Un rendez-vous attendu à Paris
Le 13 septembre, la grande salle du Palais des Glaces, près de la place de Clichy, a résonné d’accents congolais. Plusieurs centaines de ressortissants se sont déplacés pour la première rencontre citoyenne organisée par le conseiller présidentiel Rodrigue Malanda-Samba.
Autour de lui, le ministre-conseiller Armand Rémy Balloud-Tabawe et la conseillère Larissa Ondzie Ongogni, représentant l’ambassade du Congo en France, ont tenu à manifester le soutien institutionnel, symbole d’un dialogue voulu ouvert et apaisé.
Le rappel historique qui fédère
Dès les premiers mots, Rodrigue Malanda-Samba a convoqué la longue quête d’un État-nation « uni, digne et prospère ». Il a rappelé que ce rêve collectif traverse les générations et continue d’habiter les Congolais, qu’ils vivent à Brazzaville, Pointe-Noire ou Paris.
L’orateur a ensuite rendu hommage aux figures de l’indépendance, citant André Grenard Matsoua, Boueta Mbongo ou Mabiala Ma Nganga, autant de symboles du patriotisme désintéressé qui a ouvert la voie à la souveraineté nationale en 1960.
Dans le même élan, il a salué les pères fondateurs de la République, de l’abbé Fulbert Youlou à Charles David Ganao, soulignant que leur diversité d’opinions n’a jamais empêché l’affirmation d’une identité commune et l’écriture d’un destin partagé.
Une main tendue aux voix discordantes
Ce rappel historique a servi de passerelle pour inviter les compatriotes « en délicatesse avec la République » à renouer le dialogue. Le conseiller a insisté sur la nécessité d’un repositionnement stratégique de la diaspora dans l’agenda national.
« Il est temps de sortir de l’individualisme léthargique », a-t-il martelé, pointant le risque de voir l’image du Congo confisquée par une minorité bruyante. Pour lui, l’engagement collectif reste le meilleur antidote aux polémiques et aux incompréhensions.
Il a dénoncé les dérives verbales ou physiques observées ces dernières années dans certaines manifestations, estimant qu’elles occultent la créativité et le dynamisme réels d’une communauté pourtant capable d’innovations dans les arts, la finance ou la technologie.
Mobiliser la diaspora comme moteur économique
Au-delà du symbolique, Rodrigue Malanda-Samba a insisté sur la contribution économique potentielle de la diaspora. Ses transferts financiers annuels représentent déjà une part notable du revenu des ménages, mais pourraient, selon lui, soutenir plus directement les projets structurants.
Il a appelé à la création de coopératives d’investissement portées par des Congolais de l’étranger, capables d’injecter des fonds dans l’agro-industrie, la transformation locale du bois ou les télécommunications, secteurs prioritaires du Plan national de développement.
Pour encourager cet élan, l’orateur a plaidé pour une fiscalité incitative et des guichets uniques simplifiés. Il a également suggéré que la Banque postale du Congo ouvre à Paris un comptoir dédié aux transactions d’épargne-investissement des expatriés.
Paix, unité et refus du sectarisme
Revenant aux fondamentaux, Malanda-Samba a rappelé la ligne défendue par le président Denis Sassou N’Guesso : promotion de la paix des cœurs et rejet des discours de haine. Il a exhorté les participants à bannir tout tribalisme ou clanisme.
Selon lui, réduire la nation à des appartenances étroites revient à servir les intérêts « des ennemis de la République ». Il a préféré retenir la distinction historique entre peuples bantous et autochtones, rappelant qu’elle doit être un facteur d’enrichissement culturel, non une fracture.
Questions pratiques et engagements concrets
Après les prises de parole, le micro a circulé dans la salle. Les questions ont porté sur la sécurité des documents d’identité, la double nationalité, l’accès aux soins, l’inscription sur les listes électorales et la reconnaissance des diplômes obtenus en Europe.
Le conseiller présidentiel a promis de transmettre ces préoccupations aux ministères compétents et d’assurer un suivi. Il a, surtout, annoncé l’installation prochaine d’une antenne du Département politique au sein même de l’ambassade du Congo en France.
Cette permanence devrait servir de guichet unique pour les démarches administratives et les projets associatifs, un dispositif salué par Armand Rémy Balloud-Tabawe comme « un pas important vers un service public de proximité pour nos compatriotes de l’Hexagone ».
Vers une dynamique durable de dialogue
À la sortie, plusieurs participants ont souligné avoir retrouvé l’esprit du mbongui, cet espace traditionnel de palabres où chacun peut parler sans crainte. « On s’est écoutés et respectés », confie Mireille, ingénieure basée à Clermont-Ferrand.
Pour Rodrigue Malanda-Samba, la rencontre doit être le premier jalon d’une série de forums continentaux et virtuels. Il a indiqué travailler à une plateforme numérique qui centralisera débats, appels à projets et opportunités d’emploi dans les administrations congolaises.
En clôture, le conseiller a remercié la communauté pour son adhésion et sa discipline. Il a invité chacun à devenir « ambassadeur de l’unité » auprès de ses proches, rappelant qu’aucun développement durable ne peut se construire dans la suspicion.
La salle a entonné, debout, une version émouvante de La Congolaise avant de se disperser sous la pluie parisienne. Les sourires trahissaient l’espoir d’une relation renouvelée entre l’État et sa diaspora, un espoir désormais entre leurs mains.