Une rentrée pastorale sous le signe de la fraternité
Dans la cathédrale Christ-Roi d’Owando, plus de deux cents prêtres, religieux, religieuses et laïcs ont répondu, du 19 au 21 septembre, à l’appel de leur pasteur, Mgr Gélase Armel Kema, pour lancer l’année pastorale 2025-2026.
Placée sous le thème « La fraternité sacerdotale comme perspective du développement », la session s’est inspirée de la lettre aux Galates, invitant chaque baptisé à se reconnaître membre d’un même corps pour bâtir l’Église locale et, au-delà, dynamiser la cohésion sociale régionale.
Un programme dense d’échanges
La première matinée a été dominée par l’eucharistie d’ouverture, présidée par l’archevêque métropolitain. Dans son homélie, il a martelé que « l’Esprit-Saint nous pousse à nous soutenir mutuellement », exhortant les fidèles à traduire la fraternité en actions concrètes de développement.
Les exposés se sont ensuite enchaînés. L’abbé Gervais Protais Yombo a dressé un panorama des initiatives pastorales à Oyo, montrant comment la solidarité sacerdotale peut soutenir les micro-projets agricoles et renforcer la mobilité missionnaire dans les villages enclavés.
Son confrère, l’abbé Emmared Mokouri, a souligné l’importance des Œuvres pontificales missionnaires. Selon lui, une meilleure collecte des quêtes impérées ouvrirait l’accès à des financements destinés aux infrastructures sanitaires, scolaires et numériques, essentielles pour hisser l’archidiocèse au rang des diocèses autonomes du pays.
Le directeur diocésain des écoles catholiques, Norbert Ipika, a, pour sa part, mis en avant la qualité des établissements confessionnels. Il estime qu’un partenariat plus structuré avec l’État pour l’affectation des enseignants pourrait améliorer les résultats scolaires et contribuer, à terme, à retenir la jeunesse locale.
Des défis externes à lever
Les participants ont dressé la liste des obstacles venus de l’extérieur. Parmi eux, la spoliation de certains biens fonciers de l’Église fragilise les budgets paroissiaux et retarde la construction de salles de catéchèse ou de dispensaires envisagés depuis plusieurs années.
La faible présence d’enseignants fonctionnaires dans les écoles catholiques reste un autre irritant. Le manque de personnel titularisé alourdit la charge financière des familles et des paroisses, limitant l’accès à une éducation de qualité, pourtant reconnue pour ses effets multiplicateurs sur le développement communautaire.
À ces réalités s’ajoute la puissance des réseaux sociaux. Les responsables dénoncent une prolifération de rumeurs qui érodent la confiance envers l’institution ecclésiale. L’archidiocèse envisage donc une stratégie numérique éducative pour occuper l’espace virtuel et promouvoir un discours de paix.
Un regard sur les obstacles internes
Les débats ont aussi mis en lumière des fragilités internes. Le tribalisme, parfois latent, divise certaines communautés et ralentit l’entraide entre paroisses. Des voix se sont élevées pour promouvoir des retraites interculturelles permettant aux agents pastoraux de dépasser les appartenances ethniques et d’avancer d’un même pas.
Un autre point sensible concerne la gouvernance financière. Quelques projets financés n’ont pas vu le jour, faute, selon les participants, de suivi rigoureux des cahiers de comptes et registres des sacrements. L’archidiocèse veut désormais uniformiser les procédures comptables pour protéger la crédibilité des paroisses.
La participation aux quêtes impérées apparaît enfin trop timide. Or ces collectes conditionnent l’aide des OPM pour lancer, par exemple, la réhabilitation d’un pont ou l’électrification d’un centre de santé. Un rappel liturgique régulier devrait, espèrent les curés, stimuler la générosité dominicale.
Coopération en doyenné, pari sur l’avenir
Pour répondre à l’ensemble de ces enjeux, l’assemblée a choisi de renforcer le fonctionnement en doyennés. Chaque doyenné devra établir un plan stratégique, mutualiser ses ressources et rendre compte trimestriellement à la chancellerie, afin d’accélérer la mise en œuvre des actions prioritaires.
Cette dynamique collaborative vise aussi à encourager l’auto-prise en charge. Les paroisses seront invitées à recenser leurs terres cultivables inutilisées, à monter des micro-projets communautaires et à solliciter l’assistance technique du ministère de l’Agriculture, un partenaire historique des programmes de sécurité alimentaire.
Le clergé parie, enfin, sur la formation continue. Des sessions de mise à jour théologique et de gestion de projet seront proposées, y compris en ligne, pour toucher les prêtres éloignés. L’objectif est de faire émerger une génération de pasteurs à la fois spirituels et gestionnaires.
L’appel final de l’archevêque
Clôturant les travaux, Mgr Gélase Armel Kema a rappelé le psaume du bâtisseur. « Si le Seigneur ne bâtit la maison, c’est en vain que travaillent les bâtisseurs », a-t-il proclamé, envoyant son clergé et les laïcs en mission dans une messe solennelle.
Dans un dernier message, il a encouragé chaque fidèle à devenir « pierres vivantes » du développement, invitant les paroisses à dialoguer davantage avec les autorités administratives et les entreprises locales. Cette synergie, promet-il, offrira à l’ensemble du département de la Cuvette une visibilité nouvelle.
Les participants sont repartis vers leurs affectations avec un calendrier précis et des fiches d’évaluation. Reste désormais à transformer les résolutions en actes durables. Beaucoup ont confié s’appuyer sur la ferveur jubilaire de 2026 pour insuffler une énergie décisive à leurs communautés.