Des résultats 2025 en nette hausse
Le ministère de l’Enseignement préscolaire, primaire, secondaire et de l’Alphabétisation a annoncé un taux de réussite de 68,10 % au BEPC 2025, soit 84 111 admis sur 123 515 candidats, confirmant une progression continue depuis cinq sessions consécutives.
Le précédent record, établi à 65,42 % en 2024, est donc dépassé. Pour le ministre Jean Luc Mouthou, « ce bond illustre un effort collectif important, mais il rappelle à chacun que l’excellence reste la véritable boussole du système congolais ».
La publication intervient à la veille de la fête nationale du 15 août, donnant un relief symbolique à la performance académique. Les autorités y voient le signe d’une jeunesse prête à porter les objectifs de développement prévus par la Stratégie nationale.
Cartographie des performances départementales
La Sangha occupe la première place avec 78,09 %. Suivent les Plateaux à 77,40 % et la Cuvette à 75,81 %. Les douze départements montrent tous un taux supérieur à 64 %, témoignant d’un socle de compétences plus homogène qu’en 2020.
Brazzaville affiche 69,26 %, consolidant son rôle de pôle éducatif national. Pointe-Noire, deuxième agglomération du pays, atteint 65,28 %. Les écarts s’expliquent par la densité démographique et la pression sur les infrastructures, selon plusieurs inspecteurs rencontrés dans les centres d’examen.
À l’étranger, le centre de Chine réalise un parfait 100 % tandis que Cabinda, en Angola, frôle la perfection avec 99,26 %. Ces résultats révèlent l’adhésion de la diaspora aux standards congolais et la qualité de l’encadrement administratif détaché.
Le ministère prévoit une mission d’appui dans les départements en dessous de 66 %. « Nous irons sur le terrain pour observer les pratiques gagnantes des meilleurs centres et les partager », annonce Albert Mabiala, directeur des Examens et Concours.
Investissements et réformes pédagogiques
Depuis 2021, le gouvernement a réhabilité plus de 900 salles de classe, équipé 18 laboratoires scientifiques et multiplié les formations continues pour 4 500 enseignants. Ces chantiers répondent aux orientations du Plan national de développement 2022-2026 axé sur le capital humain.
L’introduction du numérique éducatif, avec 12 000 tablettes distribuées dans les collèges pilotes, commence à porter ses fruits. Les taux de présence en classe et de remise des devoirs en ligne ont progressé de dix points, selon les rapports de suivi.
Le programme Écoles propres, lancé avec le ministère de la Santé, a réduit de 23 % les absences pour maladies courantes. « Un environnement sain accroît la réceptivité des apprenants », résume le pédiatre Cyrille Mavoungou, membre de la campagne.
Du côté des contenus, la révision des curricula privilégie les compétences en sciences, technologie, ingénierie et mathématiques, tout en renforçant l’enseignement du civisme. Cette double orientation vise à préparer les élèves aux défis économiques et à promouvoir la cohésion nationale.
Regards croisés d’élèves et d’enseignants
Dans le quartier Moukondo, Yveline, 15 ans, raconte avoir consacré deux heures quotidiennes à la plateforme d’exercices en ligne. « Les corrections instantanées m’ont aidée à comprendre mes erreurs sans attendre la reprise en classe ».
Son professeur de mathématiques, Edmond Akomo, observe une meilleure interaction. « Les élèves posent plus de questions ciblées, preuve qu’ils consultent les ressources numériques chez eux », déclare-t-il, tout en plaidant pour une amélioration du débit internet dans certains établissements.
À Ouesso, la proviseure Pauline Mamba insiste sur la formation continue. Trente-deux enseignants de son collège ont suivi en 2024 un stage sur l’évaluation par compétences. « Ces nouvelles grilles rendent le processus plus transparent pour les familles », estime-t-elle.
Les parents d’élèves, réunis dans plusieurs associations, saluent la disponibilité accrue des relevés de notes numériques. Toutefois, ils expriment l’attente d’un maillage plus serré en cantines scolaires pour soutenir la concentration, sujet déjà inscrit à l’agenda budgétaire 2026.
Vers une excellence inclusive et durable
Pour consolider les acquis, le ministère projette d’étendre les classes à effectifs réduits, actuellement expérimentées dans six collèges ruraux. Les premiers rapports montrent une amélioration de 12 points en compréhension écrite lorsque la classe compte moins de trente élèves.
La coopération bilatérale avec le Programme des Nations unies pour le développement doit financer, dès janvier, un fonds d’innovation pédagogique de deux milliards de francs CFA, orienté vers la robotique éducative et les sciences de la vie.
A plus long terme, le gouvernement ambitionne un taux de réussite de 75 % d’ici 2030. La feuille de route inclut la modernisation du lycée technique de Pointe-Noire et la création de pôles scientifiques régionaux connectés aux universités publiques.
Les experts soulignent enfin la nécessité de maintenir l’équité filles-garçons. Cette année, l’écart n’est que de 1,4 point en faveur des garçons. Une campagne de mentorat féminin, pilotée par l’UNESCO, sera relancée avant la rentrée 2026-2027.
En capitalisant sur ces initiatives, l’école congolaise espère transformer le bond qualitatif en véritable tradition d’excellence. Le message diffusé à la veille du 15 août sonne comme un appel collectif : élever chaque élève pour hisser durablement la Nation.