Un cap inédit pour la défense des droits humains
Réunie en session plénière à Brazzaville du 22 au 25 septembre, la Commission nationale des droits de l’homme a adopté son tout premier plan stratégique portant sur la période 2025-2028. Le document fixe une feuille de route claire qui doit permettre à l’institution d’intensifier la promotion et la protection des droits fondamentaux.
Prévue par la Constitution, la CNDH joue le rôle de sentinelle entre les citoyens et les pouvoirs publics. En présentant ce plan, son président, Casimir Ndomba, a salué « une étape décisive » susceptible d’ancrer durablement la culture des droits de l’homme dans la société congolaise, tout en renforçant la crédibilité de l’organisme.
Le texte quadriennal intervient huit mois après la mise en place des nouveaux commissaires. Ceux-ci disposent désormais d’un cap tactique et d’indicateurs de performance précis. L’objectif déclaré est de sortir la CNDH d’un fonctionnement essentiellement réactif pour la projeter vers l’anticipation et la prévention des violations.
Transparence et gouvernance comme maîtres-mots
Les commissaires ont simultanément adopté un règlement intérieur révisé et un règlement financier répondant aux standards internationaux de bonne gestion. Casimir Ndomba assure que ces instruments « garantissent la lisibilité des procédures et la traçabilité des ressources », deux critères jugés indispensables pour attirer partenaires et bailleurs.
En matière de financement, le président souligne l’importance d’une collaboration constructive avec l’État, mais aussi avec la société civile et les organismes multilatéraux. « Notre indépendance repose sur la diversité de nos soutiens, non sur un isolement », a-t-il résumé en clôture de session.
Afin de suivre l’exécution du plan, un comité d’audit interne sera activé chaque semestre. Ses rapports, promis publics, devraient nourrir un baromètre de la transparence consultable en ligne. Cette initiative entend rassurer les usagers sur la bonne utilisation des ressources affectées à la défense de leurs droits.
Cinq sous-commissions pour une couverture complète
Pour transformer les orientations stratégiques en programmes, la CNDH s’appuie sur cinq sous-commissions fraîchement installées : droits civils et politiques, droits économiques et socioculturels, droits des groupes vulnérables, équité et genre, coopération avec les mécanismes régionaux et internationaux.
Chaque entité doit produire un plan d’action annuel, assorti d’indicateurs vérifiables. Les responsables s’engagent à publier des rapports thématiques trimestriels distincts du rapport général de la Commission, offrant ainsi une lecture plus fine des tendances observées sur le terrain.
L’approche sectorielle répond à une demande récurrente des associations de défense des droits humains, souvent confrontées à la dispersion des informations. Avec cette architecture, la CNDH espère gagner en réactivité, mutualiser son expertise et réduire les doublons administratifs.
Reconquérir la confiance citoyenne
Au-delà des textes, l’équipe dirigeante mise sur la proximité. Des permanences hebdomadaires seront organisées dans les chefs-lieux de département pour recueillir plaintes et témoignages. Une ligne verte gratuite est également en préparation afin de faciliter la saisine à distance des populations rurales et de la diaspora.
Casimir Ndomba insiste : « Notre légitimité se mesurera à l’impact concret de nos actions. Nous voulons que les victimes voient des résultats tangibles, pas seulement des communiqués ». Les commissaires évoquent déjà la création d’un tableau de bord public affichant les dossiers traités, les résolutions prises et le suivi opéré.
La CNDH entend par ailleurs intensifier ses campagnes d’éducation aux droits, notamment dans les établissements scolaires. Des modules interactifs, élaborés avec le ministère de l’Éducation, expliqueront aux élèves leurs droits et devoirs, afin de bâtir un réflexe citoyen dès le plus jeune âge.
Pour toucher la jeunesse urbaine connectée, l’institution développera un portail numérique multilingue. Il regroupera textes légaux, recommandations et formulaires de saisine. L’outil, accessible sur smartphone, devrait être mis en ligne avant le premier trimestre 2025, selon le calendrier adopté.
Les prochaines étapes d’ici l’entrée en vigueur
Le plan stratégique doit maintenant passer l’épreuve de la validation budgétaire. Une enveloppe prévisionnelle sera soumise au ministère chargé des Finances dans les semaines à venir. La CNDH table sur une adoption avant la loi de finances 2025 pour éviter tout décalage de mise en œuvre.
Parallèlement, les commissaires se préparent à un exercice de priorisation. Les actions jugées cruciales — renforcement des plaintes, accès des personnes handicapées, suivi des recommandations internationales — seront inscrites en phase pilote dès 2024 afin de tester les outils de monitoring.
Les partenaires techniques, dont plusieurs agences onusiennes, ont salué cette démarche de planification. Ils attendent néanmoins des garanties sur le suivi. « L’enjeu est de traduire la vision en actes, et les actes en statistiques vérifiables », résume un conseiller régional des droits de l’homme.
Si la feuille de route est respectée, la CNDH pourrait se positionner comme un acteur de référence dans la sous-région. Pour Casimir Ndomba, la réussite passera par une collaboration harmonieuse avec les pouvoirs publics, la société civile et les partenaires internationaux, dans un esprit d’ouverture et de dialogue constructif.