Calendrier chamboulé: pourquoi la saison patine
Le championnat national de Ligue 1 aurait dû lancer ses premières hostilités le 13 septembre, puis le 27 septembre après un premier report. Pourtant, les tribunes de Brazzaville à Pointe-Noire sont restées vides, faute d’autorisation officielle d’occuper les stades.
Dans le couloir des joueurs, chacun évoque la même source de blocage : le Ministère de la Jeunesse et des Sports attend toujours que la Fécofoot réponde à deux requêtes jugées essentielles avant de libérer les enceintes. Sans ces éclaircissements, pas de coup d’envoi.
Aussi paradoxal que cela paraisse, les clubs ont terminé leur préparation physique, réservé les hôtels et pré-vendu des billets, mais l’incertitude institutionnelle pèse plus que les tests médicaux. « Nous sommes prêts, la question n’est plus sportive », souffle le coach d’un promu.
Les exigences précises du ministère des Sports
Premier point : la fédération a annoncé cet été que la Ligue 1 passerait de quatorze à seize équipes, mesure présentée comme un coup de pouce à la compétitivité. Le ministère rappelle que, selon les statuts, seule l’assemblée générale peut valider un tel changement.
Or, aucune assemblée n’a été convoquée depuis la dernière session ordinaire. « Nous ne contestons pas l’idée, mais la procédure compte », insiste un conseiller technique. Tant que le procès-verbal d’une réunion dûment constituée n’arrive pas sur le bureau ministériel, la motion reste sans effet.
Deuxième point : la suite des enquêtes sur les soupçons de manipulation de résultats observés lors des chocs As Otohô-Inter-Club à Kinkala et AC Léopards-CARA à Dolisie. Le département veut connaître les conclusions disciplinaires ainsi que les éventuelles sanctions déjà actées par les commissions.
La qualification d’As Otohô et d’AC Léopards aux compétitions africaines, malgré les suspicions, a nourri l’impatience des autorités. « Nous devons protéger la crédibilité du football congolais à l’international », note la même source, rappelant les exigences de la CAF en matière d’intégrité.
Les clubs entre frustration et adaptation
Sur le terrain d’entraînement de l’Étoile du Congo, les joueurs enchaînent les tours de piste, sans savoir quand ils joueront pour de bon. Le capitaine confie que le moral fluctue : « Le groupe reste soudé, mais le manque de compétition pèse sur la dynamique. »
À Pointe-Noire, l’AS Cheminots jongle avec les coûts. Chaque jour supplémentaire sans rencontre officielle signifie hôtels, repas et primes d’entraînement non budgétées. Le président du club calcule déjà des pertes potentielles de dix pour cent sur la prévision annuelle de recettes billetterie.
Plusieurs directions sportives étudient des matchs amicaux pour maintenir le rythme, mais craignent de blesser des titulaires clés. Le préparateur physique de Diables Noirs rappelle que « la charge doit être ajustée pour éviter les pics improvisés ». Les supporters, eux, se rabattent sur le streaming étranger.
Enjeux financiers et sportifs d’une reprise retardée
Selon un audit interne consulté par nos soins, chaque semaine de retard pourrait coûter environ 120 millions de francs CFA cumulés aux clubs de Ligue 1, en salaires, logistique et manque à gagner. Une facture qui grimpe si la saison devait être comprimée dans le calendrier.
Sur le plan sportif, la fenêtre FIFA de novembre se profile. Sans compétition domestique, les internationaux locaux risquent de manquer de rythme pour rejoindre les Diables Rouges. Le sélectionneur suédois Pamp Sundström aurait déjà sollicité un rapport médical détaillé sur l’état de forme des joueurs.
Les diffuseurs télévisés, qui ont versé un acompte pour obtenir l’exclusivité des rencontres, observent la situation avec circonspection. Une clause de leur contrat prévoit un réajustement financier si moins de trente journées sont effectivement disputées. Là encore, la balle est dans le camp administratif.
Quelles issues possibles ? Les pistes à l’étude
Côté fédération, des réunions techniques ont été programmées cette semaine pour harmoniser les positions. Un membre du comité exécutif assure que « les documents demandés seront fournis dans les meilleurs délais ». Il évoque même la perspective d’une assemblée générale extraordinaire avant la mi-octobre.
Le ministère, de son côté, se dit ouvert au dialogue. Une source proche du cabinet signale qu’« une fois les pièces transmises, l’autorisation pourra être signée le jour même ». Les différents acteurs souhaitent éviter un scénario de reprise précipitée qui exposerait les décisions à d’éventuels recours.
En coulisse, certains observateurs suggèrent un compromis : démarrer la saison à quatorze clubs, le temps que l’assemblée se tienne, puis intégrer les deux formations supplémentaires à la mi-parcours. Une solution qui préserverait l’équité sportive tout en respectant la lettre des statuts.
Pour l’heure, les fans devront patienter encore quelques jours, peut-être semaines. Entre exigences réglementaires, enjeux financiers et volonté commune de préserver l’image du football national, la reprise dépend désormais de la capacité de la Fécofoot à transmettre deux dossiers clés. Un simple coup de plume pourrait débloquer la saison.