Brazzaville, nouveau court central du tennis africain
Depuis l’édification du pôle tennis du Complexe sportif de Kintélé, Brazzaville se donne les moyens d’accueillir des compétitions d’envergure. L’ITF World Tennis Tour M25, lancé le 28 juillet pour un cycle de deux semaines, en fournit la démonstration la plus tangible. Près d’une cinquantaine d’athlètes issus de plus de vingt nations ont foulé la terre battue congolaise, rappelant que, bien au-delà du simple exercice sportif, l’organisation d’un tel plateau relève d’une logistique exigeante, savamment coordonnée par la Fédération congolaise de tennis et l’Académie de tennis de Brazzaville.
Une finale au parfum d’Europe, mais une arène bien africaine
La première étape a couronné le Français Florent Max, vainqueur en simple face au Slovaque Artnak Bor. En double, le même Florent Max, associé à son compatriote Paul Inchauspe, a dominé le tandem composé du Sénégalais André Seydina et du Marocain Jadoun Nicolas. Si l’Europe s’est invitée sur la plus haute marche, les tribunes congolaises ont célébré avec enthousiasme la vivacité du jeu, preuve que Brazzaville sait se muer en scène internationale sans renoncer à sa convivialité. Rosine Malanda Thabou, troisième vice-présidente de la Fécoten, a rappelé dans son allocution que « chaque échange sur le court est une leçon enregistrée par la jeunesse congolaise qui, demain, restituera ce savoir-faire ».
Diplomatie par le sport : un filet au-delà des frontières
À l’heure où les États recourent de plus en plus au soft power sportif, l’ITF M25 s’inscrit dans l’arsenal d’outils dont dispose le Congo pour consolider son image d’hôte accueillant et stabilisateur. La présence d’athlètes venus d’horizons aussi divers que la Slovaquie, l’Argentine ou la Côte d’Ivoire confère à l’événement une densité relationnelle précieuse. Les rencontres informelles entre coaches, officiels et observateurs étrangers favorisent l’émergence de passerelles économiques et culturelles, dans le sillage de la diplomatie sportive souhaitée par les autorités nationales. L’un des superviseurs de l’ITF confiait en aparté que « les installations congolaises et la fluidité de l’accueil constituent une agréable surprise pour plusieurs délégations africaines et européennes ».
Cap sur la formation d’une élite tennistique congolaise
Si aucun joueur local ne s’est hissé au stade des demi-finales cette année, le tournoi demeure un laboratoire d’apprentissage grandeur nature. Les entraîneurs de la Fécoten ont multiplié les séances de débriefing avec leurs athlètes, disséquant la stratégie en fond de court de Florent Max ou le service-volée incisif de Paul Inchauspe. Dans les gradins, de jeunes pensionnaires du Centre national d’initiation au tennis prenaient note, raquette posée sur les genoux, des variations de lift observées. « Nos joueurs grandissent et l’expérience se capitalise », assure l’ex-champion congolais Gilles Moudilou, persuadé que la dynamique enclenchée aboutira « à un premier classement ATP digne de ce nom d’ici deux à trois ans ».
Impact économique mesurable malgré une jauge réduite
Les hôtels du centre-ville affichent des taux d’occupation supérieurs de quinze points à la moyenne saisonnière, selon l’Association congolaise de l’hôtellerie, preuve que le tournoi irrigue l’économie locale. Les restaurateurs du quartier Plateau évaluent à près de 20 % l’augmentation de leur chiffre d’affaires sur la première semaine de compétition, illustrant la corrélation entre événementiel sportif et micro-dynamisme urbain. La question du maintien de cet apport dépendra toutefois de la pérennisation du rendez-vous et, à terme, de son passage à une catégorie supérieure du circuit ITF, scénario évoqué par plusieurs partenaires privés présents à Brazzaville.
Perspectives continentales et seconde manche attendue
La seconde phase, prévue du 4 au 10 août, remettra les compteurs à zéro, offrant une nouvelle fenêtre aux outsiders africains. L’Algérien Youcef Rihane, tête de série numéro deux du prochain tableau, entend briser l’hégémonie européenne observée lors de la première semaine. Les organisateurs misent, eux, sur une montée en puissance du public, galvanisé par les premiers succès logistiques. Le ministère en charge des Sports, qui a accompagné l’opération, envisage d’étendre le modèle à d’autres disciplines, à commencer par le basket et l’escrime, confirmant ainsi la place du sport dans l’agenda diplomatique et économique du Congo-Brazzaville.