Une rencontre citoyenne attendue à Paris
Dans la salle polyvalente d’un centre culturel du 15e arrondissement de Paris, près de 150 membres de la diaspora congolaise ont réservé, le 13 septembre, un accueil chaleureux à Rodrigue Malanda-Samba, conseiller politique du chef de l’État, venu échanger sans filtre sur l’avenir commun.
Le rendez-vous, présenté comme un « forum d’écoute », constituait la deuxième initiative du genre, après une première session en 2022 qui avait lancé le dialogue direct entre la présidence et les Congolais établis en Europe, souvent décrits comme un vivier d’expertise encore sous-utilisé.
Au cœur des échanges, les inquiétudes liées à un éventuel retour au pays dominaient. Certains participants confiaient craindre des tracasseries administratives, d’autres évoquaient des questions sécuritaires ou le devenir professionnel après des années passées dans les métropoles occidentales.
Le conseiller rassure sur la liberté de rentrer
« Personne n’ira en prison pour être revenu au Congo », a déclaré d’emblée Rodrigue Malanda-Samba, réitérant la position du président Denis Sassou Nguesso favorable à la participation de tous les fils du pays à l’œuvre de développement national.
L’orateur a rappelé que plusieurs Congolais effectuent désormais de fréquents allers-retours entre Brazzaville et Paris sans rencontrer la moindre difficulté, signe, selon lui, d’un climat apaisé et d’une administration disposée à faciliter les démarches de réinstallation.
Une loi d’amnistie encore à l’étude
Interpellé sur l’éventuelle adoption d’un texte amnistiant les « combattants » actifs sur internet, le conseiller a indiqué que le sujet suivait « les canaux institutionnels appropriés ». Il a toutefois souligné que la pratique démontre déjà une tolérance accrue à l’endroit de ceux qui rentrent paisiblement.
Dans la salle, plusieurs voix ont salué cette perspective, estimant qu’un geste législatif formel renforcerait la confiance et fluidifierait les débats sur les réseaux sociaux, souvent polarisés autour des questions politiques congolaises.
Droit de vote : le chantier avance
Le vote de la diaspora a occupé une large partie des discussions. Rodrigue Malanda-Samba a confirmé que le gouvernement finalise actuellement un mécanisme devant permettre l’élection de deux députés représentant les communautés établies hors du territoire national, dès le prochain scrutin législatif.
Selon lui, un groupe interministériel planche sur la sécurisation technologique des listes électorales, la localisation des bureaux de vote dans les chancelleries et la sensibilisation des électeurs potentiels, afin que la participation soit simple, crédible et conforme aux standards de transparence internationaux.
Un comité de suivi pour des actions concrètes
Pour transformer les échanges en actions, un comité de suivi, composé initialement de deux personnes, sera mis sur pied dans les prochaines semaines. Il aura pour mission d’aligner les recommandations sur les priorités nationales et de rendre compte régulièrement à la présidence et aux participants.
« Ce comité ne sera pas une coquille vide », a insisté le conseiller, évoquant la possibilité d’y intégrer progressivement des profils techniques issus de la diaspora afin d’accélérer des projets dans le numérique, l’agro-industrie ou la formation professionnelle.
Des attentes fortes côté expatriés
Pour Franck, ingénieur en informatique installé à Lyon, la volonté de rapatriement des compétences doit s’accompagner d’incitations fiscales et de garanties bancaires : « Nous sommes prêts, mais le cadre économique doit être lisible », a-t-il confié à la sortie de la rencontre.
Nathalie, entrepreneuse dans la cosmétique naturelle, évoque la nécessité d’un guichet unique à l’aéroport Maya-Maya. Elle assure que « simplifier les formalités douanières éviterait aux valises de matières premières d’être bloquées » et encouragerait l’investissement féminin, perçu comme un levier inclusif.
Des opportunités de développement réciproques
Le conseiller a mis en avant les atouts actuels du Congo, citant la modernisation des infrastructures routières, l’essor de la fibre optique et la diversification agricole. Il a rappelé que « chaque retour est un multiplicateur de croissance » susceptible de créer des emplois locaux durables.
Les intervenants ont également souligné le rôle de la diaspora dans la promotion de l’image du pays à l’étranger. Des partenariats universitaires, des jumelages de startups et des programmes d’échanges culturels figurent parmi les pistes identifiées pour renforcer ce soft power congolais.
Prochain rendez-vous déjà évoqué
Fort du succès de l’événement, M. Malanda-Samba a laissé entendre qu’une troisième rencontre pourrait se tenir en 2024, potentiellement à Bruxelles ou Montréal, afin d’élargir la concertation aux diasporas d’autres continents et d’accélérer la mise en réseau des talents.
D’ici là, les participants ont été invités à maintenir le dialogue via une plateforme numérique dédiée, promise pour octobre. L’outil doit centraliser les propositions, suivre les projets par secteur et diffuser des informations officielles, renforçant ainsi la transparence voulue par les autorités.
Cadre juridique et accompagnement administratif
Au niveau institutionnel, le conseiller a rappelé que plusieurs textes d’application du nouveau Code des investissements sont en cours de finalisation. Ils prévoient des exonérations douanières sur l’équipement productif importé par les rapatriés, ainsi qu’un dispositif d’assistance administrative au guichet unique de l’Agence pour la promotion des investissements.
Sur le plan consulaire, une modernisation des procédures d’établissement de passeports biométriques et d’actes d’état civil est annoncée d’ici la fin de l’année. Cette mesure, saluée par la communauté, devrait réduire les délais et faciliter le retour familial planifié pendant les vacances de fin d’année.