Une demande croissante d’infrastructures résilientes
À l’heure où Brazzaville et Pointe-Noire poursuivent leur expansion démographique, la question de l’assainissement urbain se hisse au rang de priorité stratégique. Les fortes pluies tropicales, combinées à une urbanisation rapide, mettent à rude épreuve des réseaux d’eau et d’égouts parfois hérités des décennies post-indépendance. Conscient de ce défi, le gouvernement a inscrit la modernisation des réseaux souterrains dans le Plan national de développement 2022-2026, plusieurs fois évoqué par le président Denis Sassou Nguesso lors de ses déplacements régionaux. Les autorités souhaitent ainsi garantir un accès à l’eau potable plus sûr, réduire les risques sanitaires liés aux inondations et soutenir la compétitivité économique des villes congolaises.
La proposition technologique de Nova Detect
C’est dans ce contexte que la société française Nova Detect se positionne avec une expertise forgée en quinze années de cartographie numérique des infrastructures enterrées. Son savoir-faire repose sur des capteurs géoradar de dernière génération associés à des traitements algorithmiques capables de localiser, à dix centimètres près, conduites d’eau, gaines électriques et collecteurs d’eaux usées. « Notre ambition est de fournir une vision en trois dimensions du sous-sol afin de sécuriser chaque intervention et d’optimiser les investissements publics », a expliqué Philippe Aymard, directeur technique, en marge de la rencontre du 30 juillet avec le ministre Juste Désiré Mondélé. L’offre inclut la plateforme Mappia pour la gestion de la donnée patrimoniale et la start-up Mimo Detect, dont les algorithmes identifient les fuites avec une rapidité revendiquée trois fois supérieure aux méthodes conventionnelles.
Un dialogue politique tourné vers l’action
Le ministère de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, créé en 2021 pour mieux coordonner les interventions sectorielles, voit dans cette initiative une réponse concrète à la demande sociale. « L’attente des populations est claire : disposer de services de base fiables et durables. Les technologies proposées par Nova doivent se traduire en chantiers visibles et en emplois locaux », confie un conseiller ministériel. Les discussions explorent un schéma de coopération adossé à un financement croisé entre l’Agence française de développement et le Trésor public congolais, avec un volet de transfert de compétences destiné aux ingénieurs des entreprises publiques et des municipalités.
L’enjeu stratégique de la cartographie des réseaux
Au-delà de l’assainissement, la maîtrise des données souterraines revêt une dimension sécuritaire. Les conduites de gaz et de carburant jouxtent parfois les câbles de télécommunication, un mélange qui, s’il est mal documenté, peut provoquer des incidents graves sur les chantiers. Selon la Banque mondiale, les villes africaines perdent jusqu’à 1,5 % de leur PIB annuel en raison des ruptures accidentelles de canalisations. Brazzaville ambitionne donc de devenir un pôle régional de référence en matière de gestion des réseaux, profitant de la dorsale numérique à fibre optique mise en service l’an dernier. Dans cette perspective, Nova Detect propose d’implanter un centre de formation certifié, afin de capitaliser localement les compétences et réduire la dépendance à l’assistance étrangère sur le long terme.
Vers un modèle de partenariat public-privé durable
Les premiers échanges laissent entrevoir un contrat-cadre articulé autour d’objectifs à moyen terme : cartographier 500 kilomètres de réseaux d’ici à 2026, réduire de 30 % les pertes en eau potable et déployer un système d’information géographique interopérable entre ministères. Pour y parvenir, un comité de pilotage binational devrait voir le jour avant la fin de l’année, incluant également la municipalité de Charly, terre d’élection d’Olivier Aurojo, chef de la délégation française et partenaire institutionnel du projet. Les observateurs soulignent qu’une telle coopération, alignée sur les priorités fixées par le président Sassou Nguesso en matière de développement durable, pourrait servir de vitrine à d’autres secteurs, du transport collectif à l’énergie renouvelable. La balle est désormais dans le camp des négociateurs, mais la convergence d’intérêts laisse présager la signature d’un accord avant le prochain Forum international sur la résilience urbaine prévu à Brazzaville.