Un final de saison haletant à Brazzaville
Le gymnase Maxime-Mantsima a vécu une fin d’août électrique. Tribunes combles, klaxons improvisés et chants des supporters ont signé l’épilogue de la saison 2024-2025. En l’espace de deux jours, la quatorzième Coupe du Congo a offert un spectacle dont se souviendra longtemps le public brazzavillois.
Les fans avaient encore en mémoire les 41es championnats nationaux, achevés quarante-huit heures plus tôt. Voir les mêmes protagonistes se retrouver en finale a ajouté une dimension de revanche immédiate. Au coup de sifflet initial, chaque camp mesurait l’importance de marquer définitivement son territoire sportif.
Interclub, la machine masculine
Le duel Interclub-AS Otohô a suivi le même scénario que lors du championnat. Pression défensive haute, jeu de transition rapide et adresse extérieure ont permis aux protégés du coach Rodrigue Ibata de s’imposer 73-63. « Nous ne voulions rien laisser au hasard », confie le meneur Cédric Ngatsé.
Interclub boucle donc la saison avec un bilan quasi parfait. Sur dix-huit rencontres officielles, le club militaire n’a concédé qu’une défaite. Cette régularité impressionne les observateurs, d’autant que les rotations ont souvent été décisives. Les suppléants ont apporté vingt-cinq points dans la finale, signe d’un banc profond.
Au-delà des chiffres, la formation brazzavilloise incarne un style moderne, basé sur la vitesse et le tir longue distance. Le staff technique revendique l’influence des championnats espagnol et nigérian. « Notre objectif est d’exporter nos joueurs vers les ligues africaines majeures », assure le directeur sportif Jean-Marc Loukaka.
ANBC, nouveau visage du basket féminin
Chez les dames, Ange Noirs Basket Club a confirmé son sens du timing. Poussées par leur capitaine Mireille Oba, les Anges ont dominé Interclub 52-45 grâce à une défense de zone compacte et des contre-attaques éclaires. « Nous savions qu’il fallait limiter les secondes chances adverses », explique la technicienne Nadège Koumba.
L’équipe fondée en 2019 affiche une progression fulgurante. En cinq ans, elle passe de la troisième division aux sommets nationaux. Son président, Léon Morel, évoque un projet basé sur la formation et l’encadrement médical. Sur les douze joueuses alignées, huit proviennent du centre de formation du club.
La réussite d’ANBC rejaillit sur le basket féminin congolais. Les sections jeunes enregistrent une hausse de licences de 18 % cette saison, selon les chiffres préliminaires de la Fédération. Plusieurs sponsors locaux ont déjà annoncé le maintien, voire la hausse, de leur soutien pour le prochain exercice.
Organisation : la Fecobask fait ses preuves
Enchaîner championnat et Coupe en moins d’une semaine constituait un défi logistique. La Fédération congolaise de basketball, présidée depuis janvier par Fabrice Makaya Matève, a misé sur une cellule opérationnelle dédiée aux compétitions majeures. « Nous avons travaillé jour et nuit », résume le secrétaire général Adonis Mahoungou.
Les délégations de Pointe-Noire, notamment Black-Lion et AS Cheminots, saluent une prise en charge améliorée. Hébergement, transport et séances d’entraînement ont été planifiés sans retard. « La fédération montre qu’elle veut professionnaliser nos tournois », souligne le coach ponténégrin Alain Mboulou.
Cette montée en gamme se lit aussi dans la dotation financière. Les vainqueurs ont reçu des enveloppes plus conséquentes que les années précédentes, renforçant l’attractivité de la compétition. Plusieurs entreprises de télécommunication auraient déjà émis le souhait d’entrer dans le pool des partenaires dès 2025.
Public et enjeux économiques
Le succès populaire de la Coupe du Congo témoigne d’une passion intacte pour la balle orange. Selon les estimations du comité d’organisation, près de 4 500 spectateurs ont franchi les tourniquets sur l’ensemble du week-end, un record pour le site de Maxime-Mantsima.
Cette affluence se traduit aussi par un impact économique direct. Les vendeurs ambulants, conducteurs de taxi et hôtels environnants ont noté une hausse de fréquentation significative. « Pendant trois jours, nos chambres étaient complètes », indique le gérant d’un établissement voisin.
À moyen terme, la fédération envisage de structurer davantage la billetterie afin de sécuriser les recettes et d’investir dans la formation des arbitres. La création d’un pass saisonnier, déjà testé à titre pilote, pourrait devenir la norme dès la saison prochaine.
Perspectives pour 2025
Les regards se tournent désormais vers les compétitions inter-clubs de la zone IV de FIBA Afrique. Interclub et ANBC affirment leur intention de représenter la République du Congo avec ambition. « L’objectif est d’atteindre le Final Four », avance confiant le président d’Interclub, colonel Damien Ngalula.
La fédération, de son côté, planifie un séminaire sur la performance sportive et la gouvernance. Destiné aux entraîneurs et dirigeants, il vise à homogénéiser les méthodes de travail. Les clubs de Pointe-Noire réclament également la modernisation de leurs infrastructures pour rivaliser à armes égales.
Enfin, les joueurs espèrent voir naître une ligue semi-professionnelle. Plusieurs parlementaires ont déjà évoqué un projet de loi favorisant le statut d’athlète de haut niveau. Si le texte est adopté, il pourrait changer la donne pour toute une génération de basketteurs congolais.