Une ambition de formation nationale
La Société nationale des pétroles du Congo, bras énergétique de l’État, vient d’annoncer l’attribution de dix-neuf bourses intégrales en génie pétrolier à de jeunes bacheliers congolais. L’initiative, renouvelée chaque année depuis 2018, vise à renforcer les compétences locales dans une filière stratégique.
Cette nouvelle vague présente un signe encourageant pour une jeunesse avide d’opportunités et pour le gouvernement, qui concentre ses efforts sur la diversification des talents au service de l’économie nationale, tout en poursuivant ses objectifs de contenu local dans l’industrie des hydrocarbures.
Critères de sélection rigoureux
Selon le directeur général Maixent Raoul Ominga, la sélection repose exclusivement sur le mérite académique. Les dossiers des candidats ont été examinés à partir de leurs notes finales au baccalauréat, puis classés par ordre décroissant avant la validation finale par un comité interne indépendant.
Sur les dix-neuf lauréats, sept sont des femmes, soit un taux de 37 %. Pour l’entreprise publique, ce ratio démontre les progrès réalisés en matière de promotion des carrières scientifiques féminines, encore minoritaires dans l’ingénierie pétrolière au Congo et dans le monde.
Cinq ans d’études à l’étranger
Les étudiants seront répartis entre deux pôles de référence. Treize rejoindront l’Institut algérien du pétrole de Boumerdès, tandis que six intégreront l’Université des hydrocarbures de Bakou, en Azerbaïdjan, réputée pour son expertise dans l’offshore et la pétrochimie avancée.
Le cursus s’étend sur dix semestres, mêlant fondamentaux théoriques et stages sur plateformes. La SNPC a déjà réglé l’ensemble des frais de scolarité, de logement, de restauration et d’assurance santé, afin que les boursiers se consacrent exclusivement à leurs apprentissages.
Un pari pour l’avenir énergétique congolais
Chaque année, le Congo produit environ 300 000 barils de brut par jour. Toutefois, moins de 10 % des ingénieurs impliqués dans les gisements offshore sont actuellement originaires du pays, selon les estimations de la Société panafricaine des ingénieurs pétroliers.
En finançant la formation locale à l’international, la SNPC entend réduire ce déficit et accroître la valeur ajoutée nationale. « Chaque technicien congolais inséré dans notre écosystème représente une économie d’importation de compétences et un renforcement de la souveraineté énergétique », souligne un cadre du ministère des Hydrocarbures.
Témoignages de lauréats motivés
Avant son départ pour Boumerdès, Grâce Mbemba, 18 ans, confie vouloir « revenir diriger un site de production à Pointe-Noire ». La jeune diplômée du lycée Savorgnan de Brazza se dit inspirée par les politiques actuelles qui encouragent l’entrepreneuriat féminin dans les secteurs techniques.
Même enthousiasme chez Junior Kimbembé, futur inscrit à Bakou. « La SNPC nous offre une chance inespérée. À notre retour, nous transmettrons nos connaissances aux promotions suivantes et participerons à l’essor des raffineries locales », explique-t-il, sourire discret mais détermination visible.
Vers un programme élargi
La direction de la SNPC indique être en discussion avancée avec des universités d’Indonésie, du Canada et des Émirats arabes unis pour de futurs partenariats. L’objectif est d’offrir au moins trente bourses par an d’ici 2026, en couvrant d’autres spécialités énergétiques émergentes.
Au-delà des chiffres, l’entreprise publique souhaite instaurer un réseau d’anciens élèves capable d’accompagner la transition énergétique du Congo, notamment le développement du gaz domestique et des carburants propres. Les lauréats 2023 seront les premiers maillons de cette communauté.
Un accompagnement financier sécurisé
Outre la prise en charge principale, chaque boursier recevra une allocation mensuelle équivalente à 300 euros pour ses dépenses personnelles. Ce montant tient compte du coût de la vie dans les deux pays partenaires et sera versé directement sur un compte bancaire ouvert à leur arrivée.
La SNPC a également négocié des contrats d’assurance rapatriement et responsabilité civile, ainsi qu’un billet d’avion annuel aller-retour pendant toute la durée des études. Le suivi administratif des dossiers sera assuré par le service formation de la compagnie, via une plateforme numérique dédiée.
Impact social et académique attendu
Les spécialistes de l’éducation supérieure rappellent que les retombées d’une telle bourse dépassent le parcours individuel. Chaque étudiant formé à l’étranger crée un effet multiplicateur au retour, en alimentant les laboratoires universitaires, les lycées techniques et les programmes de vulgarisation scientifique communautaire.
Selon une étude de l’université Marien-Ngouabi, un ingénieur diplômé multiplie par quatre ses revenus moyens, soutenant financièrement une dizaine de proches. L’initiative de la SNPC s’inscrit donc également comme un levier de réduction de la pauvreté et de stimulation de la classe moyenne urbaine.
Un programme qui gagne en maturité
L’idée de financer des études pétrolières à l’international est née durant le Forum Congo Oil & Gas 2017. L’année suivante, dix bourses pilotes avaient été attribuées, principalement au Maroc. Depuis, 67 jeunes ont rejoint les rangs des opérateurs nationaux ou créé leurs propres cabinets de conseil.
Pour l’édition actuelle, le budget atteint un milliard deux cents millions de francs CFA, soit une hausse de quinze pour cent par rapport à l’an dernier. Soixante-sept pour cent de cette enveloppe couvrent les frais universitaires, le solde finance l’hébergement, la mobilité et le tutorat.
Calendrier immédiat
Les lauréats s’envoleront entre le 25 et le 30 septembre, après une cérémonie officielle d’au revoir prévue au siège de la SNPC à Brazzaville.