Une Congolaise distinguée à Singapour
A Singapour, le 20 août, la Congolaise Mélodie Boueya a reçu deux distinctions lors du Gilms International Entrepreneur Excellence Awards : le grade de docteur honoris causa du Gilms Global Leadership Institute for Management et le Prestige Business Leader Awards 2025.
Cette double reconnaissance internationale a placé la jeune entrepreneure au cœur de la conversation sur le rôle des leaders africains dans l’économie mondiale, rappelant, selon ses mots, « que le leadership n’est pas qu’un privilège, mais une responsabilité collective » assumée par sa génération en mouvement.
Le sens d’un doctorat honoris causa
Le titre de docteur honoris causa décerné par l’institut singapourien salue non seulement son parcours, mais aussi l’impact social de ses programmes de formation dédiés aux jeunes entrepreneurs congolais, souvent confrontés à des défis de financement et d’accès aux réseaux régionaux.
En rappelant publiquement qu’« l’Afrique n’est pas en retard, mais en marche », Boueya met l’accent sur la dynamique créée par la Zone de libre-échange continentale africaine, laquelle ouvre de nouvelles routes commerciales où les talents congolais cherchent désormais à s’affirmer.
Gilms Awards, vitrine mondiale de l’entrepreneuriat
Créés pour encourager l’innovation durable, les Gilms Awards rassemblent chaque année des décideurs, investisseurs et chercheurs venus d’Asie, d’Europe, d’Amérique et d’Afrique. Leur objectif affiché est de tisser une communauté capable de transformer les idées en solutions concrètes pour les sociétés locales.
Selon le coordinateur de l’événement, Suresh Nair, la présence d’acteurs du Congo-Brazzaville « prouve que l’innovation n’a pas de frontières ». Pour lui, l’écosystème d’affaires africain gagne à être davantage visible sur les grands marchés asiatiques, souvent méconnu par les jeunes patrons locaux.
Leadership féminin et jeunesse congolaise
Mélodie Boueya rappelle que 60 % de la population congolaise est âgée de moins de 25 ans. Elle considère cette démographie comme un potentiel à valoriser par l’entrepreneuriat, plutôt que comme un défi, pour réduire le chômage urbain et stimuler les industries créatives.
Sa visibilité internationale offre, selon l’analyste économique Dieudonné Ngoma, « un modèle tangible pour les lycéennes brazzavilloises qui hésitent encore à lancer leur start-up ». L’experte indique que la représentation féminine dans les hautes sphères économiques demeure inférieure à 20 % dans le pays.
Créer des ponts économiques Sud-Sud
Au-delà des symboles, la lauréate affirme vouloir utiliser son nouveau réseau pour favoriser des partenariats Sud-Sud. Elle évoque déjà des discussions avec des incubateurs de Kuala Lumpur et de Nairobi afin de cofinancer des programmes d’accompagnement destinés aux jeunes développeurs de Brazzaville.
Pour le ministère congolais des PME, ces passerelles pourraient accroître les flux d’investissement asiatique dans les secteurs du numérique et de l’agrotransformation, priorité mise en avant dans le Plan national de développement 2022-2026. Des pourparlers devraient s’ouvrir d’ici la fin de l’année.
World Winner Academy, laboratoire d’avenir
Fondée en 2019, la World Winner Academy de Boueya forme chaque année près de 150 jeunes à la prise de parole, à la gestion de projet et au leadership civique. Les cours, dispensés à Brazzaville et Point-Noire, reposent sur une pédagogie participative inspirée des modèles anglo-saxons.
L’Academy revendique déjà un taux de création d’entreprises de 32 % parmi ses anciens participants, selon un rapport interne consulté par nos soins. Les secteurs les plus représentés vont du e-commerce à la cosmétique naturelle, en passant par les services de livraison urbaine.
Responsabilité collective et vision 2030
Recevant ses trophées, Boueya a insisté sur « la nécessité de placer l’impact avant le prestige ». Elle estime que l’Afrique centrale doit aligner ses politiques de formation sur les besoins réels des marchés régionaux, afin de convertir la croissance démographique en valeur ajoutée durable.
Dans sa feuille de route 2030, elle prévoit l’ouverture d’un campus numérique à Oyo, ville appelée à devenir un hub de compétences selon les orientations gouvernementales. Ce projet, encore à l’étape de levée de fonds, mettrait l’accent sur la réalité virtuelle et les énergies renouvelables.
Un élan qui inspire déjà
Dans les couloirs du Palais des congrès de Brazzaville, plusieurs étudiants rencontrés disent voir dans le parcours de Boueya une invitation à dépasser le simple emploi salarié. Ernest Massamba, 22 ans, confie avoir « monté un petit atelier de recyclage plastique grâce à ses vidéos ».
À travers ces témoignages, la jeune docteure honoris causa mesure la portée de son nouveau statut. « Ces distinctions ne sont qu’un point de départ », résume-t-elle, persuadée que « le Congo peut se positionner comme un laboratoire régional d’innovations capables de changer la donne économique ».
Perspectives pour les investisseurs locaux
Les chambres consulaires de Brazzaville voient dans la médiatisation de ces prix une occasion de renforcer l’attractivité du pays. « Les success stories humaines rassurent autant que les indicateurs macroéconomiques », souligne Georges M’Passi, vice-président de la chambre de commerce et d’industrie.
À court terme, plusieurs fonds d’amorçage locaux envisageraient, selon nos informations, de lancer un guichet spécial consacré aux projets portés par des femmes. Cette orientation s’inscrit dans l’esprit du programme national Femmes et Économie numérique annoncé en février par les autorités compétentes.