Un rendez-vous régional très attendu
Le Gymnase multisports de Mfandena, à Yaoundé, a vibré le 27 septembre lors de la deuxième édition de l’Open CEEAC de Sambo, un rendez-vous devenu incontournable pour la discipline dans la sous-région.
Organisé par la Fédération camerounaise, le tournoi a réuni huit pays, alignés en catégories seniors hommes et femmes : Cameroun, République démocratique du Congo, Niger, Guinée équatoriale, Guinée, Centrafrique, Burkina Faso et Maroc.
L’absence du Congo-Brazzaville, pourtant initialement inscrite, a surpris plusieurs observateurs et laissé un goût d’inachevé aux amateurs nationaux, nombreux à suivre la retransmission en direct sur la chaîne partenaire Africa Centrum.
Cameroun en tête du tableau des médailles
Sur le tapis, le Cameroun a confirmé sa stature de locomotive régionale en récoltant douze médailles d’or, deux d’argent et deux de bronze, un tableau qui témoigne d’une préparation méticuleuse et d’un collectif soudé selon les techniciens locaux.
La RDC s’est hissée au deuxième rang avec deux titres, cinq médailles d’argent et une de bronze, tandis que le Niger a complété le podium grâce à deux sacres, une médaille d’argent et deux de bronze, confirmant la montée en puissance de ses jeunes talents.
Les délégations d’Afrique centrale et du Nord présentes ont salué une organisation fluide, une pesée électronique fiable et un arbitrage homogène, éléments souvent débattus lors des éditions précédentes dans la sous-région.
Le forfait congolais expliqué
Côté congolais, les athlètes avaient suivi un stage intensif à Armavir, en Russie, en mars, fruit d’une collaboration entre la Fondation Africa Centrum, l’Académie des arts martiaux de Sirus et la Fondation Sky Grâce de Sotchi.
Leur programme incluait renforcement musculaire, perfectionnement technique et séries de combats tests, avec l’objectif déclaré de hisser le drapeau tricolore lors des rendez-vous continentaux de la saison.
Faute de financement disponible avant le départ, la fédération congolaise a finalement déclaré forfait, privilégiant, selon nos informations, la prudence budgétaire à un déplacement partiel qui aurait pénalisé la cohésion du groupe.
Contacté à Brazzaville, un responsable technique explique que « les discussions se poursuivent avec les partenaires publics et privés afin de garantir la présence tricolore aux échéances 2024 », tout en rappelant la volonté des autorités de soutenir les sports émergents.
Paroles de champions et d’encadreurs
Chez les poids lourds, Franck Ngananga s’est adjugé le titre et a salué « l’esprit de solidarité qui règne du couloir d’échauffement au podium ». Pour lui, la victoire collective doit servir de levier pour la promotion du Sambo dans les lycées et universités.
Son entraîneur, Seidou Njimouluh, voit dans l’Open un galop d’essai précieux à quelques semaines des tournois de qualification pour les prochains Mondiaux. Il affirme que « les adversaires d’un jour sont les partenaires de progrès de demain ».
Satisfait de l’implication des officiels et du public, le président de la fédération camerounaise, Maître François Mbassi, souligne le rôle moteur des commissions logistique et médicale, dont le travail a permis de boucler le programme sans retard et de réduire les blessures.
Cap sur les Mondiaux 2025
La Fédération internationale a fixé les prochains championnats du monde au Kirghizistan du 7 au 9 novembre 2025, avec des épreuves de sport Sambo, combat Sambo et une catégorie réservée aux athlètes malvoyants, une première très attendue.
Pour les nations d’Afrique centrale, dont le Congo et la RDC, la route passe par une série de tournois qualificatifs prévus dès janvier, où l’endurance logistique et financière comptera autant que la qualité du kimono.
Le staff technique congolais assure travailler sur un calendrier rationalisé, combinant les soutiens du ministère des Sports, d’entreprises citoyennes et de la diaspora pour éviter une nouvelle année blanche et offrir aux jeunes le tremplin qu’ils méritent.
À terme, plusieurs experts estiment que l’intégration du Sambo dans les Jeux Africains ou les championnats universitaires panafricains renforcerait la visibilité de la discipline et encouragerait des financements stables, condition essentielle à la progression technique.
En attendant, les samboïstes congolais gardent le moral : leurs séances au complexe sportif de Makélékélé se poursuivent sous le regard attentif des encadreurs, convaincus qu’une présence forte à Yaoundé en 2024 permettra de rééquilibrer la hiérarchie régionale.
Impact économique et visibilité médiatique
Selon le comité d’organisation, près de 1800 billets ont été vendus, un chiffre honorable pour une discipline encore confidentielle. Les hôtels de Mfandena affichaient complets, générant une activité appréciable pour les transporteurs urbains et les vendeurs ambulants installés devant le gymnase.
La diffusion en streaming, assurée par la plateforme Sambo TV, a enregistré plus de 50 000 connexions uniques originaires du Gabon, du Congo et de la diaspora européenne, illustrant l’attrait grandissant d’un art martial qui revendique des racines russes mais séduit désormais la jeunesse africaine.
Pour capitaliser sur cet engouement, la Confédération africaine prévoit de lancer avant l’été prochain un circuit junior, avec des étapes envisagées à Brazzaville, Libreville et N’Djamena. Objectif : détecter tôt les talents et fidéliser les partenaires audiovisuels.