Départ manqué sous le soleil d’Arusha
À l’issue d’une phase de groupes disputée sous une chaleur lourde à Arusha, les Diables rouges du Congo ont quitté le Championnat d’Afrique des nations 2024 plus tôt que rêvé, victimes d’un groupe D particulièrement serré et d’un réalisme nigérian qui a renversé la hiérarchie.
La contre-performance, la deuxième d’affilée dans le tournoi, interroge sur la préparation sportive du pays, mais elle révèle également une marge de progression intrigante pour une sélection dont la moyenne d’âge est de vingt-quatre ans et qui n’a pas démérité dans le jeu.
Un groupe D impitoyable
Le Sénégal, champion d’Afrique en titre, et le Soudan, porté par la fougue de son championnat local, ont dicté le tempo dès la première journée, ne laissant guère de place à l’approximation, tandis que le Nigeria, blessé dans son orgueil, cherchait à se relancer.
Au terme de trois journées intenses, cinq points ont suffi aux Lions de la Teranga et aux Faucons du Désert pour s’assurer une qualification, illustration d’un tableau où chaque but comptait double et où la différence de buts apparaissait comme un juge implacable.
Un duel décisif face au Nigeria
La rencontre de la dernière journée présentait une équation limpide mais cruelle : vaincre les Super Eagles avec deux buts d’écart. Les coéquipiers de Prince Obongo ont démarré avec conviction, maîtrisant la possession durant plus d’une demi-heure, sans toutefois fissurer la muraille d’Anas Yusuf.
Le tournant surgit à la 56e minute, lorsqu’un contre éclair permit au Nigeria d’ouvrir le score, inversant la pression. Obligés de courir après trois réalisations, les Congolais se découvrirent, concédant un second but en fin de match sur une glissade fatale défensive.
« Nous avons joué avec le cœur, mais le réalisme nous a échappé », glisse l’entraîneur Barthélémy Ngatsono, refusant de pointer un quelconque manque d’engagement. Dans les couloirs d’Arusha, plusieurs analystes saluent toutefois la discipline tactique observée durant soixante minutes.
Regrets et enseignements tactiques
Les deux matches nuls initiaux ont laissé des regrets. Contre le Soudan, un but refusé après consultation de la VAR pour une main millimétrique prive les Congolais d’un succès inaugural. Face au Sénégal, l’égalisation adverse à la 85e minute sanctionne une faute de marquage évitable.
Sur le plan tactique, le staff avait choisi un 4-3-3 modulable, misant sur des transitions rapides. L’organisation a tenu, mais l’efficacité offensive, seulement deux tirs cadrés par match, est restée sous la moyenne du tournoi, évaluée à 4,5 tentatives cadrées selon Opta Africa.
La densité athlétique, souvent louée dans les sélections congolaises, a souffert d’une absence de compétition officielle depuis mars. Plusieurs joueurs étaient sans club ou engagés dans des championnats encore en trêve, d’où une baisse naturelle d’intensité après l’heure de jeu.
L’enjeu de la préparation compétitive
La Fédération congolaise, consciente des défis, avait favorisé un stage bloqué de douze jours à Kintélé, avec deux matches amicaux contre des clubs locaux. Une préparation salutaire mais courte, de l’aveu même du préparateur physique Adrien Massengo, qui estime « quatre semaines idéales ».
Les primes de performance ont également fait débat. Si le montant a finalement été harmonisé avant le premier match, plusieurs cadres reconnaissent que l’incertitude initiale a perturbé la sérénité. Le ministère des Sports promet déjà d’ajuster le dispositif incitatif pour les compétitions futures.
Sur le volet médical, aucune blessure musculaire grave n’a été recensée, preuve d’une gestion scientifique de la charge de travail. À long terme, la fédération envisage un partenariat avec un centre de performance de Pointe-Noire pour mutualiser analyses biomécaniques et données nutritionnelles.
Au plan des infrastructures, la rénovation en cours du stade Massamba-Débat, financée dans le cadre du programme national de modernisation sportive, devrait offrir aux Diables rouges un terrain d’entraînement homologué FIFA dès juin prochain, évitant les déplacements coûteux et favorisant un suivi technique rapproché.
Perspectives avant 2026
L’élimination n’entame pas l’ambition affichée d’atteindre les demi-finales du Chan 2026. Un plan de détection de jeunes talents sera lancé dès octobre, avec des tournées régionales afin d’élargir la base de joueurs locaux et de renforcer la concurrence interne.
Parallèlement, la Confédération africaine de football étudie la création d’une Ligue des nations A’, offrant un calendrier régulier aux sélections composées de joueurs résidant sur le continent. Cette perspective pourrait combler le déficit de matches compétitifs observé cette saison.
En attendant, les supporters retiennent l’image d’une équipe combative, soutenue par une diaspora bruyante depuis les gradins d’Arusha. Le Chan 2024 rappelle que la frontière entre triomphe et sortie précoce reste ténue, mais aussi que l’avenir appartient à ceux qui apprennent vite.
La direction technique nationale mise également sur les académies scolaires, encouragée par le ministère de l’Éducation, pour intégrer le football dans les cursus du secondaire. L’objectif est de détecter précocement des profils polyvalents et de consolider un socle de formation qui profitera aussi bien aux clubs qu’à la sélection.