Une sortie littéraire aux accents patriotiques
Pour nombre de jeunes Congolais sensibles aux enjeux de management, la scène éditoriale s’apprête à accueillir un ouvrage susceptible de faire date. Le 14 août, Milie Théodora Miéré publie « Culture ou cultures d’entreprise » chez L’Harmattan, collection Dynamique d’Entreprises.
L’annonce intervient à la veille du 65e anniversaire de l’indépendance du Congo, tissant un lien symbolique entre célébration nationale et réflexion sur l’identité professionnelle. L’autrice défend l’idée qu’une organisation vit aussi par ses récits, à l’image d’une nation alimentée par sa mémoire collective.
Un choix de date porteur de sens
Fixer la parution la veille de la fête nationale n’est pas anodin. Selon l’éditrice, ce choix doit « rappeler que la culture d’entreprise est indissociable du contexte sociétal congolais, où la solidarité et la résilience façonnent la réussite économique », confie-t-elle.
Le timing ouvre aussi la porte à des présentations publiques prévues dans plusieurs universités de Brazzaville dès septembre. Les responsables académiques espèrent nourrir les débats sur la modernisation des entreprises locales, un thème encouragé par les autorités qui multiplient initiatives pour renforcer la compétitivité.
Une chercheuse au croisement des cultures
Native de Pointe-Noire, installée en France depuis trois décennies, Milie Théodora Miéré occupe une position privilégiée pour analyser les dynamiques interculturelles. Docteure HDR, maître de conférences hors classe à l’Université de Versailles-Paris-Saclay, elle dirige aussi des recherches au Larequoi, laboratoire reconnu en management.
Ses travaux antérieurs portent sur la communication organisationnelle, les réseaux numériques et la mobilisation citoyenne. Elle a publié en 2024 « Réseaux numériques, téléphonie et mobilisation », et quatre ouvrages consacrés à la mémoire familiale en 2022, signes d’une plume qui marie rigueur scientifique et sensibilité.
Décrypter la culture d’entreprise
Dans son nouvel essai, l’universitaire revient sur les années 1980, période où la notion de culture d’entreprise gagne du terrain. Elle examine comment les firmes occidentales ont institutionnalisé des valeurs pour fédérer les salariés, inspirant aujourd’hui des entreprises africaines en quête d’une gouvernance inclusive.
Pour Miéré, la culture n’est jamais monolithique. Son ouvrage distingue les cultures professionnelles, sociales ou symboliques qui coexistent sous le même toit. Cette diversité, loin d’affaiblir l’engagement, peut constituer un levier de créativité si elle est reconnue, expliquée et mise en résonance avec l’environnement.
L’une de ses hypothèses centrales affirme qu’une transmission organisée de significations favorise l’appropriation du changement. Elle mobilise des entretiens conduits auprès d’ingénieurs, d’agents de service et de cadres marketing pour illustrer comment les rituels, la narration ou la formation participent à la cohésion interne.
Implications pour les entreprises congolaises
À Brazzaville, plusieurs responsables RH voient déjà dans cette publication un guide pratique. « Nos PME manquent parfois d’outils méthodologiques pour valoriser leurs spécificités ; ce livre arrive à point », estime Séraphin Babela, consultant auprès de jeunes pousses technologiques installées dans la zone de Mpila.
Les organisations publiques y trouvent aussi matière à réflexion. À l’heure où l’administration congolaise poursuit sa dématérialisation, la notion de valeurs partagées soutient l’ambition d’un service performant. Des ateliers de lecture croisée sont envisagés au ministère des Postes, des Télécommunications et de l’Économie numérique.
Pour la jeunesse entrepreneuriale, l’essai invite à dépasser le mimétisme et à inscrire l’innovation dans la culture locale. L’approche, centrée sur l’écoute des salariés, converge avec les politiques publiques visant à encourager le dialogue social et à stabiliser l’emploi dans les secteurs en croissance.
Synergie avec la transition numérique
L’autrice souligne le rôle catalyseur des technologies dans la circulation des récits internes. Les plateformes collaboratives adoptées par plusieurs banques congolaises facilitent un partage rapide de symboles, transformant chaque employé en ambassadeur de la marque au-delà du siège.
Cette démarche rejoint la stratégie nationale pour un écosystème numérique inclusif. L’ouvrage recommande d’utiliser les téléphones mobiles afin de diffuser de brèves vidéos sur l’histoire corporate, méthode éprouvée dans l’agro-alimentaire ivoirien selon divers retours d’expérience.
Vers une réception enthousiaste
La campagne de communication orchestrée par L’Harmattan prévoit des entretiens radio, des séances de dédicace et une forte présence sur les réseaux sociaux congolais. Les lecteurs pourront interagir en direct avec l’autrice, format très prisé d’une génération connectée en quête de repères professionnels crédibles.
Des libraires de Poto-Poto à Bacongo anticipent déjà une bonne tenue des ventes, d’autant que la rentrée littéraire brazzavilloise manque de titres francophones traitant de management. Certains prévoient des vitrines thématiques pour attirer étudiants et managers, segments clés d’un marché éditorial en plein renouveau.
Perspectives sur la recherche future
Au-delà de sa portée immédiate, l’ouvrage relance la discussion académique sur la pluralité culturelle dans les entreprises du Sud. Plusieurs chercheurs de l’Université Marien-Ngouabi envisagent de tester le modèle proposé dans des entreprises publiques d’énergie, afin de mesurer l’impact sur la performance collective.
Milie Théodora Miéré promet déjà un second volet consacré spécifiquement aux PME d’Afrique centrale. Prévu pour 2026, ce travail pourrait accompagner les axes prioritaires du Plan national de développement et renforcer le dialogue entre chercheurs, acteurs économiques et pouvoirs publics sur la question des identités organisationnelles.