L’édition 2023 consacre deux géants
Le parquet du gymnase Maxime Matsima s’est encore embrasé. Après dix jours de compétition dense, Inter Club chez les hommes et Anges Noirs chez les femmes ont raflé les couronnes nationales de la 41ᵉ édition, scellant un cru riche en émotions et en enseignements.
Organisée sous l’égide de la Fédération congolaise de basket-ball, la manifestation a mobilisé quatorze formations issues de Brazzaville, Pointe-Noire, Owando et Oyo, illustrant le maillage grandissant du sport dans tout le pays et l’intérêt renouvelé du public pour la discipline.
Une finale masculine haletante
Le duel attendu entre Inter Club et l’AS Otoho n’a déçu personne. Portés par la vista du meneur Junior Ikouebé, les policiers ont construit leur succès sur une défense agressive, avant de s’échapper dans le dernier quart pour s’imposer 66 à 56.
« Nous avions analysé leurs points forts et décidé de couper les lignes de passe à l’intérieur », explique l’entraîneur Blaise Makanda, sourire encore crispé par la tension. L’approche a payé, limitant Otoho à 35 % de réussite, selon les statistiques fédérales.
Les dames d’Anges Noirs s’imposent
Chez les dames, Anges Noirs a pris sa revanche sur Inter Club, champion sortant, grâce à une défense de zone hermétique et aux 18 points d’Élodie Okemba. Le score final, 41-31, reflète un match stratégique où chaque possession a compté.
La capitaine Christelle Nguimbi résume la soirée : « Nous voulions prouver que notre collectif avait mûri. Ce titre réaffirme la place d’Anges Noirs dans l’élite ». Les applaudissements nourris d’un millier de spectateurs ont validé ce sentiment.
La relève junior se signale
En ouverture des finales seniors, l’AS Otoho a dominé Black Lion 64-36 chez les juniors, grâce à l’activité de la pépite Malonga Désiré, 17 ans. Ce résultat rappelle que le vivier provincial n’a jamais été aussi dense.
Le président de la commission technique, Arsène Makaya, se montre enthousiaste : « Si nous entretenons ces talents avec un calendrier régulier, l’équipe nationale U18 pourra viser le dernier carré aux championnats d’Afrique ». Ses propos traduisent l’ambition fédérale de construire sur la durée.
Un public conquis au gymnase Maxime Matsima
Tout au long de la semaine, les tribunes fraîchement rénovées ont affiché complet. Des étudiants, des familles, mais aussi d’anciens internationaux, sont venus palpiter au rythme des cross et des tirs en suspension, signe d’une passion populaire intacte malgré deux saisons perturbées par la pandémie.
Le retour de la sono et des animations entre les quart-temps, financés par un partenariat avec une marque de téléphonie, a accentué l’ambiance. Dans les couloirs, les vendeuses de jus de bissap ont écoulé leurs stocks avant la mi-temps, preuve d’un engouement aux répercussions économiques locales.
Le soutien institutionnel renforce la dynamique
Présent lors de la remise des trophées, le ministre des Sports Hugues Ngouélondélé a salué « une organisation exemplaire qui montre le sérieux de notre fédération ». Il a rappelé l’engagement gouvernemental dans la rénovation des infrastructures et l’accompagnement des clubs à travers le Fonds national pour le sport.
Son collègue des Postes et Télécommunications, Léon Juste Ibombo, a insisté sur la valeur citoyenne du basket : « Discipline rythmée, elle canalise l’énergie de la jeunesse urbaine ». La fédération a profité de sa présence pour signer un accord de diffusion en streaming sur la plate-forme publique Digital Congo.
Formation et enjeux économiques
Derrière la fête sportive, plusieurs dirigeants soulignent le coût croissant d’une saison. Entre déplacements interurbains, hébergements et frais médicaux, un club de première division investit en moyenne vingt-cinq millions de francs CFA. Les sponsors privés couvrent à peine la moitié de cette somme, d’après une enquête interne.
Pour sécuriser les budgets, la fédération développe un programme de naming qui associerait les grosses affiches du samedi soir à des entreprises minières et agroalimentaires. « La visibilité d’un match diffusé en direct intéresse de plus en plus d’annonceurs », avance le directeur marketing, Florent Massamba.
Une partie des recettes attendues soutiendrait la création d’un centre national de formation à Kintélé. Le projet inclut des dortoirs, des salles de musculation et un laboratoire de performance, afin de retenir les meilleurs jeunes sur le territoire plutôt que de les voir partir précocement.
L’arbitrage gagne en professionnalisme
Huit arbitres, dont deux femmes, ont obtenu leur badge FIBA à l’issue d’un séminaire organisé en marge des finales. Leur responsable, Guy Lihau, insiste : « Un arbitrage crédible protège l’intégrité du jeu et attire les investisseurs ». Les officiels bénéficieront désormais de kits de communication instantanée.
Perspectives pour la saison prochaine
Inter Club vise désormais une participation réussie à la Coupe d’Afrique des clubs champions. Le coach Makanda souligne la nécessité d’un sparring régulier face aux formations de Pointe-Noire et Kinshasa afin d’élever le niveau physique avant la joute continentale.
Du côté d’Anges Noirs, les dirigeants annoncent un recrutement ciblé à l’aile et un camp d’entraînement à Ouesso pour profiter d’un climat plus frais. « Nous voulons doubler chaque poste, car l’exigence internationale est supérieure », confie la présidente Mireille Mayenga, confiante dans l’adhésion des sponsors.
La fédération, pour sa part, table sur une reprise avancée du championnat 2024 en janvier. L’objectif est de dégager des fenêtres pour un tournoi zonal CEMAC au printemps, ce qui offrirait aux clubs un volume de rencontres plus compétitif et de nouvelles recettes billetterie.