Une formation stratégique avant le scrutin
À sept mois de l’ouverture officielle de la campagne présidentielle de 2026, cinquante journalistes congolaises se sont retrouvées à Pefaco Hôtel pour trois jours d’échanges intensifs. L’atelier, piloté par l’Unesco, entend consolider la qualité de la couverture médiatique et renforcer la paix sociale.
Dans un contexte sous-régional marqué par les mutations numériques, la session cible la vérification des faits, l’équilibre des sources et la protection des reporters sur le terrain. La présence active de l’État congolais témoigne d’une volonté d’associer les médias féminins à la réussite du scrutin.
Un partenariat institutionnel solide
Le lancement officiel s’est déroulé sous l’autorité du ministre de la Communication, Thierry Moungala, entouré du président de la Cour suprême et de la CNEI, Henri Bouka, ainsi que du nouveau président du CSLC, Médard Milandou. Cette configuration renforce la crédibilité de l’initiative et l’adhésion institutionnelle.
Pour Mme Fatoumata Barry Marega, représentante de l’Unesco, « l’accompagnement des pouvoirs publics garantit un espace serein où la diversité des voix peut s’exprimer. » Elle souligne que la collaboration entre pays hôte et partenaires internationaux demeure cruciale pour transformer la formation en bénéfices tangibles pour la société.
Défis du numérique et rôle des femmes
La montée fulgurante des réseaux sociaux a déplacé la frontière entre producteur et consommateur d’information. Dans cet écosystème foisonnant, les participantes ont échangé sur les techniques de recoupement, la maîtrise des algorithmes et la détection de contenus manipulés, afin d’éviter la propagation de rumeurs électorales.
« La voix féminine apporte une sensibilité qui peut apaiser le débat public », estime Thierry Moungala. Selon lui, la radio communautaire ou la presse en ligne gagnent en pertinence lorsqu’elles reflètent la pluralité sociale. Encourager l’égalité professionnelle doit donc rimer avec consolidation de la cohésion nationale.
Contenus et échanges encadrés
Sous la coordination d’Arsène Sévérin Ngouéla, les modules ont abordé le droit de la presse, les obligations déontologiques et la sécurité personnelle sur le terrain. Le président de la Commission technique de la CNEI, Gaston Ololo, a détaillé les procédures électorales prévues pour garantir la transparence des opérations de vote.
La journaliste et ancienne haute conseillère Joachim Mbanza a partagé sa méthode d’entretien visant à accorder une place identique aux candidats, « même à ceux qui ne disposent que d’une petite structure partisane ». Ce principe, rappelle-t-elle, demeure un socle éthique pour éviter toute perception d’injustice médiatique.
Prosper Miyindou Ngoma, du Centre d’information des Nations unies, a insisté sur la pédagogie des chiffres électoraux. Pour lui, vulgariser les données de participation, les résultats intermédiaires ou les tendances régionales permet aux citoyens d’évaluer objectivement le scrutin et d’éviter l’emballement émotionnel.
Impacts attendus sur la couverture électorale
Au terme des trois jours, plusieurs participantes affirment se sentir prêtes à constituer des cellules de vérification au sein de leurs rédactions. L’objectif est de publier, en temps réel, des contenus débarrassés de désinformation, tout en respectant les règles de pluralité qui caractérisent les sociétés modernes.
La CNEI, de son côté, envisage de maintenir un canal direct avec ce réseau de journalistes afin de diffuser rapidement des éclaircissements officiels. « Nous gagnons à travailler ensemble pour prévenir les crises postélectorales », estime le président Henri Bouka, rappelant que la confiance publique reste le pilier des institutions.
Vers une présence médiatique plus inclusive
Au niveau académique, l’Université Marien Ngouabi étudie désormais la possibilité d’intégrer un module spécifique consacré au journalisme sensible au genre. Selon le doyen de la faculté de lettres, cette passerelle entre formation continue et cursus initial peut encourager davantage d’étudiantes à embrasser la profession.
Dans les rédactions brazzavilloises, la proportion de femmes titulaires de cartes de presse grimpe lentement mais sûrement. Les groupes audiovisuels publics annoncent déjà la création de deux nouveaux magazines politiques présentés exclusivement par des journalistes femmes, signe d’un changement culturel impulsé depuis plusieurs années.
Le Conseil supérieur de la liberté de communication promet, lui, d’accompagner cette visibilité accrue par des recommandations axées sur la parité des invités politiques. Cette démarche, ajoute Médard Milandou, vise à garantir que l’équilibre recherché dans les salles de rédaction se reflète également à l’antenne.
Aux yeux de l’Unesco, ces avancées locales s’inscrivent dans l’Agenda 2030 qui intègre l’égalité des genres dans l’accès à l’information. « Une couverture électorale inclusive limite la polarisation et renforce la gouvernance », rappelle Mme Barry Marega, confiante dans la capacité des participantes à devenir formatrices à leur tour.
À l’issue de la session, un groupe WhatsApp dédié a été créé pour partager ressources pédagogiques et alertes fact-checking pendant toute la période préélectorale. Cette plateforme illustre l’hybridation entre outils numériques et réseau humain, clé pour maintenir vigilance collective et professionnalisme jusqu’à la proclamation officielle des résultats.
Les résultats de cette formation feront l’objet d’une évaluation conjointe après le premier tour de la présidentielle. Un rapport analysera la proportion d’articles conformes aux standards établis et l’impact sur la perception des citoyens. Les organisateurs espèrent ainsi établir un modèle réplicable dans d’autres départements du pays.