Retour vibrant au stade Massamba-Débat
Vendredi 5 septembre 2025, la pelouse du Président Alphonse Massamba-Débat a de nouveau vibré au rythme des éliminatoires africaines. Devant un public partagé entre curiosité et doute, les Diables-Rouges affrontaient la Tanzanie avec l’espoir d’atténuer des souvenirs récents douloureux.
Le match s’inscrivait comme la première sortie officielle depuis la défaite 2-4 contre la Zambie. Entre temps, un forfait volontaire contre le Niger et deux forfaits face à la Zambie puis à la Tanzanie avaient éloigné l’équipe des radars. L’instant présent devait donc servir de réconciliation avec les supporters.
Une campagne semée d’embûches depuis 2023
Le bilan des deux dernières années reste lourd. Un douloureux 1-6 infligé par le Maroc en 2023 puis 2024 a laissé des traces mentales. Les annulations de matchs ont ensuite alimenté la crainte d’une sanction financière de la Fédération internationale, poussant les autorités sportives à revenir en piste.
Cette trajectoire hachée a coûté de précieux points au classement du groupe E. Plusieurs voix estimaient impossible de combler l’écart, mais la fédération a privilégié l’engagement, insistant sur une participation « jusqu’au bout » afin de préserver l’image du football national.
Un nul qui laisse un goût d’inachevé
La rencontre face à la Tanzanie s’est conclue par un 1-1 logique. Deschan Moussavou a ouvert la marque à la 68e minute, soulevant les tribunes. Le soulagement n’a cependant duré que seize minutes. Selemani Mwalimu a égalisé à la 84e, profitant d’un relâchement physique des Congolais.
Le coup de sifflet final a figé un score qui reflète l’équilibre des forces, mais laisse l’impression d’une occasion manquée. Plusieurs supporters ont salué la combativité retrouvée, tout en regrettant la fragilité des fins de match, un problème déjà observé lors des précédentes sorties.
Des carences offensives persistantes
Malgré la possession et l’engagement, les occasions nettes sont restées rares. L’unique situation dangereuse avant le but a été offerte par Déogracias Bassinga, mais Migon Koto n’a pu convertir. Dans les vingt derniers mètres, le bloc tanzanien a étouffé la créativité congolaise, révélant un manque de spontanéité.
L’entraîneur reconnaît la nécessité de « varier les entrées dans la surface » et de « libérer les latéraux » pour étirer les défenses. Pour l’instant, les transitions se brisent souvent sur une dernière passe approximative ou un contrôle manqué, bridant le potentiel offensif constaté à l’entraînement.
Fatigue et gestion des fins de partie
L’égalisation tardive illustre un fléau déjà observé contre la Zambie et le Maroc : un déclin d’intensité dans le dernier quart d’heure. Des préparateurs physiques évoquent une fatigue « congénitale » liée à un calendrier national dense et à la faible rotation d’effectif.
Les cadres ont dû enchaîner championnats et qualifications sans période de repos complète. À Brazzaville, chaque accélération tanzanienne a semblé peser un peu plus sur les jambes locales. La recherche d’un meilleur équilibre entre fraîcheur et automatisme figure désormais au centre des discussions internes.
Staff technique : continuité ou nouveau départ ?
Le récent changement au sein de l’encadrement suscite des attentes mitigées. Le sélectionneur, confirmé dans ses fonctions mais entouré d’adjoints remaniés, insiste sur « la culture de l’effort » et un projet à moyen terme. Pour les supporters, la clé réside dans les résultats immédiats.
Les observateurs demeurent prudents, conscients qu’une seule séance collective ne règle pas la finition ou la cohésion défensive. Néanmoins, la présence d’anciens internationaux au bord du terrain alimente l’espoir d’une transmission positive de l’expérience et d’une confiance renouvelée.
Le Maroc plane sur le groupe E
Grand favori, le Maroc a déjà composté son billet pour la Coupe du monde avant la fin de la phase de poules. Cette avance réduit la marge d’erreur des autres équipes, mais ouvre aussi des scénarios où des points peuvent encore être glanés.
Pour le Congo, la perspective de croiser une sélection déjà qualifiée pourrait constituer un double tranchant : adversaire potentiellement en gestion, mais toujours armé pour punir la moindre approximation. Les Diables-Rouges savent que leur destin passe par un exploit et l’addition d’un concours de circonstances.
Un public partagé mais toujours présent
Au coup d’envoi, les travées du Massamba-Débat n’affichaient pas complet, signe d’une confiance à regagner. Pourtant, les chants ont retenti dès les premières passes réussies. La fiction d’un Mondial encore possible continue de fédérer. Dans les rues adjacentes, écrans allumés et radios commentaient chaque action avec ferveur.
Des supporters interrogés à la sortie du stade soulignaient « l’envie » démontrée par le groupe, tout en réclamant « plus de lucidité devant le but ». Cette capacité à rester critique sans rompre le lien constitue un capital précieux pour les rencontres à venir.
Objectif : transformer l’élan mental en points
Les Diables-Rouges ont prouvé qu’ils n’abandonnent pas malgré les embûches. Reste à traduire l’état d’esprit en efficacité. Le staff travaille sur des ateliers de finition et d’endurance censés corriger les carences identifiées. Les joueurs, eux, répètent vouloir « honorer le maillot jusqu’au dernier match ».
À l’approche de la prochaine journée, chaque séance d’entraînement est perçue comme une occasion de combler le retard. Si le tableau comptable reste défavorable, la dynamique psychologique observée contre la Tanzanie nourrit la conviction qu’un sursaut reste possible.
Le chemin vers 2026 passe par des fondations solides
Au-delà du score et du classement, la performance du 5 septembre rappelle l’importance d’une base stable. Limiter les forfaits, planifier les préparations et maintenir le dialogue avec la fédération apparaissent comme des conditions incontournables.
En refermant la soirée sur un partage des points, le Congo n’a ni tout perdu ni tout gagné. Mais il a, peut-être, trouvé un embryon d’équilibre. L’avenir immédiat se construit autour de ce socle, avec le Maroc en juge de paix et un public prêt à vibrer encore.