Une levée des couleurs riche de symboles
Il est à peine huit heures sur l’esplanade de la préfecture d’Impfondo lorsqu’un soleil discret illumine la montée des couleurs. Face au drapeau, Jean Pascal Koumba, préfet du département de la Likouala, rompt la solennité militaire d’un ton calme mais ferme : « La République a besoin de chacun de nous, ici et maintenant », lâche-t-il sous les saluts, rappelant la valeur fondatrice de la ponctualité dans la fonction publique. La scène, ordinaire en apparence, révèle pourtant une inflexion : l’autorité départementale veut faire de la discipline horaire le socle d’une nouvelle culture administrative.
L’administration départementale sous la loupe
Depuis plusieurs mois, le service public souffre d’absences prolongées et de rotations anarchiques, notamment parmi les directeurs départementaux dont la présence est jugée critique pour la bonne exécution des politiques publiques. « Certains bureaux restent fermés plusieurs jours, l’usager repart bredouille », confie un usager rencontré devant la direction des transports. Le préfet enjoint donc les responsables à « habiter leurs fonctions » et promet des rapports d’assiduité mensuels. L’approche se veut pédagogique plutôt que répressive, mais l’autorité rappelle que la loi prévoit des sanctions graduées en cas de manquements répétés.
Les chantiers structurants en ligne de mire
La sévérité administrative se justifie par l’ampleur des projets en cours. À Impfondo, la silhouette du futur complexe sportif commence à se dessiner derrière des palissades siglées d’idéogrammes chinois. Selon le calendrier actualisé, la reprise des travaux, confiés à une entreprise venue de Wuhan, doit permettre la livraison des tribunes avant la prochaine saison sèche. Au nord, la route Dongou–Impfondo–Épena, artère vitale pour l’évacuation du cacao et de la pêche, attend sa réhabilitation complète. Le ministère de l’Équipement a confirmé le bouclage financier du tronçon prioritaire, tandis que deux ponts, Sambala et Bissambi, passeront de la simple passerelle en bois à une structure métallique capable de supporter quarante tonnes. « Ces ouvrages ouvriront une ère nouvelle pour la circulation des marchandises », anticipe un ingénieur du projet rencontré sur site.
Un défi de ressources humaines et logistiques
Au-delà du bitume et des gradins, l’hôpital général d’Impfondo mobilise également l’attention. L’arrivée d’une seconde équipe de chantier, annoncée par le préfet, vise à accélérer un projet lancé en 2018 mais ralenti par la pandémie de Covid-19 et la montée des eaux de la Sangha. Les besoins restent considérables : équipements biomédicaux, logement du personnel et logistique pharmaceutique. Or, sans une administration présente, le suivi budgétaire et la coordination inter-services s’émoussent. « Le maillon humain demeure la variable la plus décisive », souligne le sociologue Emmanuel Mopandi, spécialiste des organisations publiques.
Un élan citoyen attendu
Le sursaut d’assiduité demandé par l’autorité locale rencontre un écho favorable auprès de la société civile. Des associations de jeunes annoncent déjà des campagnes de sensibilisation sur l’importance du civisme professionnel. Au marché central, une commerçante résume l’enjeu : « Si les bureaux ouvrent à l’heure, nos démarches douanières avancent et la marchandise arrive plus vite ». L’administration, miroir d’un État proche de ses administrés, cherchera donc à démontrer, dans les mois à venir, que la rigueur quotidienne peut se traduire en routes carrossables, en lits d’hôpital supplémentaires et en espaces sportifs ouverts à la jeunesse de la Likouala.