Black-Label Lab à l’IFC Brazzaville
Du 22 au 25 septembre, l’Institut français du Congo de Brazzaville ouvre sa grande salle aux passionnés de lettres pour un atelier d’écriture baptisé “Black-Label”. Quatre journées promises intenses où les textes naîtront, se poliront puis se livreront au public sur scène.
Gratuit et sans prérequis, le rendez-vous s’inscrit dans la saison culturelle de l’IFC, toujours soucieuse de stimuler la création locale tout en valorisant les grands noms de la littérature francophone.
L’événement est placé sous le signe du recueil Black-Label, publié en 1956 par Léon-Gontran Damas, pionnier guyanais de la Négritude aux côtés d’Aimé Césaire et Léopold Sédar Senghor.
Hommage vibrant à Léon-Gontran Damas
Soixante-sept ans après sa parution, le texte de Damas reste un manifeste fulgurant contre les discriminations raciales et sociales. Sa langue crue, syncopée, mêle créole, argot et tournures savantes pour questionner sans cesse le rapport à soi et à l’autre.
“Black-Label fait toujours battre le cœur de la poésie contemporaine”, confie un médiateur culturel de l’IFC. “Le faire entendre à haute voix, c’est prolonger son souffle contestataire tout en l’ancrant dans nos réalités brazzavilloises.”
Le choix du recueil répond aussi à la volonté de rappeler que l’engagement littéraire peut être une fête, un espace de réappropriation de la parole où l’ironie et la musique des mots dénoncent aussi efficacement que n’importe quel discours politique.
De la page à la scène
Pendant quatre matinées, les participants travailleront l’écriture individuelle avant d’explorer le chœur collectif. L’accompagnement prévoira des jeux rythmiques, des lectures à voix nue et des exercices de mise en mouvement pour préparer le passage sur scène.
Chaque plume sera invitée à dialoguer avec la musique intérieure du texte. Selon l’équipe d’animation, l’objectif est que chaque auteur sente la vibration de ses mots jusque dans le timbre de sa voix et la posture de son corps.
La restitution publique, prévue le dernier soir, prendra la forme d’une scène ouverte. Familles, amis et curieux pourront découvrir des voix nouvelles portées par l’énergie du slam, de la lecture performée ou du théâtre poétique, toutes nourries par l’esprit de Damas.
Inscriptions gratuites et infos pratiques
Les inscriptions se font dès à présent à l’accueil de l’IFC Brazzaville, boulevard Denis Sassou Nguesso. Un simple formulaire d’état civil et une adresse électronique suffisent. Le nombre de places n’est pas limité, signe d’une volonté d’accessibilité totale.
Les séances débuteront chaque jour à 9 heures et s’achèveront à 13 heures afin de permettre aux étudiants comme aux actifs de vaquer à leurs obligations l’après-midi. Le matériel d’écriture est fourni, mais chacun peut venir avec ses carnets fétiches.
Pour les participants résidant hors de Brazzaville, l’IFC met en avant des hébergements partenaires à tarifs préférentiels. Aucune prise en charge n’est assurée, mais des réductions négociées auprès de petites auberges proches du centre-ville faciliteront la venue de provinciaux.
Un tremplin pour la jeune scène congolaise
Depuis plusieurs années, la capitale voit fleurir des scènes slam et des collectifs d’écriture. Cet atelier s’inscrit dans cet élan en offrant un cadre professionnel où les novices côtoient des poètes confirmés, favorisant un brassage intergénérationnel précieux.
Un enseignant de littérature congolaise note que “les ateliers de l’IFC ont déjà révélé plusieurs plumes aujourd’hui publiées. La gratuité permet de gommer les barrières financières et de créer une émulation que les maisons d’édition observent de près”.
Au-delà de la performance finale, les textes pourront être diffusés sur les plateformes numériques de l’Institut, offrant une visibilité nationale et auprès de la diaspora. Une manière de prolonger la résonance du Black-Label bien après le baisser de rideau.
Perspectives pour la littérature vivante
En célébrant Léon-Gontran Damas, l’atelier rappelle qu’il n’existe pas de mur entre mémoire et création. Les participants puiseront dans un classique pour formuler leur propre voix, inscrivant ainsi la Négritude dans un présent congolais pluriel.
Le succès attendu du Black-Label Lab pourrait encourager l’IFC à multiplier les formats combinant écriture et arts vivants. Une piste évoquée serait un cycle annuel consacré aux grandes voix africaines, associant formation, concours et tournées régionales.
En fin de compte, il ne s’agit pas seulement d’un atelier, mais d’un signal adressé à tous ceux qui, dans les quartiers de Brazzaville ou de Pointe-Noire, griffonnent des vers au dos d’un ticket de bus : leur voix compte et peut trouver scène ouverte.
La direction de l’IFC rappelle enfin que l’atelier sera également filmé afin de constituer des capsules pédagogiques disponibles en accès libre. De quoi inspirer, à distance, celles et ceux qui ne pourront se déplacer, et élargir la communauté des amoureux de la plume.