Soulagement collectif à Madingou
Madingou respire depuis l’annonce officielle blanchissant le maire Fortuné Pouela des soupçons de détournement de salaires municipaux. La nouvelle a circulé tôt le matin, suscitant applaudissements et klaxons dans les artères commerçantes de la capitale de la Bouenza.
Pour beaucoup d’habitants, il s’agit d’un rétablissement de l’honneur mais aussi d’une confirmation du sérieux de leurs institutions. « La vérité finit toujours par sortir », confie Jeanne Ngoma, vendeuse au marché central, encore émue par le dénouement.
Des allégations devenues affaire publique
L’affaire remonte au début d’année, lorsqu’un message viral dénonçant un supposé détournement de plusieurs mois de salaires des agents municipaux s’est répandu sur les réseaux sociaux avant d’être repris par quelques plateformes locales.
Très vite, la pression médiatique et les rumeurs de conversations de rue ont obligé l’autorité préfectorale à transmettre le dossier au parquet. Le nom du maire, figure connue pour ses projets d’assainissement urbain, était brusquement au centre d’un tumulte.
Le prestataire mis en cause
Au fil de l’enquête, l’origine des messages calomnieux est retracée jusqu’à Axel Bonavista Bikindou, prestataire temporaire à la mairie, chargé de la maintenance informatique. L’homme, arrêté fin juillet, a confessé avoir « fabriqué » plusieurs captures d’écran falsifiées.
Selon ses dires, il nourrissait une rancune après la réduction d’un contrat de fourniture de consommables informatiques. Ses aveux mentionnent également la participation d’un complice externe, Alain Amani, présenté comme cadre au ministère des Hydrocarbures et responsable du relais numérique.
Des investigations méthodiques
Les officiers de la Direction générale de la surveillance du territoire ont ausculté les relevés bancaires, les mandats de paiement et les horaires de paie des six derniers trimestres. Aucun trou, aucune sortie suspecte ni écart de trésorerie n’a été repéré.
Les enquêteurs sont aussi allés sur le terrain, questionnant cinquante agents municipaux. Tous ont perçu leurs soldes aux dates prévues, contredisant la rumeur. Cette convergence a rapidement consolidé la position de la défense.
La justice tranche
Le procureur près le tribunal de grande instance de Madingou a rappelé, lors d’un point presse, que « l’argent public ne se juge pas dans la rue ». Après l’examen des pièces, il a requis que l’action publique se poursuive uniquement contre les diffuseurs de fausses nouvelles.
Dans son ordonnance, la juge d’instruction estime qu’aucun élément matériel ne permet d’établir la moindre distraction de fonds par l’exécutif municipal. Cette décision lave définitivement Fortuné Pouela de tout reproche et renvoie l’affaire de diffamation devant la formation correctionnelle.
La population renouvelle sa confiance
De la place de la République aux quartiers périphériques, plusieurs comités de développement ont publié des motions de soutien. Ils rappellent la réhabilitation des voies secondaires, l’éclairage public solaire et la création d’un guichet unique pour les actes d’état civil.
« Nous avons vu les changements et nous voulons qu’ils continuent », témoigne Robert Mabiala, président d’une association de jeunesse. Selon lui, cette affaire aura paradoxalement renforcé la cohésion autour de l’équipe municipale, perçue comme victime d’une stratégie de déstabilisation.
Leçon de gouvernance
Pour plusieurs analystes, le dossier illustre la rapidité avec laquelle une rumeur numérique peut éroder la confiance citoyenne. Ils préconisent une vigilance renforcée des institutions et une diffusion proactive de données budgétaires disponibles au public via les portails officiels.
La municipalité de Madingou envisage par ailleurs d’organiser, chaque trimestre, un forum d’information financière avec les syndicats et la société civile. L’objectif est de poser devant tous les acteurs les chiffres clefs, de prévenir toute manipulation et de consolider l’esprit de redevabilité.
Priorités du maire pour 2024-2025
Sorti grandi de l’épreuve, Fortuné Pouela maintient son calendrier : finition de la station de pompage, pavage de dix-neuf kilomètres et ouverture d’un centre d’appui aux microentreprises féminines en partenariat avec la Chambre de commerce.
Sur le volet ressources humaines, il annonce la dématérialisation totale des fiches de paie avant juillet prochain, un geste présenté comme « la meilleure preuve » de transparence. Les syndicats, reçus lundi, se disent favorables et proposent un comité de suivi.
Étapes judiciaires restantes
Le tribunal a fixé la date du 9 octobre pour le jugement définitif des prévenus Bikindou et Amani. La première audience, tenue le 17 septembre, a déjà permis de notifier les chefs d’inculpation et de placer les deux hommes sous contrôle judiciaire.
Les magistrats indiquent qu’aucune autre personne n’est poursuivie à ce stade, ce qui enterre définitivement les soupçons visant l’exécutif municipal. Les avocats de la défense promettent de réclamer des dommages pour préjudice moral subi par leur client.
Vers une communication plus responsable
Au-delà de Madingou, plusieurs collectivités observent l’affaire avec attention, conscientes des risques liés à la viralité d’informations non vérifiées. Le ministère de la Communication prépare un guide pratique destiné aux administrations locales pour mieux gérer les crises réputationnelles.
Ce document, attendu d’ici la fin de l’année, insistera sur la mise en place de cellules d’alerte numérique, la formation des porte-parole et l’ouverture régulière de données publiques. Autant de mesures pour raffermir la confiance entre gouvernants et gouvernés.