Un projet commémoratif avancé
Au cœur de Brazzaville, la direction du mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza confirme que le buste du sergent Malamine Camara sera installé dans les prochains mois. L’annonce est intervenue à l’issue d’un nouvel entretien tenu entre l’ambassadeur du Sénégal, Ousmane Diop, et la directrice générale du site, Bélinda Ayessa.
Un hommage historique attendu
Malamine Camara, premier chef de poste sur le site devenu Brazzaville, incarne la genèse de la capitale congolaise. Son rôle de protecteur des rives du fleuve Congo, entre 1880 et 1883, reste méconnu du grand public. Le futur buste vise à réhabiliter cette page d’histoire partagée.
La parole de l’ambassadeur
« Nous avançons vers un hommage mérité à un héros africain », a déclaré Ousmane Diop, rappelant que Dakar soutient le projet depuis sa conception. Selon lui, la sculpture symbolisera l’amitié durable entre le Congo et le Sénégal et soulignera la contribution sénégalaise à la naissance de Brazzaville.
L’enthousiasme de la direction
Émue, Bélinda Ayessa salue « un accomplissement culturel majeur ». Pour la responsable, l’initiative complète la mission du mémorial : raconter l’œuvre de Pierre Savorgnan de Brazza tout en éclairant les destins africains qui l’ont accompagnée. Elle juge l’érection du buste « indispensable à la vérité historique ».
Retour sur le parcours de Camara
Né vers 1850 dans le royaume du Cayor, Malamine Camara s’engage dans les tirailleurs sénégalais avant d’être recruté par Savorgnan de Brazza. Envoyé seul avec quelques hommes, il sécurise le poste de l’Équateur, noue des alliances locales et déjoue les ambitions coloniales concurrentes.
Un tandem déterminant
L’historiographie note que sans Camara, l’expédition de Brazza aurait peiné à s’enraciner. Le sergent apporta sa connaissance des langues, sa diplomatie et sa loyauté, permettant au pavillon français de s’établir pacifiquement. Le mémorial entend désormais rappeler cet apport par une œuvre pérenne.
Diplomatie culturelle renforcée
La décision de sceller le projet intervient alors que Brazzaville et Dakar multiplient les échanges artistiques. En 2022, une exposition conjointe sur la musique mandingue avait déjà attiré plus de 10 000 visiteurs. Le buste devrait prolonger cette dynamique d’ouverture entre les deux capitales.
Invitation officielle à Dakar
Pour finaliser le calendrier, les autorités sénégalaises ont convié Bélinda Ayessa à Dakar. Elle y rencontrera les ministères de la Culture et des Forces armées afin d’approuver le modèle définitif de la statue et d’étudier le transport de l’œuvre jusqu’à Brazzaville.
Étapes techniques et artistiques
Le sculpteur pressenti est Cheikh Ndiaye, dont l’atelier de Rufisque a déjà réalisé plusieurs monuments militaires. La pièce en bronze mesurera un mètre quatre-vingt, reposera sur un socle en pierre locale et s’insérera dans l’allée centrale du mémorial, face au fleuve Congo.
Financement partagé
Le coût global, estimé à cinquante-cinq millions de francs CFA, sera couvert à parts égales par les ministères sénégalais de la Culture et des Affaires étrangères, ainsi que par le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza. Un comité mixte supervisera l’usage des fonds jusqu’à l’inauguration.
Un impact touristique espéré
Les responsables du mémorial prévoient une hausse de fréquentation de 20 % la première année suivant l’installation. Brazzaville mise sur cet attrait pour dynamiser l’économie locale : hôtellerie, artisanat et transports fluviaux pourraient bénéficier de la curiosité autour de la nouvelle statue.
Réactions des historiens
Le professeur Albert Sita, spécialiste de l’Afrique équatoriale, voit dans l’initiative « la reconnaissance d’une mémoire plurielle ». Il rappelle que le récit national se nourrit de rencontres et salue « la décision courageuse de présenter un visage plus complet de la colonisation ».
Échos sur les réseaux
Depuis l’annonce, les hashtags #MalamineCamara et #BrazzaHeritage circulent sur Twitter. Les internautes congolais applaudissent une valorisation « heureuse » de l’histoire, tandis que des étudiants sénégalais évoquent « une fierté partagée ». Les commentaires restent majoritairement favorables au projet.
Un mémorial en évolution
Inauguré en 2006, le mémorial ne cesse d’enrichir son parcours muséographique. Après la rénovation des jardins en 2021 et l’arrivée de bornes interactives l’an dernier, l’érection du buste confirme la volonté de moderniser l’offre culturelle brazzavilloise pour un public jeune et connecté.
Calendrier prévisionnel
Si le moulage commence en août, le transfert du buste pourrait intervenir avant la fin de l’année, sous escorte conjointe des marines sénégalaise et congolaise. Les organisateurs envisagent une cérémonie d’inauguration en présence de délégations officielles et de descendants de Malamine Camara.
Valeur symbolique
Au-delà de la statue, les deux pays célèbrent un message : l’Afrique participe activement à l’écriture de son histoire. Le buste rappellera que derrière chaque expédition, des soldats, interprètes et négociateurs africains ont joué un rôle déterminant dans la construction des villes et des nations.
Perspectives
Selon Ousmane Diop, d’autres collaborations pourraient suivre, notamment un colloque universitaire sur les figures africaines des explorations du XIXᵉ siècle. Bélinda Ayessa conclut : « Nous voulons que le mémorial devienne une plateforme où nos peuples se souviennent et se projettent résolument vers l’avenir ».