Une impulsion présidentielle pour la santé publique
Alors que la saison des pluies se profile et avec elle la recrudescence endémique du paludisme, le département du Pool vient d’embrayer résolument sur la voie de la prévention. Le 2 août, depuis l’esplanade de la préfecture de Kinkala, le préfet Jules Mounkala Tchoumou a donné le coup d’envoi officiel à la distribution gratuite de moustiquaires imprégnées à longue durée d’action. L’initiative, portée par le ministère de la Santé et de la Population, s’inscrit dans la lignée des orientations arrêtées par le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, qui a fait de la lutte contre les maladies vectorielles un pilier de son agenda social. « Cette opération n’est pas un événement ponctuel mais un jalon supplémentaire dans la marche vers un Congo débarrassé du paludisme », a souligné le représentant de l’exécutif départemental devant les notables et les agents de santé.
La logistique numérique, colonne vertébrale de l’opération
Pour la première fois sur ce territoire, chaque moustiquaire est rattachée à un code QR scanné au moment de la remise. Ce système, détaillé par Cyr Edgard Mbadi Moumpouya, chef du service pharmacie et laboratoire à la DDSSSa, permet de cartographier en temps réel la couverture des ménages et d’éviter les doublons. Les équipes mobiles, réparties dans les dix sous-préfectures du Pool, disposent de tablettes alimentées par un logiciel développé en partenariat avec la start-up congolaise NzoTech. Les données agrégées seront transmises au Centre national de lutte contre le paludisme afin d’orienter les stocks supplémentaires et d’évaluer, d’ici six mois, l’impact sur l’incidence parasitaire.
Sensibiliser avant, pendant et après la remise
La distribution matérielle ne constitue cependant que la surface visible d’un programme qui mise avant tout sur le changement de comportement. Les agents communautaires ont reçu une formation de quatre jours axée sur la pédagogie sanitaire. Ils rappellent systématiquement qu’il faut aérer la moustiquaire 24 heures avant usage, proscrire l’eau de Javel lors du lavage, et résister à la tentation de détourner cet outil pour la pêche ou la couverture de cultures – pratiques qui amputent dramatiquement son efficacité. « Nous serons de bons éducateurs sur le terrain », promet Mbadi Moumpouya, convaincu que la réduction durable du paludisme « passe par l’appropriation domestique de la moustiquaire, et non par la simple réception d’un don ».
Un hôpital remis au propre, symbole de synergie locale
En marge de la campagne, la population a répondu massivement à l’opération de salubrité décrétée chaque premier samedi du mois. Haches, houes et sacs de jute ont afflué vers l’hôpital général de Kinkala, édifié durant la municipalisation accélérée, « ce beau bijou offert par le Président de la République », a rappelé la maire Edwige Ndebeka Biyengui. L’entretien des abords de l’infrastructure hospitalière, souvent premier recours dans la prise en charge des cas graves de paludisme, apparaît comme le complément logique de la prévention domestique. En nettoyant herbes hautes et déchets stagnants, les habitants réduisent les gîtes larvaires, renforçant ainsi l’impact sanitaire de la campagne.
Cap sur l’ambition zéro paludisme – horizon 2030
Le Pool n’est pas un cas isolé : la phase pilote lancée le 28 juin dans le Djoué-Léfini s’étend simultanément aux Plateaux, à la Cuvette, à la Cuvette Ouest et à la Likouala. Au total, plus de 1,8 million de moustiquaires devraient être distribuées d’ici la fin du trimestre, selon les projections du ministère. La stratégie nationale, appuyée par l’OMS et le Fonds mondial, vise à faire reculer l’incidence du paludisme de 60 % entre 2020 et 2025, puis à atteindre zéro décès évitable d’ici 2030. Les indicateurs publiés en avril montrent déjà une baisse de 12 % des admissions pédiatriques depuis la précédente campagne de 2021. Reste à convertir l’essai : un filet correctement utilisé chaque nuit, c’est une contamination en moins et un pas de plus vers un système de santé résilient.