La table-ronde de Kinshasa sous la loupe
Réunis le 12 août 2025 dans la salle du Palais du peuple, à Kinshasa, cinq cents jeunes issus de vingt-cinq pays ont confronté idées et expériences autour du thème « Créer un avenir durable » sous la bannière du Forum international de la jeunesse pour le développement de l’Afrique, Fijada.
Pendant quatre jours d’échanges, ateliers et plénières ont décrypté l’urgence climatique, la transition numérique et l’inclusion économique. Le président du Fijada, Jonathan Lumbeya Masuta, résume l’esprit des travaux : « La jeunesse porte des solutions pragmatiques, il faut lui ouvrir des passerelles ».
Des conclusions orientées action
Le rapport final, qui sera remis samedi à l’hôtel Saphir, met l’accent sur la plantation d’arbres urbains, la collecte intelligente des déchets plastiques et la formation en énergie solaire pour les quartiers périphériques. Chaque recommandation s’appuie sur un calendrier de mise en œuvre et des indicateurs mesurables.
Les participants ont également plaidé pour des incubateurs écotech continentaux. « Le continent ne manque pas d’idées, il manque parfois de mentorat structuré », confie la Rwandaise Aisha Uwimana, porte-parole du groupe Innovation.
Brazzaville accueille la délégation
Jonathan Lumbeya Masuta conduit une équipe de six jeunes, traversant le fleuve Congo pour partager ces conclusions avec leurs pairs brazzavillois. Il sera accompagné de l’ancien député José Cyr Ebina, soutien historique des initiatives juvéniles transfrontalières.
La cérémonie de restitution, prévue à 17 heures, marquera aussi l’installation officielle du bureau national Fijada, confié à Daniel Biangoud. « Nous voulons une antenne active, capable de dialoguer quotidiennement avec les lycées, universités et associations locales », assure le nouveau coordinateur.
Un environnement politique favorable
Le ministre Léon-Juste Ibombo, attendu parmi les invités, salue « l’alignement parfait entre le dynamisme de la société civile et les priorités du gouvernement en matière de transition verte ». Son collègue, le député Exaucé Ibam Ngambili, estime que ces plateformes « renforcent l’unité intergénérationnelle autour de l’intérêt général ».
La présence d’un représentant du système des Nations unies souligne l’importance internationale accordée au dossier climatique congolais. Les experts louent régulièrement les progrès du pays dans la protection de son massif forestier, atout stratégique du Bassin du Congo.
Voix croisées de la jeunesse d’Afrique centrale
Depuis Bangui, Pamela Audrey Derom, vice-présidente de l’Union panafricaine de la jeunesse, interviendra en visioconférence. Elle rappellera que « les forêts du Congo touchent aussi la Centrafrique ; leur sauvegarde est un combat commun ».
À Brazzaville, les associations Talents Verts, Génération Éco et Élite Numérique prévoient d’apporter des témoignages concrets sur le recyclage communautaire et l’entrepreneuriat digital, montrant qu’une génération connectée peut également être éco-responsable.
Le rôle pivot du nouveau bureau national
La première mission du bureau national sera de mettre sur pied un tableau de bord participatif, destiné à suivre l’application locale des résolutions de Kinshasa, depuis la plantation d’arbres jusqu’aux hackathons verts trimestriels.
Daniel Biangoud envisage aussi des partenariats avec l’université Marien-Ngouabi pour intégrer un module « climat et innovation » dans plusieurs filières. Selon lui, « l’éducation supérieure doit sortir des amphithéâtres pour s’ancrer dans le quotidien des quartiers ».
Perspectives régionales et financement
Les délégations ont identifié divers guichets de soutien, du Fonds vert pour le climat aux programmes de micro-subventions de la Banque africaine de développement. Un dossier unique, compilé par le Fijada, facilitera l’accès à ces ressources pour les jeunes porteurs de projets.
Jonathan Lumbeya Masuta reste confiant : « Notre génération n’attend pas la manne, elle propose des projets bancables. Les partenaires internationaux cherchent justement ce type d’initiatives crédibles, capables de créer de l’emploi local tout en réduisant l’empreinte carbone ».
Un impact déjà observable
À Kinshasa, les plantules offertes par l’Institut congolais pour la conservation de la nature ont été distribuées dans trois écoles pilotes. À Brazzaville, une action similaire est programmée dans le lycée Chaminade dès la semaine prochaine, avec le concours de la mairie.
Les réseaux sociaux relaient massivement ces opérations. Le mot-dièse #JeunesseClimatCongo a dépassé le million d’impressions en quarante-huit heures, signe d’un intérêt marqué chez les urbains connectés, souvent perçus comme éloignés des préoccupations environnementales.
Cap sur 2026 et au-delà
Le Fijada prévoit un sommet continental à Abidjan en 2026 pour évaluer les progrès des résolutions adoptées à Kinshasa. Une évaluation intermédiaire aura lieu à Brazzaville l’an prochain, renforçant le rôle pivot de la capitale congolaise dans cette dynamique.
Pour beaucoup d’observateurs, l’aventure illustre une nouvelle diplomatie juvénile africaine, moins centrée sur les déclarations symboliques et davantage axée sur le suivi des résultats. Les prochains mois diront si les promesses rencontreront la réalité, mais l’élan semble bien lancé.