Distribution de 450 300 manuels neufs
Sous les lambris du lycée de la Révolution, le ministre Jean Luc Mouthou a remis 252 250 manuels de mathématiques et 198 050 de français aux représentants des douze départements. Un camion par circonscription, scellé et comptabilisé, a quitté Brazzaville dès la fin de la cérémonie.
La remise, organisée le 29 septembre, s’inscrit dans la deuxième phase du plan national de dotation, amorcé en 2024 à Brazzaville et Pointe-Noire. Cette fois, l’ensemble du territoire est concerné, des côtes atlantiques aux rives de la Sangha.
Au total, 450 300 nouveaux livres rejoignent les cartables du cycle primaire. Tous sont imprimés sur papier pelliculé, illustrés de scènes locales et alignés sur les programmes actualisés par l’Institut national de recherche et d’action pédagogique, plus connu sous le sigle Inrap.
Objectif : équité d’accès aux savoirs
« Chaque élève, qu’il étudie à Ouesso ou à Madingou, doit disposer du même outil d’apprentissage », a résumé le ministre devant la presse. Selon lui, le manuel reste un vecteur irremplaçable pour consolider la lecture et le raisonnement, surtout en milieu rural.
Le lot couvre les classes de CP1 à CM2. Les mathématiques mettent l’accent sur la résolution de problèmes concrets, tandis que le français propose davantage d’exercices d’expression orale pour épouser la réalité plurilingue du Congo.
L’initiative bénéficie d’un financement mixte État-partenaires, dont la Banque mondiale et l’Unicef, mais la propriété intellectuelle revient à l’Inrap. Cette solution évite l’importation coûteuse d’ouvrages étrangers et renforce la filière nationale d’impression.
Calendrier de la rentrée 2025-2026
Malgré quelques pluies matinales, les cours débuteront le 1er octobre sur l’ensemble du territoire, a confirmé Jean Luc Mouthou. « Toutes les conditions matérielles et pédagogiques seront réunies pour accueillir les apprenants », a-t-il assuré, rappelant la mobilisation des inspecteurs depuis août.
Dans plusieurs chefs-lieux, les préfets ont prévu de superviser personnellement l’arrivée des livres dans les écoles publiques. À Brazzaville, un numéro vert sera activé pour signaler tout retard ou absence de manuel, afin d’éviter les ruptures observées par le passé.
Des chantiers scolaires en cours
Au-delà des manuels, le ministre a rappelé que plus de 120 salles de classe sont en construction ou réhabilitation, notamment à Dolisie, Impfondo et Ouesso. « Avoir un livre serait vain sans une salle sûre et ventilée », a-t-il insisté.
Le gouvernement mise sur les briques de terre compressée pour réduire les coûts et limiter l’empreinte carbone. Cette technique, testée à Boundji en 2023, permet de construire une salle en quatre semaines, contre huit pour le béton traditionnel.
Parallèlement, un programme de formation express mobilise 800 maîtres d’ouvrage locaux. Encadrés par les techniciens du ministère des Travaux publics, ils apprennent à poser des toitures en tôle laquée et à installer des pupitres antidérapants, gages de durabilité du patrimoine scolaire.
Inrap : suivi et évaluation continus
Le directeur général de l’Inrap, Augustin Nombo, a souligné que chaque département recevra une fiche de suivi. Les enseignants y consigneront le nombre d’exemplaires reçus, l’état des livres et les observations pédagogiques, puis remonteront ces données à Brazzaville chaque trimestre.
Une équipe mixte, composée de statisticiens et de pédagogues, analysera les retours pour ajuster les tirages et améliorer la qualité des contenus. L’objectif est qu’aucun élève ne reste sans manuel, y compris dans les zones reculées accessibles seulement par pirogue.
Réactions des départements
À l’issue de la cérémonie, la préfète de la Likouala, Joséphine Yombo, s’est dite « soulagée ». Selon elle, l’arrivée de livres neufs allégera les charges des parents, contraints jusque-là de photocopier les leçons. Elle promet d’en assurer une gestion rigoureuse.
Le maire de Pointe-Noire, Jean François Kando, voit dans ce programme un accélérateur de performance pour les écoles urbaines. « Nos classes surpeuplées retrouveront le goût de la lecture. Les enseignants gagneront en temps et en confort », a-t-il confié.
Un pas de plus vers la réussite
La distribution massive de manuels s’inscrit dans la feuille de route gouvernementale « Congo, Éducation pour tous ». Lancée en 2020, celle-ci prévoit d’atteindre un taux de possession d’un livre par élève au primaire dès 2027, contre 1 pour 4 auparavant.
Si la mesure est maintenue et évaluée, le Congo-Brazzaville pourrait figurer, selon l’Unesco, parmi les pays à haut niveau de disponibilité de ressources pédagogiques en Afrique centrale. Pour l’heure, parents, enseignants et apprenants scrutent les camions arrivant sur les parvis des écoles.
Impact économique et social
Les imprimeurs congolais voient leurs carnets de commandes doubler grâce à la production des nouveaux ouvrages. À la zone industrielle de Maloukou, l’usine Graphica a recruté 70 ouvriers temporaires, tandis que la Société congolaise de papier tourne désormais en continu pour fournir les ramettes.
Cette activité entraîne un effet domino sur le transport routier, l’hôtellerie et la restauration. Les chauffeurs affrétés pour livrer les livres parcourent plus de 1 800 kilomètres de pistes, générant des achats de carburant et des nuitées, notamment à Sibiti et Owando.
Selon la Chambre de commerce, près de 200 microentrepreneurs bénéficient déjà de ce flux logistique, confirmant que l’éducation, au-delà du savoir, constitue aussi un véritable moteur de croissance inclusive.