Un début de tournoi sous haute pression
Le calendrier du Championnat d’Afrique des nations 2025, disputé conjointement au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, n’offrait guère de période d’acclimatation. Dans le groupe D, réduit à quatre formations, le Congo a ouvert son parcours le 5 août à Zanzibar face au Soudan, hôte réputé rugueux et discipliné. L’affiche, présentée comme un tournant pour les protégés du sélectionneur Barthélémy Ngatsono, s’est soldée par un partage des points (1-1). À première vue, le résultat rassure. Dans le détail, il révèle l’ampleur du chantier qui attend l’encadrement technique avant le rendez-vous décisif contre le Sénégal, champion en titre.
Une préparation contrariée, héritage de querelles internes
Depuis plusieurs mois, le football congolais traverse des turbulences faites de divergences administratives et de discontinuités dans le championnat national. Les Diables-Rouges, constitués exclusivement de joueurs évoluant dans les clubs locaux comme l’exige le règlement du CHAN, n’ont disputé aucun match amical lors des six dernières semaines. « Nous avons privilégié la cohésion mentale faute de temps pour la cohésion tactique », confie un membre du staff qui requiert l’anonymat. Cette réalité a pesé sur la première demi-heure, marquée par une timidité excessive et une circulation de balle souvent latérale, laissant le champ libre aux Faucons de Jediane soudanais.
Le réveil d’Ekongo et la foi d’un groupe
Dominés dans la possession (54 % en faveur du Soudan), les Congolais ont plié à la 29ᵉ minute sur une frappe limpide de Musa Ali Hussein. Il aura fallu l’entrée de Carly Ekongo, à la 61ᵉ, pour métamorphoser le visage offensif des Diables-Rouges. Le virevoltant ailier du CARA a dynamité le flanc droit avant de trouver la lucarne à la 86ᵉ, déclenchant l’ovation des supporters congolais présents dans le petit stade Amaan. « Nous n’avons jamais douté », affirmera le buteur, sourire crispé, en zone mixte. Les dernières minutes ont même vu un second ballon franchir la ligne soudanaise, finalement annulé pour une sortie de touche jugée millimétrique.
Les chiffres, au-delà de l’émotion
L’analyse froide de la feuille de match nuance les sentiments mitigés. Huit tirs seulement ont été recensés, dont trois côté congolais, mais deux cadrés pour autant d’occasions franches. L’équipe a concédé vingt fautes, signe d’un engagement physique constant qui a permis de contenir l’adversaire sans reculer. L’unique carton jaune reçu rappelle cependant la nécessité de canaliser cette agressivité. Surtout, le ratio d’un corner congolais contre deux pour le Soudan illustre un déficit de percussion sur les ailes, angle que le staff souhaite corriger dès les prochaines séances à Kampala, nouveau camp de base.
Un rendez-vous crucial face aux Lions de la Teranga
Le 14 août, à 15 heures, se dressera le Sénégal, tombeur du Nigeria (1-0) et favori déclaré du groupe. Conscient de l’enjeu, Barthélémy Ngatsono plaide pour « un réalisme clinique » contre une défense sénégalaise rarement prise à défaut. Dans les travées de la Fédération, l’on rappelle que « le gouvernement continue d’accompagner la sélection sur le plan logistique », appuyant un climat de sérénité propice à la performance. Un succès rapprocherait le Congo des quarts de finale, objectif affiché avant la compétition et considéré comme atteignable par la presse spécialisée à Nairobi.
Au-delà du score, une symbolique nationale
À Brazzaville, les supporters ont suivi la rencontre dans les cafés de Poto-Poto et les fan-zones improvisées sur l’avenue de la Paix. Beaucoup y ont vu le miroir des défis traversés par le sport congolais : persévérer malgré les vicissitudes. Le nul de Zanzibar, moins spectaculaire qu’espéré, conserve intact l’espoir d’un parcours notable. Les prochains jours diront si ce premier point fut un simple sursis ou l’amorce d’une dynamique vertueuse. Pour l’heure, les Diables-Rouges ont certes « sauvé les meubles », mais surtout rappelé qu’en football comme dans la vie nationale, aucun élan n’est définitivement brisé tant que subsiste la volonté de se relever.