Don d’eau minérale: un soutien tangible
La remise de 6 750 litres d’eau minérale par Global développement S.A., dépositaire de la marque Globaline, a constitué l’un des moments forts de la lutte contre l’épidémie de choléra enregistrée cet été dans le District de l’Île Mbamou et deux localités du Congo-Oubangui.
Jeudi 20 août 2025, le directeur général Michel-Roger Bounda a remis symboliquement les bidons au ministre de la Santé et de la Population, le Professeur Jean-Rosaire Ibara, en présence de l’Organisation mondiale de la Santé et d’acteurs privés de la chaîne médicale nationale.
Estimé à un million de francs CFA, le don vise surtout à garantir une eau exempte de bactéries dans les zones où les puits et les forages sont temporairement fermés pour désinfection, explique la cellule d’urgences du ministère, qui y voit « un renfort logistique crucial ».
État des lieux de l’épidémie de choléra
Selon les données consolidées au 4 août, les équipes de surveillance totalisaient 335 cas suspects, 29 décès et 234 guérisons, des chiffres qui montrent à la fois l’ampleur initiale du foyer et l’efficacité de la prise en charge progressive.
Le ministère rappelle que l’épidémie a officiellement été déclarée le 26 juillet, après l’identification de plus de cent cas et douze décès dans l’Île Mbamou, zone insulaire où la promiscuité rend la propagation plus rapide que sur le continent.
Un second foyer s’est matérialisé début août à Mossaka et Loukoléla, deux villes fluviales stratégiques, provoquant un déploiement immédiat de kits hydroélectrolytiques, de stations de chloration et d’équipes mobiles de sensibilisation communautaire.
La réponse gouvernementale coordonnée
Sous la houlette du Centre des opérations d’urgence de santé publique, les autorités ont activé le plan national de préparation, articulé autour d’une surveillance accrue, d’une prise en charge gratuite et d’une communication intensive sur les bons gestes.
« Nous privilégions l’approche communautaire », souligne le Professeur Ibara, qui insiste sur le rôle décisif des comités de quartier pour alerter, recenser et orienter rapidement les cas potentiels vers les centres de traitement ouverts 24 heures sur 24.
Le gouvernement finance également le transport fluvial sécurisé des prélèvements vers le laboratoire de référence à Brazzaville, réduisant le délai d’analyse à moins de 48 heures, un gain salué par l’OMS présente sur le terrain.
Partenariats privés et responsabilité sociétale
Dans la continuité du don de Global développement, d’autres entreprises locales, notamment des opérateurs pétroliers et des maisons de télécommunication, ont annoncé des contributions en matériels d’assainissement et en messages gratuits de sensibilisation par SMS.
La fédération patronale estime que « protéger les travailleurs, c’est protéger la production », soulignant la corrélation entre santé publique et performance économique, alors que les exportations de bois et d’hydrocarbures dépendant du fleuve auraient pu être ralenties.
Pour Global développement, déjà engagée dans la promotion de l’hydratation saine, l’initiative offre aussi l’opportunité de tester la logistique de distribution sur des sites éloignés, une expertise précieuse pour d’éventuelles expansions régionales.
Citoyens mobilisés pour la prévention
Dans les quartiers Poto-Poto et Bacongo, des jeunes volontaires diffusent des jingles en lingala et en kituba rappelant de laver les mains, chlorer l’eau et consulter dès les premiers signes de diarrhée aqueuse, pratique qui, selon la Croix-Rouge, réduit le risque de moitié.
Des familles témoignent de la pertinence des consignes : « Nous avons adopté l’eau bouillie même pour préparer le foufou », confie Mireille Mapata, mère de trois enfants, tandis que les radio-clubs communautaires relaient les horaires des équipes de chloration mobile.
La saison sèche aidant, le niveau du fleuve est bas et concentre les déchets ; les autorités sanitaires insistent pour que les pêcheurs désinfectent leurs embarcations avant de remonter le courant vers les zones de marché.
Enseignements et actions à long terme
Pour les épidémiologistes, l’épisode rappelle l’importance d’investir durablement dans l’accès à l’eau potable, l’assainissement et la surveillance transfrontalière, car les mouvements sur le fleuve Congo peuvent réintroduire la bactérie Vibrio cholerae même après une accalmie.
La collaboration public-privé, illustrée par le don de Globaline, offre un modèle réplicable : un signal rapide, un acheminement sans frais et un contrôle de qualité renforcé pourraient devenir des standards pour toute crise future, sanitaire ou humanitaire.
Le ministère planifie parallèlement des forages modernes sur l’Île Mbamou afin d’offrir une source permanente d’eau propre, projet financé par la Banque africaine de développement et déjà soumis à évaluation environnementale pour démarrer avant la prochaine saison des pluies et améliorer durablement la résilience insulaire en période de crue.
À Brazzaville, l’Institut national de recherche biomédicale prévoit de renforcer son plateau de biologie moléculaire, ce qui permettra d’identifier les souches circulantes en moins de six heures, facilitant la surveillance des résistances aux antibiotiques recommandés.
Enfin, les experts saluent la transparence des bulletins quotidiens publiés sur les réseaux sociaux du ministère, initiative jugée essentielle pour contrer les rumeurs. Les tableaux interactifs, partagés en open data, devraient également servir de base aux chercheurs universitaires pour analyser l’impact des interventions ciblées.