Un calendrier électoral très attendu
Il aura fallu de longs mois d’atermoiements pour que la commission électorale indépendante de la Fédération congolaise de handball, présidée par Me Mouadh Ben Zaied, rende public son chronogramme. L’annonce d’un congrès électif fixé au 16 août a immédiatement suscité un regain d’intérêt, au sein non seulement de la famille du handball mais également des cercles diplomatiques attentifs à la stabilité des institutions sportives nationales. Dans un pays où les grandes compétitions demeurent un vecteur d’image, l’échéance apparaît comme un test de maturité démocratique sportive.
La sentence de la Ccas comme boussole juridique
Pour nombre d’observateurs, le véritable fil conducteur du processus reste la décision du 13 octobre 2023 rendue par la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport (Ccas). Celle-ci avait exclu les voix de Cara, AVR et Petro Sport du corps électoral, tout en enjoignant le Comité national olympique et sportif congolais de mettre sur pied une nouvelle commission indépendante. Selon le candidat Avicenne Nzikou, « poursuivre aujourd’hui le processus sans intégrer mot pour mot cette sentence reviendrait à minorer la portée de l’arbitrage » (déclaration à la presse, 2 mai 2024). La commission, de son côté, affirme s’être strictement arrimée aux statuts de la Fédération internationale de handball et de la Confédération africaine, rappelant que « la légalité demeure notre unique cap » (communiqué officiel, 3 mai 2024).
Ouverture des candidatures : transparence ou redémarrage ?
La publication d’un avis de convocation détaillant les modalités de dépôt de candidatures jusqu’au 16 juillet 2025 à 17 h 30, contre récépissé au siège du Cnosc, cristallise les divergences. Les tenants d’une lecture extensive considèrent cette étape comme la garantie d’un scrutin réellement ouvert. Les partisans d’Avicenne Nzikou y voient au contraire un risque de dilution de la décision arbitrale. Dans les deux camps, le mot d’ordre demeure cependant la recherche d’une compétition pacifiée, à même de réhabiliter une discipline dont les championnats nationaux tournent au ralenti depuis trois saisons.
Enjeux de gouvernance et d’image pour Brazzaville
Au-delà de l’aspect sportif, le futur bureau exécutif devra composer avec des impératifs de gouvernance financière, de développement des infrastructures et de diplomatie sportive. La relance des compétitions régionales, la formation des arbitres et la gestion des droits TV nécessiteront un partenariat avancé avec le ministère en charge des Sports, dont l’appui a été rappelé par son représentant : « Le gouvernement entend accompagner toutes les fédérations respectueuses des textes et tournées vers la performance » (point-presse du 27 avril 2024). Ce positionnement vient confirmer la volonté des autorités de s’aligner sur les standards internationaux de bonne conduite dans le sport, sans jamais empiéter sur l’autonomie statutaire des fédérations.
La diplomatie sportive comme terrain de consensus
Face aux critiques récurrentes portant sur la gouvernance des instances continentales, Brazzaville a souvent misé sur la diplomatie sportive comme levier d’influence mesurée. Le dossier Fécohand s’inscrit donc dans une dynamique plus large, où le respect des sentences arbitrales constitue un signal positif adressé aux partenaires étrangers et aux bailleurs de fonds. La perspective, évoquée par la Confédération africaine, de confier au Congo l’organisation d’un tournoi qualificatif pour les Jeux africains de 2027, impose dès maintenant une stabilité institutionnelle. « La crédibilité d’une fédération se jauge à sa capacité à organiser des élections acceptées de tous », résume un expert d’Africa Handball Consulting basé à Tunis.
Entre réalisme et espoirs d’apaisement
Dans le microcosme du handball congolais, chacun mesure que les hésitations du passé ont déjà coûté des places au classement continental. Les athlètes, qui s’entraînent souvent dans des conditions spartiates, guettent une issue rapide pour se concentrer sur le jeu. Les sponsors, eux, réclament un environnement juridique sécurisé avant d’allonger des budgets publicité. Le chronogramme dévoilé par la commission électorale offre donc une fenêtre d’opportunité : celle d’aligner enfin les intérêts des acteurs locaux avec les exigences internationales de transparence, sans perdre de vue l’impératif d’unité nationale qui, depuis plus de vingt ans, demeure le fil rouge de la politique sportive congolaise.
Cap sur le 16 août : un rendez-vous sous surveillance
À un peu plus de trois mois du scrutin, le temps est désormais compté. La validation des listes, la publication des programmes et l’organisation logistique du congrès se dérouleront sous l’œil vigilant des instances internationales, mais aussi des observateurs du corps diplomatique accrédité à Brazzaville. Dans un contexte régional marqué par des recompositions institutionnelles, le Congo-Brazzaville peut, à travers cette élection, consolider son image de partenaire fiable et respectueux de l’état de droit sportif. La balle est donc dans le camp des candidats, appelés à privilégier l’intérêt général d’un handball qui aspire à regagner, sur le parquet, les lauriers cédés aux voisins.