Brazzaville vibre avant le retour du championnat
Dans la salle de conférence de la Fédération congolaise de football, l’atmosphère était studieuse. Jean Guy Blaise Mayolas, président du Comité exécutif, a reçu le 6 septembre les responsables des 14 clubs de Ligue 1 pour préparer la reprise officielle fixée au 13 septembre.
Après douze mois sans compétition, la date est très attendue par les supporters. « Nous voulons un championnat attractif et régulier », a martelé M. Mayolas, rappelant que l’édition précédente avait été interrompue par des difficultés logistiques et financières.
L’instance dirigeante entend tourner la page. « Repartir sur des bases solides est impératif pour l’image du football congolais », a ajouté le président, sous les applaudissements des dirigeants réunis.
Des obligations alignées sur les standards Fifa et Caf
Le patron de la Fecofoot a développé un cahier des charges inspiré des recommandations de la Fifa et de la Confédération africaine de football. Il exige que chaque club rende avant l’ouverture un organigramme fonctionnel, un plan budgétaire annuel et la preuve d’un siège social opérationnel.
« Nous ne réinventons pas la roue », a-t-il souligné. « Nous appliquons simplement les textes que nous avons signés. » La Fecofoot contrôlera régulièrement la tenue des assemblées générales, la certification des comptes et la mise en place d’écoles de football pour les moins de 15 ans.
Contrats écrits : sécuriser joueurs et employeurs
Le Comex veut mettre fin aux litiges récurrents sur les primes et indemnités. Désormais, tout engagement joueur-club devra être matérialisé par un contrat standard, déposé au secrétariat général de la Fecofoot et conforme aux annexes réglementaires de la Fifa.
« Sans document, pas de licence », a prévenu M. Mayolas. Cette mesure est saluée par plusieurs dirigeants. Yvon Mawana, président du Red Star, promu cette saison, estime que « la clarification des droits et devoirs réduira les conflits et encouragera les investisseurs à s’impliquer durablement ».
Un appui financier pour soulager les budgets
Pour accompagner ces exigences, l’instance a promis de régler les frais d’inscription de chaque club, évalués à deux millions de francs CFA. Elle versera également un chèque d’un million de francs à titre de première avance de fonctionnement.
Jean Guy Blaise Mayolas a parlé d’une « aide transitoire ». Une subvention complémentaire est annoncée, son montant sera dévoilé « après consolidation des partenariats commerciaux ». Alain Didier Kouetolo, secrétaire général adjoint du Cara, juge l’initiative « salutaire » car elle « allège la charge salariale en début de saison ».
Relance sportive : un enjeu national
La pause d’un an a impacté la condition physique des joueurs et la fréquentation des stades. Le retour du championnat doit redynamiser l’écosystème : vendeurs ambulants, diffuseurs, entraîneurs et supporters espèrent une reprise fluide et régulière sur neuf mois.
La Fecofoot prévoit quatorze semaines d’aller, une trêve de deux semaines, puis quatorze semaines de retour. Les rencontres seront programmées les week-ends pour favoriser l’affluence, avec des matchs avancés le vendredi soir à Brazzaville et Pointe-Noire.
Objectif Afrique : Léopards et AS Otoho en première ligne
Deux équipes représenteront le Congo en coupes interclubs. L’Athlétic Club Léopards affrontera l’Associaçao Black Bulls du Mozambique au tour préliminaire de la Ligue des champions africaine. L’Association Sportive Otoho défiera le Primeiro d’Agosto d’Angola en Coupe de la Caf.
Pour Jean Robert Ngatsé, analyste sportif indépendant, « reprendre la compétition domestique avant ces échéances est vital ; le rythme des rencontres locales conditionnera la performance continentale ». Les clubs espèrent passer ce cap pour offrir au pays un printemps footballistique.
Vers une professionnalisation durable du football congolais
La Fecofoot entend transformer l’essai. À moyen terme, elle projette l’obligation de contrats à durée déterminée, la formation d’administrateurs certifiés et la digitalisation des licences. Un audit informatique est déjà en cours pour l’enregistrement biométrique des joueurs.
« Nous voulons qu’en 2027 la Ligue 1 soit totalement professionnelle », a confié un membre du Comex. En toile de fond, la volonté d’attirer des diffuseurs internationaux et de renforcer la marque « Congo-Football » sur les réseaux sociaux.
Un calendrier serré mais assumé
Les clubs disposent de sept jours pour transmettre leurs dossiers administratifs complets. Un comité d’accompagnement, composé de juristes et d’experts comptables, se rendra dans les clubs afin d’apporter un appui technique et de vérifier la conformité sur le terrain.
En dépit du défi logistique, Yvon Mawana se montre confiant : « La date est bonne et les équipes sont prêtes. Nous voulons offrir aux supporters un spectacle digne du talent congolais. » La balle est désormais dans le camp des dirigeants de clubs.