La salubrité au cœur des quartiers de Brazzaville
Dans le quartier 42 de Moungali, les riverains ont été réveillés par un ballet de pelles et de brouettes. Sous la houlette de la chef de quartier Marie-Claire Bouanga, la journée de salubrité du 6 septembre a visé les collecteurs transformés en décharges improvisées, malgré les panneaux d’interdiction visibles.
« Nous ne pouvons plus tolérer ces actes d’incivisme », a déclaré Mme Bouanga devant une trentaine de volontaires, rappelant que les dépôts clandestins bloquent l’écoulement des eaux, fragilisent les chaussées et favorisent la propagation de maladies hydriques, déjà redoutées à l’approche de la saison des pluies.
Des sanctions dissuasives annoncées
La responsable de quartier a prévenu que tout contrevenant intercepté en flagrant délit sera immédiatement conduit à la maison d’arrêt. Sur le terrain, des patrouilles mixtes police-hygiène se préparent à verbaliser, tandis que les chefs de bloc dressent des registres des résidents pour identifier les récidivistes.
« Nous ne menaçons pas, nous appliquons la loi », insiste-t-elle, assurant que les amendes prévues aideront à financer les futures campagnes de nettoyage. L’objectif est de créer un effet dissuasif sans pour autant rompre le dialogue avec les ménages, jugé indispensable pour un changement durable des comportements.
Le rôle crucial des services municipaux
Okana Ferré Samarange, directeur de la gestion de l’assainissement, rappelle que les collecteurs de Zangadzia Bangombé, à Bacongo, ont coûté plusieurs dizaines de millions de francs CFA. « Les obstruer avec des déchets réduit leur durée de vie et renchérit la maintenance », précise-t-il.
La société turque Albayrack, adjudicataire du marché de la propreté urbaine, mobilise chaque semaine camions-bennes et balayeurs mécanisés. Les équipes, facilement reconnaissables à leurs gilets verts, collectent les tonnes de détritus stockés dans les aires de transit avant de les acheminer vers la décharge contrôlée de Mpila.
Précollecte et solutions provisoires
En attendant l’installation généralisée de bacs plastiques, des opérateurs de précollecte sillonnent ruelles et impasses à l’aide de motos triporteurs. Formés par la Direction générale de l’assainissement, ces jeunes entrepreneurs facturent un service à domicile d’environ 300 F CFA par sac, évitant aux familles de parcourir plusieurs centaines de mètres avec leurs déchets.
Roger Aurélien Christian Itoua, conseiller à l’assainissement, précise que les arrondissements dépourvus d’aires de transit disposent d’une décharge provisoire à Mpila, ouverte aux précollecteurs à des heures définies. « La porte reste ouverte, à condition de respecter les horaires et le tri minimal des déchets solides », rappelle-t-il.
Une mobilisation citoyenne qui s’intensifie
À Makélékélé, Bacongo et Ouenzé, les opérations de curage et de désherbage se multiplient grâce à l’implication des ONG locales, dont Salubrité Hygiène. Les chefs de quartier distribuent gants et sacs en jute, tandis que les mairies fournissent les camions pour le transport final.
Sur les réseaux sociaux, de jeunes influenceurs postent des vidéos avant-après pour encourager la participation. « Si chacun balaie devant sa porte, la ville sera propre », martèle l’étudiant Rodrigue Mavoungou dans un clip visionné plus de 20 000 fois. Ce relais numérique complète les campagnes radio diffusées en lingala et kituba.
Les autorités rappellent enfin le lien entre propreté et sécurité routière. Des caniveaux dégagés limitent les inondations subites qui, chaque année, endommagent chaussées et habitations. « Prévenir, c’est protéger nos familles et notre économie locale », conclut Mme Bouanga, appelant à un sursaut de responsabilité partagée.