Un déficit historique d’accès au carburant à Mossendjo
For decades, drivers in Mossendjo have learned to calculate every litre before hitting the road. The commune, pourtant la cinquième du pays, n’abrite plus la moindre station-service depuis les années 1990, obligeant les automobilistes à parcourir 187 kilomètres jusqu’à Dolisie pour faire le plein.
Dans les anciens registres municipaux, deux stations Hydro Congo étaient mentionnées. Leur fermeture, consécutive à la dissolution de l’entreprise publique en 2002, a laissé le champ libre à un commerce informel de bidons et d’entonnoirs, géré par les revendeurs surnommés « Kadhafi ».
Une réponse portée par TotalEnergies EP Congo
Annoncé par la filiale congolaise du géant français, le chantier de la nouvelle station prend forme sur l’avenue de l’Aéroclub. Les pompes, la boutique et le bar sont déjà installés; il ne reste, selon le chef de travaux Thaman Loemba, « que des ajustements électriques ».
TotalEnergies EP Congo explique que Mossendjo constitue un « nœud de croissance » dans le Niari, grâce à l’essor agricole et minier de la région. L’entreprise veut sécuriser la distribution de produits pétroliers tout en appuyant la politique nationale d’aménagement des territoires initiée par le gouvernement.
Des conséquences économiques attendues
Les commerçants du marché central anticipent déjà une baisse des coûts de transport des marchandises. « Un trajet Dolisie–Mossendjo nous coûte deux jerricans de réserve; demain, il suffira de s’arrêter en ville », explique Mireille Ngoma, grossiste en denrées, convaincue que ses prix pourront enfin se stabiliser.
Pour la mairie, l’arrivée d’une station moderne signifie un accroissement des recettes fiscales liées aux volumes pompés et à la taxation du commerce annexe. Le service municipal des finances table sur une hausse de 12% des revenus locaux dès la première année de fonctionnement.
Emploi local et nouvelle dynamique urbaine
Selon la direction des ressources humaines, quarante emplois directs seront créés, du pompiste au responsable de boutique. La convention signée avec l’agence départementale de l’emploi prévoit une priorité aux jeunes diplômés du Niari, afin de réduire le chômage qui avoisine 22% dans cette tranche.
Les urbanistes locaux voient également dans l’infrastructure un catalyseur pour le développement d’un corridor commercial vers Mayoko et Mbinda. La présence d’une source d’énergie fiable encourage l’installation d’ateliers mécaniques, de relais d’autocars et, à terme, de micro-industries de transformation.
Enjeux de sécurité et normes environnementales
Le site a été choisi à bonne distance des habitations, conformément aux prescriptions du ministère des Hydrocarbures. Des bassins de rétention et un séparateur d’hydrocarbures ont été installés pour éviter toute infiltration dans la nappe phréatique, un sujet sensible dans cette zone de plateaux sableux.
Les sapeurs-pompiers de Mossendjo, récemment dotés d’un véhicule citerne, suivront une formation spécifique sur les feux de produits pétroliers. « Nous avons programmé des exercices conjoints dès l’ouverture », précise le commandant Mouandza, qui rappelle qu’aucun incident majeur ne sera toléré.
Vers la fin du règne des « Kadhafi »?
L’apparition d’un fournisseur formel pourrait bouleverser l’économie parallèle du carburant. Les revendeurs de rue se disent partagés. « La clientèle ira à la pompe, mais nous resterons pour dépanner les motos la nuit », anticipe Dieudonné, 27 ans, qui écoule trente litres par jour.
Les autorités locales reconnaissent le rôle d’appoint joué par ces acteurs informels, notamment durant les périodes de pénurie nationale. Toutefois, un programme de reconversion est envisagé pour les aider à intégrer des chaînes de distribution légales ou à ouvrir de petites entreprises de services mécaniques.
Un projet pilote pour la revitalisation des territoires
Pour le ministère de l’Aménagement, l’investissement de TotalEnergies s’inscrit dans une série d’actions destinées à rapprocher les services essentiels des citoyens. Après Mossendjo, des projets similaires sont étudiés pour Makabana et Ouesso, afin de réduire les inégalités territoriales en matière énergétique.
D’après l’économiste Alain Bissila, « la diversification des points de vente crée un effet réseau qui abaisse le coût national de la logistique pétrolière ». Il estime que chaque nouvelle station dans l’hinterland peut faire baisser de 1,5% le prix moyen payé par les ménages.
À Mossendjo même, l’événement est attendu avec impatience. Les réseaux sociaux bruissent de photos du chantier, prises par des habitants fiers de voir leur ville figurer enfin sur la carte des investissements stratégiques. La date d’inauguration, tenue secrète, alimente déjà les conversations.
La station-service doit ouvrir dans moins d’un mois si le calendrier est respecté. Une délégation ministérielle est attendue pour couper le ruban, signe de l’importance accordée à ce projet pilote qui conjugue initiative privée et accompagnement public.
Les analystes soulignent que chaque station génère un micro-écosystème: transporteurs, restaurateurs, vendeurs de pièces détachées. « L’effet multiplicateur peut tripler l’impact sur l’emploi », explique la Chambre de commerce du Niari, qui promet un suivi statistique semestriel.
Au-delà de la pompe, c’est un signal adressé aux habitants: l’État et ses partenaires comptent sur les villes intermédiaires pour soutenir la croissance. Mossendjo, jadis pénalisée par la distance, pourrait devenir un modèle de renaissance locale fondée sur l’accès assuré à l’énergie.