Un lancement porté par les autorités locales
Le préfet Marcel Nganongo a donné le coup d’envoi aux côtés de la coordonnatrice des activités sportives de la DGSP, dans un palais des sports comble. Le message est clair : faire revivre des installations longtemps sous-utilisées et rassembler la jeunesse autour d’elles.
Le responsable départemental a rappelé que la démarche s’inscrit dans le huitième axe du projet de société du chef de l’État, consacré à la promotion du sport de masse et à l’animation des infrastructures héritées des jeux africains de 2015.
En baptisant l’événement « J’aime la Bouenza au sens propre », le comité d’organisation entend aussi valoriser l’identité locale. Entre drapeaux vert, jaune et rouge et rythmes des fanfares scolaires, le public a répondu présent malgré une pluie fine persistante.
Quatre départements représentés sur le parquet
Vingt-trois clubs issus de Brazzaville, Pointe-Noire, Pool et Bouenza ont effectué le déplacement, certains en bus toute la nuit. Pour beaucoup de joueuses, c’est la première fois qu’elles évoluent devant des tribunes pleines, hors des capitales habituelles du handball congolais.
Les délégations ont été logées dans les internats des lycées de Madingou grâce à un partenariat avec la direction départementale de l’éducation. Les repas, élaborés par des coopératives féminines, mettent à l’honneur manioc, poisson fumé et feuilles de manioc pilées.
« Nous avons voulu montrer qu’un évènement sportif peut irriguer l’économie locale », confie le directeur technique Davy Goma. Des vendeuses de boissons, des moto-taximen et des artisans de pagnes imprimés « JLB » profitent déjà d’une hausse de fréquentation.
Détecter des talents pour les Diables Rouges
La Fédération congolaise de handball a dépêché trois superviseurs chargés d’établir une liste élargie pour les futures sélections jeunes. Les performances enregistrées en Bouenza nourriront le programme de détection en vue des éliminatoires africains 2024.
« Nous voulons un pipeline régional solide. Si chaque département aligne un rendez-vous annuel de cette ampleur, la sélection nationale gagnera en profondeur », estime l’entraîneur adjoint des Diables rouges, Aristide Mouyabi, venu observer gardiens et arrières gauches.
Les officiels accordent également une attention particulière à l’arbitrage. Douze jeunes sifflets suivent un stage pratique pendant la compétition, une première dans la région. L’objectif est de disposer d’arbitres certifiés capables d’accompagner la montée en gamme du championnat.
Premiers scores et suspense sur les chaises
Dès la soirée inaugurale, Grain de Sel a dominé HC Kali 29-26, arrachant les applaudissements de tout le gradin sud. Chez les dames, Banco Sport a surclassé Sainte-Barbe de Mindouli 50-26, affichant une puissance offensive redoutée.
Le lendemain matin, l’Académie a pris le dessus sur Lion Sport 36-28 tandis que la DGSP, favorite chez les dames, a infligé un cinglant 67-17 à Pigeon Vert. Les supporters ont brandi les drapeaux présidentiels, galvanisés par la performance.
Dans la catégorie masculine, la Tsongolaise confirme sa réputation, vainqueur 31-25 du Tout-Puissant de Loutété. Interclub s’est imposé 64-17 face à Sainte-Barbe, avant que JSO ne s’incline 31-35. Chaque victoire est saluée par des tambours et des vuvuzelas.
Des retombées sociales au-delà du hand
Au-delà du classement, le tournoi se veut levier de cohésion. Les délégations partagent des séances de sensibilisation sur la salubrité urbaine et la protection des rivières, menées par l’ONG Jeunesse verte Bouenza en marge des rencontres.
Les discussions portent aussi sur les opportunités offertes par le nouveau chemin de fer rénové Nkayi-Brazzaville. « Nous expliquons que le sport peut voyager avec le rail, réduire les coûts et rapprocher les populations », explique la responsable logistique, Carine Moukassa.
La préfecture envisage de pérenniser la dynamique par un jumelage avec les départements voisins. L’idée serait d’alterner les sites d’accueil chaque année, afin de mutualiser les budgets et de renforcer la solidarité inter-départements.
Un modèle de gouvernance sportive locale
Pour financer l’évènement, un comité public-privé a été monté. Les cimenteries locales, une banque et la mairie de Madingou couvrent 70 % du budget. Le reste provient d’un crowfunding lancé sur les réseaux sociaux par les jeunes volontaires.
Les organisateurs insistent sur la transparence budgétaire. Un relevé des dépenses est affiché à l’entrée du palais, une pratique inspirée des directives nationales en matière de bonne gouvernance. « Chaque franc doit être tracé », assure le trésorier Cyrille Tchicaya.
Cette démarche exemplaire pourrait servir de référence à d’autres disciplines, comme le volleyball ou l’athlétisme, qui cherchent également à reconquérir les terrains provinciaux. Les experts du ministère des Sports suivront attentivement la clôture et dresseront un rapport d’évaluation.
Cap sur la finale et les ambitions futures
Selon le calendrier publié, les demi-finales se tiendront le 18 septembre sous les projecteurs récemment installés. La finale, prévue le 20, sera retransmise sur Télé Congo, une première pour un tournoi organisé hors de Brazzaville et Pointe-Noire.
Si la ferveur se maintient, le préfet Nganongo souhaite inscrire l’évènement dans l’agenda sportif national. « La Bouenza mérite sa place sur la carte du handball congolais », conclut-il, confiant quant au rayonnement à venir du département.