L’évènement, co-organisé par La Forge Production avec l’appui de l’Union européenne, veut célébrer la créativité nationale sous le thème « À la découverte du cinéma congolais ».
Pendant une journée, l’IFC sera transformé en mini-festival : performance scénique, projections, discussions interactives et concours de pitchs rythmeront l’agenda. « Nous voulons créer une ruche d’idées et d’énergies », confie Grâce Koussou, coordinatrice de La Forge Production.
Performance historique en ouverture
Le programme s’ouvrira par une scène de fiction jouée en costumes d’époque. Conçue comme un clin d’œil à l’histoire du pays, la séquence illustre la force du langage cinématographique pour faire dialoguer passé et présent. Les comédiens espèrent ainsi préparer le public à regarder les films avec un regard neuf.
Projections et échanges interactifs
Après la performance, les lumières s’éteindront pour quatre projections : deux courts et deux longs métrages réalisés récemment au Congo. Chaque séance sera suivie d’un débat avec le réalisateur et les membres de l’équipe technique. Les visiteurs pourront interroger les choix de mise en scène ou les astuces employées face aux contraintes budgétaires.
Selon l’IFC, ces échanges répondent à une attente forte du public : comprendre comment « faire du cinéma chez soi » et évaluer les possibilités professionnelles d’une filière encore en construction.
Pitchs, jury et tremplin pour jeunes auteurs
Point d’orgue de la journée, le concours de pitchs offrira trois minutes aux candidats pour vendre leur idée devant un jury mixant producteurs, critiques et techniciens. Les lauréats bénéficieront d’un accompagnement à l’écriture et à la recherche de financements, un pas décisif pour passer du rêve à la salle.
« Nous n’attendons pas des projets parfaits mais une voix authentique », souligne Mireille Madzou, productrice membre du jury, persuadée que cet exercice peut révéler des talents capables de porter le cinéma congolais à l’international.
Un carrefour professionnel et citoyen
Au-delà du glamour, la Journée portes ouvertes est pensée comme un laboratoire de rencontres. Étudiants en cinéma, ingénieurs son, maquettistes, critiques et simples cinéphiles s’y retrouveront pour échanger cartes de visite et astuces de tournage. Les organisateurs misent sur ce réseau pour consolider les compétences locales.
La présence d’invités venus du Gabon et du Cameroun devrait également ouvrir des collaborations régionales. Pour Brice Mampouya, critique indépendant, « l’Afrique centrale gagnerait à mutualiser ses forces afin de conquérir les plateformes de streaming et de réduire les coûts de distribution ».
Accès libre, enjeu d’inclusion culturelle
L’entrée gratuite incarne l’ambition de démocratiser l’accès à un art souvent jugé élitiste. Les partenaires estiment que la fréquentation pourrait doubler par rapport à la première édition, grâce au bouche-à-oreille et aux réseaux sociaux. Chaque siège occupé sera une victoire pour l’industrie naissante.
Car au-delà de la salle Savorgnan, le cinéma joue un rôle citoyen. Il documente les mémoires collectives, transmet les langues nationales à l’écran et renforce la cohésion autour d’histoires partagées. Un objectif en phase avec les orientations culturelles soutenues par les autorités.
Perspectives économiques du secteur audiovisuel
Selon une étude du ministère de la Culture, la chaîne de valeur audiovisuelle pourrait créer un millier d’emplois directs d’ici cinq ans si la production locale se maintient. Studios de post-production, loueurs de matériel et sociétés de marketing profiteraient d’un effet d’entraînement positif.
La Journée portes ouvertes participe à cet élan en offrant une vitrine aux prestataires techniques et en rappelant aux investisseurs que le cinéma n’est pas seulement un vecteur d’image, mais aussi une industrie capable de générer des recettes exportables, notamment auprès des chaînes panafricaines.
Une jeunesse porteuse d’identité et d’ouverture
Les films sélectionnés abordent l’amour, la migration, l’écologie ou la musique urbaine. Ils montrent une jeunesse connectée mais soucieuse de ses racines. Pour le scénariste Junior Ngouassa, « créer, c’est d’abord se raconter pour mieux dialoguer avec l’autre ».
En donnant la parole à ces visages neufs, la Journée portes ouvertes réaffirme que le futur du cinéma congolais appartiendra à ceux qui sauront conjuguer authenticité locale et influence globale. Le 18 octobre, la salle Savorgnan devrait résonner de cette promesse partagée.