Lancement du livre à Brazzaville
Sous les plafonds du Centre culturel français à Brazzaville, Max Bouhoyi a levé le voile sur son premier essai, « Le Congo numérique en construction », devant un parterre de décideurs publics, patronaux et universitaires.
La séance, ponctuée de lectures et d’une séance de dédicaces, a réuni des opérateurs télécoms, des organisations régionales et plusieurs hauts fonctionnaires, signe d’un intérêt croissant pour l’avenir digital du pays.
Avec 238 pages, l’ouvrage se présente comme un plaidoyer méthodique pour l’harmonisation des infrastructures de connectivité, condition jugée indispensable à l’essor économique et à la souveraineté numérique de la République du Congo.
L’auteur souligne que la fibre optique, les câbles sous-marins, les data centers et la couverture satellitaire gagnent à être pensés comme un tout, plutôt que comme des investissements isolés.
Zoom sur les infrastructures numériques
Deux segments clés sont passés au crible : le spatial, avec les satellites garants de la capillarité nationale, et le maritime, où la fibre relie le littoral congolais aux réseaux internationaux à haut débit.
Max Bouhoyi dresse un inventaire précis des points d’atterrissement, des fourreaux terrestres et des stations techniques, puis compare ces atouts aux standards observés dans d’autres pays africains à croissance rapide.
Cette grille d’analyse lui permet d’identifier des goulets d’étranglement : sur-taxation de l’équipement, redondances réglementaires et insuffisante mutualisation des réseaux dits critiques.
Le chapitre central propose ainsi quatre axes : révision de la loi sur les communications électroniques, fiscalité incitative, partage d’infrastructures et gouvernance numérique intégrée, chacune détaillée avec des exemples et un calendrier indicatif.
Plaidoyer pour des réformes cohérentes
En préfacier, Yves Ickonga, conseiller du chef de l’État chargé des télécoms, salue « une démarche citoyenne alignée sur la transformation numérique portée de longue date par le président Denis Sassou Nguesso ».
Pour lui, le texte ne se limite pas au constat ; il fournit une boussole stratégique qui appelle « la conjugaison des efforts de l’État, du secteur privé, du monde académique et de la société civile ».
Appoliange Josué Mavoungou, directeur général adjoint de L’Harmattan Congo, qualifie l’accouchement de l’ouvrage de « naissance symbolique », rappelant que la diffusion d’idées reste un maillon essentiel de la chaîne de valeur numérique.
Eric Dibas-Franck, autre préfacier et secrétaire permanent du comité interministériel de l’action de l’État en mer, insiste sur le rôle transversal du digital, du rivage aux eaux continentales.
À ses yeux, la modernisation du littoral, enjeu sécuritaire stratégique, dépendra demain d’une connectivité robuste capable de piloter en temps réel la surveillance maritime et la logistique portuaire.
Coordination des acteurs et gouvernance
Pour nourrir le débat, Max Bouhoyi propose la création d’un Conseil national du numérique, instance indépendante chargée de coordonner politiques publiques, normes industrielles et initiatives citoyennes.
Selon l’auteur, une telle plateforme favoriserait la transparence réglementaire et rassurerait les investisseurs par une lisibilité accrue des priorités gouvernementales.
Le livre insiste également sur la nécessité d’un cadre fiscal compétitif, estimant que le coût des licences, équipements et bande passante doit refléter un objectif de démocratisation des services plutôt qu’une logique uniquement budgétaire.
Lors du panel stratégique « Construire les bases d’un Congo numérique », plusieurs intervenants ont décrit la mutualisation des infrastructures comme un levier d’inclusion, capable d’abaisser les tarifs et d’étendre la couverture rurale.
Les panélistes ont toutefois rappelé que la technologie n’est qu’un maillon ; sans formation renforcée, la population ne pourra exploiter pleinement l’internet haut débit déjà disponible sur certains axes.
Capital humain et diversification économique
Max Bouhoyi rejoint ce constat et plaide pour un programme national de compétences numériques, articulé avec les universités et les partenaires techniques internationaux.
L’auteur rappelle que l’économie du savoir représente aujourd’hui un marché aussi stratégique que les matières premières, offrant au Congo l’opportunité de diversifier ses revenus et d’attirer des services à forte valeur ajoutée.
Expert des télécommunications, diplômé de l’IAE de Paris et officier dans l’Ordre du Mérite congolais, Max Bouhoyi met son expérience de terrain au service d’une réflexion accessible, jalonnée d’études de cas concrètes.
Son objectif, martèle-t-il, est d’éviter que le Congo ne devienne simple consommateur de solutions importées, alors même qu’il dispose d’une jeunesse innovante et de ressources technologiques déjà implantées.
Premières retombées dans l’écosystème
Depuis sa sortie, l’ouvrage circule dans les universités, les incubateurs et les administrations, amorçant un dialogue que beaucoup espèrent voir déboucher sur des réformes législatives dès la prochaine session parlementaire.
Si le livre n’apporte pas toutes les réponses, il fixe un cap : faire du numérique un accélérateur de compétitivité et d’inclusion, au service du développement voulu par les autorités congolaises.
Les enseignants de l’Université Marien-Ngouabi projettent d’inclure le livre dans leurs séminaires de droit du numérique, afin de confronter les étudiants aux défis réglementaires évoqués par l’auteur.
De son côté, la fédération des télécoms qu’il préside préparerait une feuille de route inspirée des propositions publiées, qu’elle soumettra aux autorités de régulation avant la fin de l’année.
Ce prolongement concret montre que la parution, loin de rester un événement littéraire, s’inscrit déjà dans la mécanique de décision économique et dans la stratégie d’attractivité du Congo en matière de TIC.