Une réception symbolique à Brazzaville
Lambris de la chancellerie chinoise, drapeaux croisés et accents de musique traditionnelle ont donné le ton, le 29 septembre, à la réception marquant le 76ᵉ anniversaire de la République populaire de Chine, placée sous le sceau d’une amitié dynamisée.
Face à l’ambassadrice An Qing, la délégation congolaise conduite par Jean-Claude Gakosso a souligné la constance d’une relation débutée en 1964. Autour du chef de la diplomatie, Jean-Jacques Bouya, Gilbert Mokoki, Honoré Sayi et le conseiller spécial Jean Dominique Okemba incarnaient l’engagement gouvernemental.
Devant quelque trois cents invités, représentants d’entreprises, étudiants et partenaires internationaux, l’ambassadrice a rappelé que « la coopération sino-congolaise n’est pas une faveur mais un choix mutuel pour gagner ensemble ». Les applaudissements ont scellé l’esprit de la soirée.
La modernisation chinoise, un modèle cité en exemple
Dans son allocution, An Qing a dressé le bilan économique de son pays : plus de 30 % de la croissance mondiale et 770 millions de personnes sorties de la pauvreté depuis les réformes lancées il y a quarante-cinq ans.
L’ambassadrice a décrit une économie qui « avance avec détermination malgré les turbulences géopolitiques », illustrant le virage vers l’innovation, les énergies propres et le numérique. Selon elle, ces avancées constituent une source d’inspiration pour les pays partenaires, notamment le Congo.
Les responsables congolais ont salué ce succès. « La trajectoire chinoise montre qu’une vision, adossée à la stabilité, peut hisser une nation parmi les premières puissances », a commenté un diplomate congolais, estimant que certaines recettes sont transposables localement.
Une vision partagée après la visite de Denis Sassou Nguesso
La réception intervenait trois mois après la visite d’État du président Denis Sassou Nguesso à Pékin, où il a rencontré son homologue Xi Jinping. Les deux chefs d’État ont alors convenu de bâtir « une communauté d’avenir partagé » fondée sur le multilatéralisme.
An Qing a présenté cette visite comme « un jalon stratégique » qui hisse la relation au-delà de la simple coopération économique vers un dialogue politique structuré, respectueux de la souveraineté et des spécificités de chaque partie.
Le ministre Jean-Claude Gakosso a renchéri en soulignant que l’approche congolaise privilégie les partenariats équilibrés. « Nos deux pays prônent l’ouverture des marchés et s’opposent aux barrières protectionnistes », a-t-il déclaré, rappelant l’importance du Forum sur la coopération sino-africaine.
Le commerce bilatéral s’intensifie
Données à l’appui, l’ambassadrice a révélé que les échanges Congo-Chine ont atteint 4,22 milliards de dollars entre janvier et août, en hausse de 5,8 % sur un an. La Chine confirme ainsi son rang de premier partenaire commercial du Congo.
Les exportations congolaises, dominées par le pétrole et le bois transformé, représentent 3,21 milliards de dollars et progressent de 5,6 %. Côté importations, équipements, produits électroniques et biens de consommation illustrent la diversification de l’offre chinoise sur le marché local.
Analystes et chefs d’entreprise présents estiment que la reprise post-pandémie, combinée à la stabilisation des cours pétroliers, soutient cette dynamique. Certains voient déjà un potentiel dans l’agro-business, les services numériques et l’énergie hydraulique.
Les entreprises chinoises, moteurs des grands travaux
Sur le terrain, la présence chinoise est visible. Routes nationales, ponts, réseaux d’adduction et hôpitaux récemment livrés portent souvent la signature d’entreprises comme China Road & Bridge Corporation ou Sinohydro, saluées pour le respect des calendriers.
Jean-Jacques Bouya, en charge des Grands travaux, a noté que ces réalisations favorisent l’interconnexion des départements et réduisent les coûts logistiques pour les PME congolaises. « Chaque kilomètre de route construit participe à l’intégration nationale », a-t-il souligné.
De son côté, le ministre Gilbert Mokoki a insisté sur la qualité de service exigée. « La lutte contre les antivaleurs inclut le suivi rigoureux des chantiers. Les partenaires chinois l’acceptent volontiers, gage de durabilité pour les investissements publics », a-t-il précisé.
Un accord de partenariat économique attendu
En août, Brazzaville et Pékin ont finalisé la phase technique d’un accord de partenariat économique destiné à instaurer des tarifs douaniers zéro sur une large gamme de produits congolais exportés vers la Chine.
Selon Honoré Sayi, cet accord « ouvrira la voie à une compétitivité renforcée du transport fluvial et maritime, vital pour nos producteurs ». Des ateliers de sensibilisation sont déjà programmés avec les chambres de commerce pour préparer les entreprises locales.
L’ambassadrice An Qing a conclu la soirée en évoquant une prochaine signature officielle. « Notre objectif est simple : transformer les potentialités en résultats palpables pour les citoyens des deux pays », a-t-elle déclaré, avant qu’un feu d’artifice n’illumine le ciel de Brazzaville.