Coup d’envoi repoussé de la Ligue 1
Prévue le 13 septembre, la première journée de la Ligue 1 congolaise devra finalement attendre quinze jours supplémentaires. La décision, prise d’un commun accord par la Fécofoot et les seize clubs réunis à Brazzaville, redistribue les cartes d’une saison déjà très attendue.
Au cœur du report, la question des infrastructures publiques, toujours placées sous la responsabilité du ministère des Sports. Selon les responsables fédéraux, l’autorisation d’utiliser les stades construits lors des récents programmes de modernisation tarde à être délivrée, bloquant la planification sportive.
Le casse-tête des infrastructures sportives
« Nous avons acté ensemble ces quinze jours de délai. Si rien n’évolue, nous irons vers un plan B », a déclaré Jean Guy Blaise Mayolas, président de la Fécofoot, à l’issue de la réunion tenue le 12 septembre au siège de l’instance fédérale devant les médias présents.
Les clubs ne cachent pas leur frustration. Sans rencontre officielle, les effectifs continuent de s’entraîner depuis trois mois, grevant leurs budgets. Au Congo, rappelle la Fécofoot, la subvention de la FIFA dépend d’un championnat effectif ; chaque semaine perdue se traduit par une pression financière supplémentaire.
La fermeture des enceintes publiques surprend d’autant plus que le pays ne dispose pas encore d’installations privées capables d’absorber l’élite. À travers la sous-région, plusieurs voisins s’appuient sur de tels modèles, mais la formule reste embryonnaire au Congo-Brazzaville faute de cadres juridiques et d’investisseurs.
Ignié, une alternative crédible ?
Face à l’impasse, l’option Ignié gagne du terrain. Le centre technique national, situé à une quarantaine de kilomètres de Brazzaville, pourrait accueillir les rencontres jusqu’à la levée des restrictions. Des travaux légers de sécurité y sont envisagés pour répondre aux standards exigés internationalement.
Le président fédéral se veut rassurant : « C’est un championnat national, nous devons protéger joueurs et public. Si Ignié est retenu, nous remonterons les grillages, installerons une mini-tribune, aménagerons des vestiaires. Les clubs nous ont accordé ces quinze jours pour tout préparer sereinement et garantir une ambiance familiale ».
Répercussions sur les clubs engagés
L’AS Otohô, engagé en Coupe de la Confédération, voit cependant son calendrier se compliquer. « Nous espérions disputer au moins trois journées avant d’affronter Primeiro de Agosto. Ce ne sera plus possible », regrette son secrétaire général Kévin Ikouma, soulignant le manque de rythme compétitif patent aujourd’hui.
Même constat du côté de l’Athlétic Club Léopards, en préparation pour la même échéance continentale. Les joueurs, affûtés physiquement, manquent d’automatismes en situation réelle. Le staff technique craint qu’un départ mitigé en compétition africaine ne pénalise l’image du football congolais à court terme également.
Promu cette saison, le Racing Club de Brazzaville doit également composer avec l’inconnu. « Fermer les stades nous fait mal, mais notre priorité reste de voir le ballon rouler », confie son président Jerry Doucouré, prêt à accepter Ignié pourvu que la décision intervienne vite et clairement.
Enjeux financiers et attentes du public
Pour la Fécofoot, la marge de manœuvre se réduit. L’instance doit garantir la tenue d’au moins trente rencontres afin de se conformer aux directives de la FIFA sur les championnats professionnels. Un calendrier condensé deviendrait inévitable si le report devait excéder les quinze jours annoncés.
Derrière la question sportive se profile aussi le volet économique. Les droits de diffusion, sources cruciales pour les clubs, sont négociés en fonction du nombre de matches disputés. Un championnat tronqué affaiblirait la capacité des équipes à honorer salaires, déplacements et frais médicaux essentiels.
Les supporteurs, eux, devront patienter. Plusieurs groupes de fanatiques avaient déjà prévu leur déplacement vers Brazzaville pour la première affiche. Sur les réseaux sociaux, les réactions oscillent entre compréhension et impatience, chacun espérant que la solution choisie préservera l’ambiance unique des stades congolais.
Du côté du ministère, aucune communication officielle n’a pour l’instant précisé les raisons exactes de la non-libération des infrastructures. Des sources proches du dossier évoquent des opérations d’entretien et de certification technique en cours, sans indiquer la durée nécessaire pour les finaliser dans les normes internationales.
Prochain rendez-vous décisif
En attendant, les entraîneurs adaptent leurs programmes. Les séances tactiques alternent avec des oppositions internes censées simuler la compétition. « Mais rien ne remplace la pression d’un match officiel », confesse un technicien, pour qui le blocage risque de ralentir la montée en puissance collective actuelle.
La prochaine réunion entre la Fécofoot, les clubs et les autorités sportives est programmée à la fin du délai de quinze jours. Chacun espère que des garanties concrètes sortiront de ce rendez-vous, qu’il s’agisse de rouvrir les stades ou de valider définitivement Ignié choisi.
Quoi qu’il advienne, la saison 2023-2024 s’annonce déjà sous tension. Entre l’exigence de résultats, les engagements financiers et l’aspiration du public, la marge d’erreur semble mince. Les quinze prochains jours seront donc décisifs pour l’élite congolaise et pour l’ensemble de son écosystème footballistique en construction.