Un relevé de conclusions très attendu
Au terme d’une séance de lecture minutée à la seconde près, le chargé de communication de la Fédération des syndicats du travail et de la santé (Fesytrasas), Joël Bazoma, a livré aux personnels du Centre hospitalier universitaire de Brazzaville le relevé des conclusions signé avec la direction générale. Quinze minutes auront suffi pour égrener un catalogue d’engagements dont la portée, elle, s’inscrit sur le long terme. Pour le professeur Thierry Raoul Alexis Gombet, directeur général du CHU-B, « cet accord ouvre une séquence de coopération loyale dont l’hôpital ne pourra que sortir grandi ». La cérémonie, placée sous l’égide du directeur départemental du Travail, Yvon Roger Tseke-Tseke, revêtait une importance particulière dans un contexte où les tensions internes menaçaient de perturber la prise en charge des patients.
Des engagements chiffrés pour redonner souffle au CHU-B
Premier point, la Commission paritaire d’avancement et de sécurité sociale 2024 devra se réunir avant le 31 août 2025 afin de résorber les lenteurs administratives. Dans le même élan, les partenaires sociaux exhortent l’État à poursuivre la réhabilitation des plateaux techniques, condition sine qua non pour garantir des soins de qualité et limiter les évacuations sanitaires coûteuses. Le Gouvernement est également appelé à solder, dans les meilleurs délais, les deux mois d’arriérés de salaire de juin et juillet 2025, rappelant ainsi l’impératif d’une trésorerie assainie pour préserver la motivation des soignants. Autre dossier sensible : la dette structurelle du CHU-B envers la Caisse nationale de sécurité sociale. Une commission d’experts sera mandatée pour évaluer avec précision les sommes dues et proposer un échéancier réaliste, gage de transparence vis-à-vis des agents comme des partenaires financiers.
La convention collective remise sur la table
Signe tangible d’une volonté de modernisation de la gouvernance hospitalière, les parties se sont accordées pour relancer sous deux mois les négociations de la convention collective. Objectif : harmoniser la grille salariale des directeurs avec celle des équipements et des ressources humaines équivalents de la sous-région. Selon un cadre syndical, « l’hôpital gagnera en attractivité si la rémunération reflète la responsabilité exercée ». En parallèle, la commission de suivi des arriérés sera redynamisée afin de sécuriser la transmission des dossiers à la Caisse congolaise d’amortissement avant le 30 octobre 2025. Au-delà de l’aspect financier, la formation des gestionnaires des ressources humaines aux subtilités du droit syndical est identifiée comme un levier majeur de prévention des conflits.
Médiation publique et culture du consensus
La présence active de la direction départementale du Travail rappelle le rôle cardinal de l’État dans la conciliation sociale. « Nous ne sommes pas de simples arbitres ; nous facilitons l’écoute mutuelle dans l’intérêt supérieur du service public », a résumé Yvon Roger Tseke-Tseke. En retour, les partenaires sociaux se sont engagés à privilégier la négociation plutôt que le rapport de force, conforme aux orientations nationales prônant la paix sociale comme vecteur de performance économique. Plusieurs observateurs notent que cette méthode, éprouvée dans d’autres secteurs stratégiques, s’inscrit dans la droite ligne des politiques publiques visant à renforcer la cohésion autour des objectifs de développement.
Perspectives : de l’urgence hospitalière à l’urgence de confiance
Le CHU-B, vaisseau amiral du système de santé congolais, n’ignore pas que le temps hospitalier est celui de l’urgence. Or la confiance ne se décrète pas, elle se construit patiemment. La signature du relevé de conclusions constitue un jalon décisif, mais le véritable baromètre sera la mise en œuvre effective des mesures convenues. La direction annonce déjà une première évaluation d’étape en novembre 2025, tandis que les syndicats, prudents, disent vouloir juger « sur pièces et sur résultats ». Si les échéances sont tenues, l’établissement devrait gagner en stabilité et en efficacité, offrant ainsi aux Brazzavillois des soins à la hauteur de leurs attentes. Au-delà des murs du CHU-B, c’est toute la culture du dialogue social qui pourrait se trouver confortée, renforçant l’idée qu’en République du Congo la négociation demeure le meilleur antidote aux crises.