Serment pastoral à Bouansa
Bouansa a vécu, le 31 août, une atmosphère de recueillement lorsque trente-quatre pasteurs stagiaires de l’Institut de formation pastorale de Ngouedi ont solennellement prêté serment au temple de l’Église évangélique du Congo, devant fidèles, autorités locales et corps pastoral.
Cette prestation marque la fin officielle de leur cycle académique 2022-2025 et ouvre la phase d’envoi en consistoire, étape durant laquelle chacun sera affecté dans une paroisse afin d’exercer un ministère inspiré d’amour, de discipline et de service communautaire.
La cérémonie, placée sous le thème biblique « Enseignez-leur à observer tout ce que je vous ai prescrit », a été dirigée par les membres du bureau synodal, garants du respect des textes canoniques de l’Eec et du cadre éthique de la formation.
En première ligne, la pasteure Makola, coordonnatrice de l’événement, a rappelé qu’« un serviteur de Dieu est semblable à un soldat prêt à défendre son Église », encourageant les nouveaux consacrés à demeurer vigilants face aux défis spirituels et socio-économiques du terrain.
Un engagement au service des fidèles
Le serment prononcé engage chaque pasteur à prêcher, baptiser, visiter les malades et promouvoir la paix au sein des communautés, fonctions d’autant plus cruciales que la Bouenza, à l’instar d’autres départements, connaît une croissance démographique et un besoin accru d’encadrement social.
Selon le révérend Mouyabi, membre du bureau synodal, « l’Église évangélique du Congo reste un partenaire de l’État dans la consolidation de la cohésion nationale », un rappel de la complémentarité entre institutions religieuses et programmes publics d’appui à la jeunesse.
Les pasteurs fraichement assermentés devront également développer des activités génératrices de revenus pour leurs paroisses, un axe jugé stratégique par la coordonnatrice, afin de réduire la dépendance financière et soutenir des initiatives de santé ou d’alphabétisation portées par les fidèles.
À Bouansa, plusieurs croyants saluent déjà la perspective d’une nouvelle dynamique paroissiale. « Nous espérons un accompagnement spirituel régulier et des projets pour nos jeunes », confie Mireille Mabounda, commerçante de trente ans, dont le témoignage reflète les attentes d’une génération tournée vers l’entreprenariat.
La présence remarquée des commissaires de police de Kinkala et de Madingou, invités d’honneur, a souligné le lien de confiance entre l’Eec et les forces de sécurité, souvent mobilisées pour accompagner les déplacements des pasteurs dans les zones enclavées ou soutenir des campagnes de sensibilisation civique.
Un cursus exigeant à l’Ifpn
Implanté à Ngouedi, l’Ifpn est reconnu pour son programme combinant théologie, pédagogie et gestion de projet. Les stagiaires suivent trois années de cours magistraux, de stages en milieu rural et d’évaluations pratiques centrées sur la conduite liturgique et la médiation communautaire.
Sur les trente-neuf étudiants initialement inscrits, l’établissement a déploré un décès, enregistré un cas de maladie longue durée et prononcé trois révocations pour indiscipline, un bilan que la direction qualifie de « rappel à l’exigence du ministère ».
L’évaluation finale repose sur l’aptitude à analyser un texte biblique, à proposer un plan de sermon contextualisé et à animer un atelier social. « Nous voulons des pasteurs capables de dialoguer avec les réalités économiques locales », précise le professeur Ngatsé, responsable pédagogique.
La dimension citoyenne du cursus inclut des modules sur la prévention des conflits, l’écoute des victimes de violence et la sensibilisation à l’environnement, renforçant ainsi la contribution des futurs pasteurs aux objectifs nationaux de développement durable et de stabilité sociale.
Outre les cours, un accent particulier est mis sur la santé mentale des étudiants. Des séances de conseils spirituels et de gestion du stress sont proposées chaque semaine, initiative née après les confinements sanitaires afin de prévenir le décrochage et renforcer la résilience des futurs responsables religieux.
Perspectives pour les communautés locales
Après leur envoi, les nouveaux pasteurs travailleront sous l’autorité de leur consistoire mais en lien étroit avec les administrations de district, notamment pour l’état civil, la santé maternelle et les campagnes d’éducation civique, domaines où l’Église propose souvent une logistique complémentaire.
Dans un contexte marqué par la recherche d’emplois décents, certains pasteurs envisagent de créer des coopératives agricoles ou des groupements d’épargne afin de soutenir les ménages. L’objectif, disent-ils, est d’« ancrer l’Évangile dans une réponse concrète aux besoins matériels ».
Les partenaires internationaux de l’Eec, notamment des ONG allemandes, se sont déjà dits disposés à financer des micro-projets portés par la promotion 2025, preuve du rayonnement que peut offrir une formation théologique structurée autour du développement local.
Au-delà de la Bouenza, les consistoires urbains de Pointe-Noire et de Brazzaville attendent aussi ces pasteurs formés à la communication numérique, aptes à utiliser les réseaux sociaux pour diffuser des messages de prévention et renforcer la visibilité des initiatives communautaires.
Le bureau synodal prévoit d’organiser, d’ici à la fin de l’année, un séminaire de suivi pour évaluer l’insertion de la nouvelle vague dans les paroisses et partager les meilleurs retours d’expérience, un dispositif qui devrait consolider cette dynamique d’église au service de la nation.