Aperçu d’une coopération stratégique
Sous les lambris du Sénat à Brazzaville, l’ambassadeur de France, Claire Bodonyi, et le président du groupe d’amitié Congo-France, Aristide Ngama Ngakosso, ont réaffirmé la volonté des deux chambres hautes de traduire en actes concrets le mémorandum de coopération signé cette année.
Un mémorandum ambitieux signé en 2024
Paraphé en mars 2024 au Palais du Luxembourg, le texte fixe une feuille de route couvrant la formation des élus, l’échange d’expertises thématiques et la coordination d’initiatives régionales. Il complète les accords diplomatiques existants en leur donnant un prolongement législatif plus opérationnel encore.
Les deux Sénats se sont engagés à évaluer chaque semestre les progrès réalisés, en s’appuyant sur un tableau de bord commun. L’idée est de passer du simple dialogue institutionnel à des programmes mesurables, finançables et utiles aux problématiques quotidiennes des circonscriptions locales.
Énergie et transition, priorités partagées
L’enjeu énergétique occupe le haut de l’affiche. Le Congo s’interroge sur la diversification de son mix, tandis que la France partage ses retours sur l’acceptabilité des éoliennes. Les commissions compétentes planchent sur des ateliers conjoints, prévus dès le début 2025 de l’année.
Claire Bodonyi souligne que « la transition réussira si elle est portée par le législateur, proche des réalités locales ». Côté congolais, plusieurs sénateurs souhaitent capitaliser sur l’hydroélectricité, la biomasse et le solaire, tout en attirant l’investissement privé dans un cadre règlementaire stable et sécurisé.
Migration : expérience comparée des législateurs
La politique migratoire figure aussi dans le mémorandum. Paris dispose d’un Office français de l’immigration, alors que Brazzaville étudie une réforme de ses procédures d’accueil. Les élus veulent comparer les mécanismes d’intégration, les quotas professionnels et les campagnes d’information auprès des diasporas.
« Chaque pays a son histoire, mais dialoguer permet d’éviter les crispations », rappelle Aristide Ngama Ngakosso. Un rapport conjoint est attendu pour l’été 2025. Il dressera un état des lieux des flux, des besoins économiques et des pistes pour une coopération consulaire renforcée future.
Désinformation : défi numérique majeur
L’explosion des réseaux sociaux a relancé le sujet de la désinformation. Les deux Sénats envisagent des sessions de formation communes pour leurs communicants, inspirées des modules développés par l’Agence France-Presse. Objectif : repérer, documenter et démentir rapidement tout contenu manipulé ou malveillant potentiellement.
Selon la diplomate française, certaines campagnes cherchent à fragiliser « l’excellence de la relation bilatérale ». Une cellule de veille binationale devra être opérationnelle d’ici décembre, avec un protocole d’alerte et la possibilité de saisines conjointes auprès des plateformes internationales en cas d’attaques coordonnées.
Groupes d’amitié, moteur discret mais efficace
Le groupe d’amitié parlementaire, créé il y a plus de vingt ans, joue un rôle charnière. Ses membres visitent tour à tour les circonscriptions de leurs homologues, observent les séances plénières et proposent des amendements inspirés des meilleures pratiques relevées durant ces immersions fructueuses.
À Brazzaville, la commission des affaires étrangères table sur une plateforme numérique collaborative pour suivre les dossiers. Cette interface, hébergée localement, facilitera la consultation des projets de loi, l’organisation de visioconférences et la remontée des préoccupations citoyennes vers les sénateurs en temps réel.
Retombées locales pour les sénateurs congolais
La coopération ne se limite pas aux capitales. Dans les départements, les sénateurs congolais entendent mobiliser les mairies, les universités et les chambres de commerce pour valoriser les retombées du partenariat, qu’il s’agisse de bourses d’étude ou d’appels à projets énergétiques locaux.
Le sénateur du Niari, par exemple, souhaite attirer un jumelage avec la région française de l’Aude pour développer des formations en viticulture. Ces coopérations thématiques, souvent ignorées du grand public, constituent pourtant des leviers tangibles de diversification économique et d’emploi rural durable local.
Calendrier de travail intensifié jusqu’en 2025
Pour maintenir l’élan, un calendrier très serré a été adopté. Une mission d’information française arrivera à Brazzaville en novembre, suivie d’une visite retour au Sénat de Paris en février. Chaque étape donnera lieu à un communiqué et à une conférence thématique publique.
Les services des deux chambres finalisent aussi un accord logistique permettant la mise à disposition de traducteurs, de bureaux temporaires et d’outils de vote électroniques compatibles. Cette rationalisation vise à réduire les coûts de déplacement et à accélérer la rédaction des comptes rendus officiels.
Vers une relation parlementaire durable
Au-delà des dossiers techniques, responsables et observateurs s’accordent sur un point : la coopération parlementaire nourrit le climat de confiance global entre Brazzaville et Paris. Elle crée des relais stables qui complètent la diplomatie exécutive et facilitent l’émergence de projets bilatéraux innovants futurs.
La diplomatie parlementaire, relais du partenariat global
La diplomatie parlementaire apparaît ainsi comme un laboratoire où s’expérimentent de nouvelles méthodes de dialogue. Son succès repose sur la régularité des échanges mais aussi sur la capacité des élus à associer la société civile et le secteur privé.
Dans un contexte mondial marqué par l’incertitude, le mémorandum 2024 offre au Congo et à la France une boussole fondée sur l’écoute mutuelle. Les prochains mois diront jusqu’où cette dynamique parlementaire saura inspirer d’autres partenariats africains et européens ambitieux.